lundi 23 février 2015

NIGERIA: La "terre promise" du général Bonne Chance n'est plus très loin.

Le Nigeria, béni par Dame Nature et qui de ce fait, devrait être plus puissant que bon nombre de pays sur cette terre, est entré ce 14 janvier 2015 en campagne pour l'élection présidentielle. Eh oui! On aime tellement ces histoires d'élection trompe-l'oeil sous nos tropiques. 


Pour la première fois depuis 2 ans, Ebélé Jonathan qui est aussi Goodluck (Bonne chance, en français) s'est immédiatement rendu, dès l'ouverture de ladite campagne, au Nord du territoire. Arrivé à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno et "fief historique" de Boko Haram, accompagné notamment par le chef d'Etat major des armées, Alex Badeh, et escorté par environ 200 soldats, Monsieur Bonne Chance lance aux déplacés de Baga rasé il y a une dizaine de jours par Boko Haram: "Bientôt vous rentrerez chez vous!". Belle promesse électorale dont on aurait ri à gorge déployée s'il n'y avait pas ici tant de vies humaines en souffrance. 

Boko Haram qui, le 7 janvier dernier, ravagea le coin a détruit littéralement plus de 3 750 bâtiments, 650 à Baga et 3 100 à Doron Baga. Doron Gowo où loge la base de la fameuse Force multinationale (MNJTF comprenant des soldats tchadiens, nigériens et nigérians) est la plus touchée. 57 % de son territoire étant détruit. 

2000 personnes seraient tuées par Boko Haram. Avec un courage retentissant, l’armée nigériane conteste ce chiffre qu’elle qualifie de « sensationnel » et déclare qu’il n’y avait que 150 morts. 16 localités ont été brûlées et 20 000 personnes ont dû fuir la région. C'est devant ces sinistrés que notre Général Bonne Chance s'est rendu pour leur dire que bientôt ils retourneront chez eux. Pour un territoire qui se bombe le torse en se flattant d'être une "puissance", (car, il faut savoir ce qu'est vraiment une puissance pour que celle-ci en soit une!), on peut se dire qu'au moins la nuit le Nigeria brille, qu'il y a de grandes avenues là-bas, de grands immeubles...et que, c'est par envie et jalousie, les Occidentaux et leurs suppôts africains "aliénés" refusent de montrer ces belles images de "notre" puissance, 1ère économie d'Afrique, où il ne manque que peu de choses pour que certains "fiers africains de nos réussites jalousées" disent que Tout va très bien Madame La Marquise.

Si les enclos coloniaux que beaucoup affublent, par mimétisme de vocabulaire, du titre d'Etats en Afrique l'étaient réellement, alors on ne se contenterait pas de poser des questions comme qui a créé Boko Haram, qui les arme, ni de tenir une comptabilité macabre au jour le jour en guise d'argument pour fonder une plate concurrence victimaire. Mais on demanderait aux dirigeants en place comment il se fait que des groupes comme Boko Haram puissent naître dans un territoire qu'ils prétendent diriger et surtout comment est-ce possible que le fameux État qu'ils prétendent incarner n'arrive pas à protéger la vie et les biens des populations livrées à la merci des groupes du genre. Et là on aurait établi la responsabilité, disons plutôt l'irresponsabilité, de ces États et obtenir au minimum la démission des gouvernements ou tout au moins celle de ceux qui sont en charge de la Sécurité et de la Défense nationales. Puisque l'un des attributs fondamentaux de l'Etat est la protection de la vie de ses populations où qu'elles soient. Comme on n'a pas là des États, de telles questions rarement posées.

15 janvier 2015


Komla KPOGLI

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