mercredi 30 mai 2012

CES PHARAONS CULTIVATEURS DE CAFE ET DE CACAO.




Qui peut avoir de la considération pour des pharaons déchus, des rois et des princes déchus et des "inventeurs" déchus qui veulent faire l'histoire non pas pour éclairer le présent et pour tracer les sillons d'un nouvel avenir, mais pour le passé et pour se satisfaire de ce passé? Des pharaons vaincus, dominés, ridiculisés et qui trimbalent les maux les plus éculés ont-ils de quoi sauter en l'air pour ce qu'ils ont été? La découverte de ce passé glorieux pharaonique devrait susciter, après l'identification des causes de la décadence, larmes, colère, hargne, décision de retrouver la dignité perdue et mise sur pied de structures efficaces de lutte. Nous voici plutôt comblés de découvrir après lecture de quelques livres et visionnage de quelques documentaires, dans notre nudité, dans notre impuissance d'aujourd'hui, de la grandeur du passé. Or, 1ers producteurs de cacao, 1ers producteurs de cacao! On s'en vante, comme si rester métayers pour les autres et leur fournir des matières premières pour le chocolat, pour leur café moulu et pour leurs réussites industrielles servait à quelque chose.

Ainsi donc, il y a toujours des descendants de pharaons qui déclarent que leurs territoires est 1er producteur mondial de cacao, de café, de banane et quoi encore? Et qui sont fiers de l'être. Ils entendent même combattre farouchement tout autre pays souhaitant compétir sur leur domaine réservé de production de banane, de café-cacao…de matières premières. Avec une économie cacaoyère, caféière, alimentée par la force musculaire revigorée au paracétamol frelaté qui peut nous respecter? Etre là, à cultiver avec ardeur des produits coloniaux d'exportation (avec l'aide du FMI et de la BM), au détriment des produits vivriers de moindre qualité importés, qui peut nous respecter?

Quel respect pour un peuple dont les enfants errent en quête de miettes alors qu'il a les terres les plus fertiles au monde, du soleil, des cours d'eaux intarissables et qui a une économie qui fonctionne au lampion et au générateur électrogène importé d'ailleurs? Quel respect pour un peuple qui a abandonné sa culture pour un mimétisme bovin et illusoire des autres? Un peuple soumis par la France notamment, un pays pourtant battu si souvent par les autres nations européennes dans leurs différentes guerres fratricides?
Qui peut avoir du respect pour les enfants d'un peuple qui a abandonné son territoire entre les mains de la racaille africaine constituée de dirigeants assassins et kleptocrates élévés par des parrains "blancs" génocidaires? Quel respect peut-on avoir pour un peuple qui a perdu le contrôle de son espace depuis bientôt 3000 ans et qui n’a relevé aucun des défis auxquels il fait face depuis lors? Quel respect pour un peuple qui est là, en haillons mais cultivant du coton pour habiller ses maîtres? Cultiver du cacao pour du chocolat, du café, de la banane, des fleurs, du thé pour le bonheur de ses maîtres? Quel respect pour un peuple dont de nombreux enfants dansent et chantent pour leurs maîtres?

Ces pharaons, mieux, ces descendants de pharaons ne peuvent qu'être ridiculisés dans leur satisfaction passéiste, car ils baignent dans l'illusion d’une grandeur qui est perdue. Ils ont été passés dans les fers esclavagistes et aujourd'hui, ils nagent dans un bas-fond colonial qu'ils comprennent à peine. Beaucoup n'envisageant pas retourner sur la terre de leurs ancêtres, veulent qu'on leur reconnaisse leur "pharaonité" dans le système oppresseur qui a ruiné la civilisation pharaonique. Ils quémandent de la reconnaissance pour leur contribution, la « contribution de l’Afrique » à la réussite des autres. Autrement dit, en étant rien sur nos terres originelles, en laissant les dirigeants kleptocrates imposés, les Occidentaux et leurs multinationales, les Chinois, les Indiens, les Libanais, les Syriens, les Turcs, le Saoudiens, les Brésiliens, les Coréens...tenir les rênes politico-économiques de l’Afrique, nous exigeons de la considération et du respect sur les terres des autres. Quel culot ! Et, lorsqu'en maîtres assurés, les dominateurs nous refusent un tel "honneur", une telle reconnaissance, les pharaons se plaignent de racisme, de méchanceté, d'inhumanisme. Certains tellement, tellement versés dans la chose religieuse, disent même qu'ils sont Apophis et qu'ils auraient donc besoin de notre enseignement, besoin d'acquérir la sagesse Mâatique ou Kamitique pour redevenir des humains capables de reconnaissance.

Nous redeviendrons des pharaons, donc fiers, si nous allons à la reconquête de notre espace sur lequel nous bâtissons notre renaissance pleine et entière. Pas la peine de prétendre la Renaissance sur la terre des autres. C'est la géographie qui fait l'histoire et non le contraire.

14 juin 2011, mis à jour le 30 mai 2012
Par Komla KPOGLI
S.G du MOLTRA

lundi 21 mai 2012

L'alibi d'une mondialisation rêvée contre toute idée d'une Afrique autonome.


Dès qu'on dit aux africains de s'occuper eux-mêmes de leurs problèmes, de se retourner vers eux-mêmes, ils répondent: "à l'heure de la mondialisation ceci, à l'heure de la mondialisation cela". Ceci parce qu'on a réussi à faire douter les noirs qui ne voient pas de solutions à leurs difficultés sans s'illusionner du secours et de l'aide extérieurs. 

La mondialisation ne signifie pas que la planète est peuplée de peuples amis oeuvrant pour un bonheur commun de l'humanité. La mondialisation c'est la délocalisation des secteurs polluant vers les pays appauvris ( et non pauvres comme on dit si souvent). Ces délocalisations surtout en Afrique se font contre d'énormes avantages sociaux, fiscaux et sécuritaires alors que la technologie qui y est apportée est la moins productive et la plus polluante. Donc, lorsqu'on oppose à un appel à nous-mêmes toujours cette fameuse mondialisation, cela fait rire jaune. Comme quoi les africains adorent ce qui les morde et les blesse.

Bref, la mondialisation ne fait pas des africains des citoyens du monde, comme ils aiment à le clamer. Beaucoup de noirs se déclarent citoyens du monde alors que personne ne veut d'eux chez lui. On fait des lois contre eux, on les expulse, on cantonne ceux qu'on admet pour quelques besoins dans des quartiers désertés par les autochtones, on les contrôle à tous les coins de rue, on les maltraite dans les services publics...Rien n'y fit! Ils se disent malgré tout citoyens du monde. Pauvres citoyens du monde indésirés!

La mondialisation c'est la possibilité pour l'Occident et ses multinationales et pour les nouveaux puissants admis au club fermé des pays industrialisés d'aller prendre, sans opposition, des ressources là où elles sont, la circulation de la finance sans frontières, la pénétration des gadgets les plus modernes inventés par les pays industrialisés dans tous les marchés du monde et la possibilité pour les citoyens de ces pays enrichis ayant les moyens d'aller en vacances où bon leur semble. Et dans le même temps, les routes du Nord sont fermées aux gens dits des pays pauvres, autrement dit "la racaille et la misère du monde". 

Voilà, en quelques mots ce qu'est la Mondialisation que nombre d’Africains louent et chantent pour contrecarrer tout appel au retour vers soi-même, pour tuer toute réflexion qui demande la reconquête de notre espace en vue de sa reconstruction effective par nous-mêmes et pour nous-mêmes.

Komla KPOGLI
21 mai 2012

samedi 19 mai 2012

Redécouvrir notre passé pour reconstruire l'avenir.

Quelques esprits hypertrophiés et probablement repus et tranquillisés par l'illusoire amitié de l'Occident tentent de peindre l'homme africain comme un homme en sanglots et qui se victimise à longueur de journée. Ces esprits, malicieux et conquis soi-disant par la rationalité eurocentrique, veulent nous convaincre que l'homme noir n'a pas à regarder son passé et qu'il n'a pas à construire des liens de fraternité avec ses congénères sur les malheurs qu'ils ont collectivement subis. 

Aussi, ces esprits nous intiment l'ordre de ne regarder que le futur qui, selon eux, doit être construit. Si personne ne peut nier que le futur africain attend d'être construit, il est tout de même drôle voire saugrenu de concevoir une telle construction à partir de rien. L'Afrique n'est pas une page blanche. Elle a une histoire, une longue histoire qui doit être prise en compte. A la vérité, si l'Afrique reste dans cet état de colonisation, c'est que son histoire lui a été volée. Son histoire a été pervertie et totalement réécrite si bien même que l'homme noir ne se souvient plus de sa provenance pour imaginer sa destination. Demander à un peuple de tirer un trait sur son passé, c'est le condamner à le revivre.

Cette réécriture de l'histoire africaine a interverti les bornes des concepts et présente à l'homme noir son pire ennemi comme son meilleur ami. Inversement son propre frère lui est montré comme son ennemi mortel contre qui il doit guerroyer. Dans cette situation où on voit l'homme noir doté des armes de sa propre destruction, l'histoire reste donc une boussole. Partir de soi pour revenir à soi, tel est le processus qui éclaire une société et assure son développement. Mais cette histoire pour être féconde, ne doit pas disposer pour le passé, elle ne doit pas se limiter à la louange de notre glorieux passé. Elle ne doit pas nous conduire à nous immobiliser et à nous satisfaire de la grandeur qui n'existe plus. Elle doit, au contraire, nous propulser, à partir des fondations solides, à partir de nos racines, de nos valeurs, de nos douleurs passées et présentes et de nos espérances, vers l'avenir. C'est pourquoi nous répondons à ces esprits hypertrophiés: Africains, voulons-nous nous reconstruire, commençons par redécouvrir notre passé et agissons, à partir de cette redécouverte, comme un seul peuple, car historiquement nous le sommes. 

Komla KPOGLI

jeudi 10 mai 2012

François Hollande et la Françafrique: l'espérance illusoire des Africains.


10 mai 2012
Komla KPOGLI
Web.http://lajuda.blogspot.com

Paul Mvondo Biya, doyen des tyrans africains et François Hollande (montage)
« La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ». 18 mai 2006 à Bamako au Mali.

« Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé et des obsolescences qui perdurent de part et d'autres de la Méditerranée. Cela implique plusieurs changements de fond…
D'abord, cette relation doit être plus transparente. Il nous faut la débarrasser des réseaux d'un autre temps, des émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés.
Il nous faut aussi ne pas nous contenter de la seule personnalisation de nos relations. Les relations entre des Etats modernes ne doivent pas seulement dépendre de la qualité des relations personnelles entre les chefs d'Etat, mais d'un dialogue franc et objectif, d'une confrontation des intérêts respectifs, du respect des engagements pris.
… Notre relation doit être décomplexée, sans sentiment de supériorité ni d'infériorité, sans sentiment de culpabilité d'un coté ni soupçon d'en jouer de l'autre, sans tentation de rendre l'autre responsable de ses erreurs. A nous Français de renier tout paternalisme, d'exclure toute condescendance à l'endroit des Africains. Et surtout plus de respect. Nous ne savons pas mieux que vous quel est le bon chemin. Je refuse la posture d'une France donneuse de leçon. » 19 mai 2006 à Cotonou au Bénin.

L’auteur de ces propos cités est Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur et de l’immigration, candidat de l’UMP à la présidentielle de 2007. Sarkozy sera élu président de la France un an après avoir tenu ces propos en terre africaine. On aurait donc attendu que les relations entre la France et ses territoires africains sous sa présidence se déroulent autrement. Erreur ! Les mots sont les mots. Les actes sont autre chose. La françafrique, ces relations mafieuses que la France entretient avec l’Afrique depuis les années De Gaulle s’est renforcée à la grande déception des optimistes béats qui avaient vu dans l’avènement de Sarkozy au pouvoir une nouvelle donne.

Pourtant, les choses s’annonçaient bien pour ces optimistes. Jean-Marie Bockel, transfuge du parti socialiste a rejoint Sarkozy qui lui attribua le secrétariat d’Etat chargé de la coopération et de la Francophonie. Le ton se voulait volontariste et en rupture avec le passé fait de vols et de pillages en faveur de la France et les satrapes qu’elle a placés à la tête des territoires africains. Dans une interview publiée dans Le Monde du 16 janvier 2008, Bockel déclarait : « j’ai adhéré au discours de Nicolas Sarkozy sur l’Afrique. Je souhaite que les choses changent. Or la rupture tarde à venir. Il y a encore trop de rentes de situation, trop d’intermédiaires sans utilité claire, trop de réseaux parallèles pour permettre un partenariat assaini, décomplexé, d’égal à égal. La "Françafrique" est moribonde. Je veux signer son acte de décès. Il ne s’agit pas de faire la morale, mais d’aider au développement. » Le 18 mars 2008, Bockel est mis dehors, renvoyé au dossier des Anciens combattants et remplacé à la coopération par Alain Joyandet, un françafricain bon teint que Claude Guéant s’empressa de présenter à Omar Bongo Ondimba. Reçu sur France24, Alain Joyandet assèna : "le détournement d’argent public en Afrique ? Ce sont vraiment des sujets qui ne me semblent pas devoir être au cœur de notre expression" 
", le pillage des cerveaux africains ? C’est nous qui allons envoyer des cerveaux en Afrique",
 "je souhaite plus d’influence française, j’ose le mot, plus d’influence française" 
ou encore "si nous ne sommes pas les partenaires économiques privilégiés, alors on ne pourra plus défendre nos valeurs". La petite tempête dans le Bockel prit fin et tout est redevenu normal dans la continuité affairiste comme au temps de De Gaulle, de Pompidou, de Giscard, de Mitterrand et de Chirac.

Parmi tous ces présidents français, l’arrivée de Mitterrand à l’Elysée est celle qui avait le plus suscité chez de nombreux tiers-mondistes l’espérance d’une rupture avec la françafrique. Erreur là aussi. Puisque Jean-Pierre Cot, ministre délégué à la Coopération et au Développement, qui en « faisait trop » pour que le pillage de l’Afrique soit réduit –réduit, pas supprimé - fut démis de ses fonctions le 7 décembre 1982 et remplacé par Christian Nucci. A l’époque, Lionel Jospin, Premier secrétaire du PS et très proche de Mitterrand, justifia le remplacement de Jean-Pierre Cot par Christian Nucci en affirmant qu’il" n'est pas lié au fait qu'un homme incarne la lutte pour les droits de l'homme, les autres se situant sur le terrain du réalisme ". La suite est connue : assassinat de Thomas Sankara, coups d’état, tartufferie discursive de la Baule, sabotage des soulèvements populaires des années 90 court-circuités puis déviés vers les fameuses conférences nationales souveraines, appui à la répression sanglante des tyrans africains, scandales politico-économiques (affaire Elf)…génocide au Rwanda en 1994. Le bilan de la Gauche française en Afrique est tout autant lourd que celui de la Droite. Aucun des dirigeants français n’a désobéit aux lois qui gouvernent les relations avec l’Afrique définie par Foccart comme « l’arrière-cours » de la France. Ces pratiques s’inscrivent d’ailleurs dans la logique coloniale qui déclara la France une puissance africaine. Aussi, faut-il rappeler que les initiateurs de la colonisation française que furent Gambetta, Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum étaient des Républicains de gauche ?

Curieusement, on voit aujourd’hui beaucoup d’africains se réjouir de l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en remplacement de Nicolas Sarkozy. Ces réjouissances ont quelque chose de triste et d’aberrant. Car c’est à croire que le changement de maître change soudainement le statut de l’esclave. Au lieu d’appréhender sa situation dans son exactitude et se battre pour s’affranchir de ses chaînes, l’esclave préfère compter sur l’humanité du nouveau maître, la bonté de son coeur, sa gentillesse et sa bonne mine. L’esclave attend des réformeshui parce que Hollande a promis la finurd'ès, Léon Blum ains de gauche?nçaise que furent Clemenceau, Jaurèser avec les autres su. Des africains espèrent un soulagement opéré par décret depuis l’Elysée. Quelle lucide appréciation des réalités des relations entre la France et l’Afrique ? C’est désespérant ! Cette attitude d’espérance fondée sur le sourire et les mots du nouveau locataire de l’Elysée confirme ce qu’a dit Thomas Sankara : « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort ». Oui, l’esclave qui confie sa libération à la bonne volonté de son maître a fait le choix de ses chaînes. Il ne mérite donc pas d’être pleuré.

Nos prédécesseurs Samory Touré, Béhanzin, Chaka, Lumumba, Biko, Sankara, Olympio, Um Nyobè, Moumié et les millions d’africains assassinés par le colonialisme sont-ils morts pour rien ? Ces martyrs se sont-ils sacrifiés pour voir leurs descendants se complaire dans une espérance réformatrice indiquée par Paris, Londres, Washington, Bruxelles…Pékin ? Ces dignes fils d’Afrique auraient-ils espéré une amélioration des choses de ces capitales que leurs noms n’auraient même pas figuré dans notre patrimoine. En ayant les yeux rivés sur un éventuel « geste », « quelque chose » de ces capitales, nous leurs successeurs nous montrons indignes de nos prédécesseurs et dignes de nos fers.

Laurent Fabius chez Ali Bongo, février 2012
Au fond qu’a promis François Hollande ? La fin de la françafrique. Au point 58 de ses 60 engagements il promet : « Je développerai la relation de la France avec les pays de la rive sud de la Méditerranée sur la base d’un projet économique, démocratique et culturel. Je romprai avec la « Françafrique », en proposant une relation fondée sur l’égalité, la confiance et la solidarité. Je relancerai la francophonie. » Rompre avec la Françafrique et construire de nouveaux rapports basés sur l’égalité et la solidarité. Voilà la promesse que certains font semblant de n’avoir jamais entendu. C’est nouveau chez beaucoup d’africains incapables de saisir la place qu’occupe l’Afrique dans ce qui est appelé les relations internationales. Même si en pleine campagne électorale en février 2012 on avait vu Laurent Fabius, pressenti au ministère des affaires étrangères sous Hollande chez l’héritier Ali Bongo au Gabon, un des plus grands financeurs de la vie politique française,  pour beaucoup d’Africains, « le changement c’est maintenant ».

Sarkozy avait-t-il promis et dit autre chose à propos de la Françafrique ? Et Chirac ? Et Mitterrand ? Et Giscard ? Et Pompidou ? Et De Gaulle ? Qu’ont-ils fait de leurs promesses ? Les peuples qui ignorent les faits du passé sont condamnés à les revivre. En faisant comme si les dirigeants français n’avaient jamais parlé de la fin du pillage françafricain, les africains qui sautent de joie aujourd’hui pour la promesse Hollandaise vont vers une immense désillusion. Le Franc CFA sera maintenu, l'agriculture coloniale sera conservée, les bases militaires françaises aussi, la coopération franco-africaine et les aides au développement, véritable drain des richesses africaines vers les donateurs, vont continuer, la francophonie et ses rituels seront maintenus, les coups d’état nécessaires seront réalisés, les tyrans stabilisateurs seront confirmés et renforcés, les immigrés africains « inutiles » et jetables seront toujours renvoyés, les multinationales françaises seront toujours reines sur nos terres. L'Alliance Française, les centres culturels français, Radio France internationale et France 24 seront toujours là pour labourer la tête aux africains. Les bourses accordées aux étudiants "méritants" et qui font partie d’un vaste programme d’asservissement culturel seront toujours disponibles: arrivés au pouvoir d’une manière ou d’une autre, ces "méritants" garderont une grille de lecture qui leur aura été inculquée. Et les pseudo-ordres constitutionnels seront toujours là pour verrouiller les choses avec l'appui d'un dispositif militaro-policier terroriste. Peut-être que tout ceci se fera avec moins de bruits et moins d’ostentation que par le passé, mais ça se fera. Car, plus que tout ce sont la logique de puissance et celle des intérêts qui guident les puissances mondiales parmi lesquelles se trouve la France. Il n’y a pas eu Révolution en France. C’est l’alternance démocratique avec tout ce qu’elle implique y compris dans le principe de continuité de l’Etat, notamment sur le plan international. Il n’est pas non plus débuté une Révolution dans les territoires africains pour remettre la main sur ce qui appartient au peuple africain. De plus, la parole d’un socialiste français ne vaut pas plus que celle d’un libéral français. Les intérêts nationaux priment sur les promesses électorales en direction de l’Afrique. La logique déclarative aurait voulu que Sarkozy qui était allé jusqu’à dire en terre africaine que la France n’a pas besoin de l’Afrique sorte son pays du continent dès son arrivée à l’Elysée. Que nenni ! La France a renforcé sa présence et a fait de multiples interventions armées directes, soit pour sauver ses satrapes comme au Tchad, soit en détruisant des dirigeants insoumis comme en Libye et en Côte d’Ivoire montrant effectivement que la France est une puissance africaine. Les réseaux, promis à la destruction par Sarkozy dans son discours à Cotonou en mai 2006, ont plutôt prospéré avec Robert Bourgi, Bruno Joubert, Claude Guéant et leurs différents référents tapis dans l’ombre.

Dans les milieux africains où la confiance dans la volonté du maître est plus forte que tout, on dit que Hollande sera « moins pire que Sarkozy». Oui, Sarkozy a été brutal. Qui peut le nier ? Il a parlé aux africains qu’il déteste avec arrogance, mépris et condescendance du haut de ses 155 centimètres talonnettes comprises. Il est raciste. Par ses discours, Nicolas Sarkozy a injurié ouvertement les africains à de nombreuses reprises. Par les guerres qu’il a menées ouvertement en Afrique, Sarkozy est vu comme le plus mauvais des dirigeants français vis-à-vis de l’Afrique. Ce jugement, au fond, n’est qu’une mauvaise appréciation des réalités. Aucun locataire de l’Elysée n’est disposé, compte tenu de l’importance de l’Afrique dans la politique française, à lever la main. Tous ont eu et auront une politique ouvertement ou secrètement d’exploitation et de mépris à l’égard de l’Afrique tant que les africains ne décideront pas d’y mettre fin. Qu’elle soit ouverte ou discrète, la domination c’est la domination. Le Hard Power (puissance militaire) qu’on peut attribuer à Sarkozy ou le Soft Power (diplomatie d’influence) qu’on peut attribuer à Hollande sont appelés  à produire le même résultat : le renforcement d’une Afrique au service de la France. Il faut souligner que le Soft Power, grâce à sa discrétion et ses pratiques de réseaux, avançant un discours apaisant et visiblement pacifique et humanitaire à la bouche, se révèle très souvent plus efficace et moins saisissable que le bruit et les canons déployés par le Hard Power. Ce serait donc une grave erreur de penser que parce que le nouveau président français a un style différent, une méthode de travail différente il serait porteur de la rupture. La France, puissance nucléaire, qu’elle soit dirigée par la Gauche ou la Droite, le Centre ou les Extrêmes utilise et utilisera les deux pratiques alternativement ou simultanément si les circonstances le commandent. Elle ne se débarrassera pas de ses attributs de puissance pour faire plaisir à on ne sait quel peuple.
Toutes les sociétés qui se sont affranchies de la tutelle extérieure l’ont fait par leurs propres actions. Des actions endogènes qui, peut-être, finissent par la conclusion d’un accord ou un traité autour d’une table et endiguant ou paralysant ainsi la capacité de nuisance des attributs de puissance que déploient jusque-là leurs détenteurs. Visiblement, nous autres Africains aimons la liberté donnée, des indépendances octroyées et pas conquises de hautes luttes. En voulant la liberté sans en payer le prix, nous faisons le choix de la servitude pour toujours. Car, quiconque confie la décision de sa libération à son maître est condamné pour toujours à la servitude. Il en est ainsi aussi bien des individus que des peuples.

Nous voulons toujours ramer à contre courant des lois de l'histoire. Nous offrons le visage d’un peuple qui n'a rien compris et qui ne veut rien comprendre dans un monde où être faible signifie disparaître et avoir des maîtres signifie misère, appauvrissement, sous-développement éternel. En nous présentant en agneaux dans un monde de loups, nous faisons de la provocation en direction des loups.

Les peuples qui trouvent des solutions à leurs problèmes ne sont pas ceux qui attendent qu’une puissance ouvertement coloniale leur ouvre les portes du paradis. Ce ne sont pas ceux qui espèrent que de bons esprits finiront par surgir dans la métropole pour mettre définitivement fin à leur exploitation ou leur apportent un « léger mieux ». Au contraire, ce sont les peuples qui se rassemblent, qui font leur unité et se battent pour refaire leur unité territoriale. Ce sont les peuples qui maîtrisent leur espace, qui l’occupent effectivement et le protègent par des dispositifs aussi bien juridiques que militaires. Ce n’est qu’à ce prix que ces peuples peuvent constituer des entités vivantes, solides, autonomes, respectées et peuvent échanger avec les autres sur la base de l’égalité et de confiance. Le reste n’est qu’ignorance suicidaire. En espérant la natte des autres, on finit par dormir à même le sol.

Nous avons affaire à un système avec des ramifications diverses et non à un individu, tout puissant président fut-il. Et ce système françafricain ne bougera pas tant que nous, africains, resterons immobiles. La mission libératrice nous revient. Ou bien nous sommes capables de la mener et nous serons maîtres de notre destin collectif, ou bien nous en sommes incapables et dans ce cas nous serons condamnés à espérer vainement des réformes promises par nos dominateurs.

RAPPEL: Hollande a dirigé le Parti Socialiste français en tant que Premier Secrétaire de 1997 à 2008. Il n'a pas opposé de résistance à la politique française en Afrique. Le parti socialiste n'émet jusqu'ici que de molles critiques contre la Françafrique faite de hold-up électoraux, de coups d'état, de corruption, de pillage des richesses africaines par les entreprises françaises avec la complicité des tyrans au pouvoir. Récemment, François Hollande a soutenu les guerres de la France contre la Libye et la Côte d'Ivoire. Pour François Hollande, le président Laurent Gbagbo est infréquentable et se comporte comme un "dictateur, il n’y a pas d’autres mots, il n'a aucune place dans les réunions socialistes au plan international". Les intérêts français avant tout! C'est normal.