jeudi 24 novembre 2011

Maghreb : Egypte ou la reprise de la longue marche pour la fin d'un système.


 Pour éviter que les peuples qui bouillonnaient sous le couvercle des dictatures sanguinaires considérées par les occidentaux - de mauvaise foi et cyniquement - comme remparts contre un islamisme « radical » alibi, finissent par accomplir des soulèvements qui seraient hors de contrôle, il fallait prendre la situation en main. Canaliser les révoltes voire les organiser pour qu’elles servent au mieux les intérêts jusque là défendus par les satrapes de la région.

En Tunisie, après quelque hésitation ou un soutien ouvertement apporté à Ben Ali et son système, « les maîtres du monde » se sont vite aperçu qu’ils peuvent parvenir à la même fin en allant finalement dans le sens des mouvements populaires qui, après une longue couvaison, mieux un long étouffement, éclatèrent. Si révolutions, il doit y en avoir, qu’elles se fassent contre « nos amis le dictateurs », qu’elles les emportent mais qu’elles se fassent « avec nous et garantissent nos intérêts multiformes», semble-t-on percevoir dans l'attitude des occidentaux qui jusque là baisaient les pieds aux satrapes de la région. Pour arriver à cela, il fallait former une poignée de jeunes aux techniques de la révolution comme on en a connu dans les Balkans avec des révolutions « fleuries » ou dites de velours avec comme agenda caché de retirer des griffes russes ces pays pour les placer, slogans de liberté et de démocratie à l’appui, dans l’orbite des occidentaux.

Aussi bien en Egypte qu’en Tunisie, pour court-circuiter les peuples dans leur élan, « les maîtres du monde » ont tactiquement et habilement tourné le dos à leurs poulains qu’ils pressèrent de lâcher le pouvoir. Ces « exigences » en apparence en conformité avec le vœu des masses révoltées résultent en réalité d’un calcul rigoureux. Demander et obtenir, avec la rue, le départ des tyrans pour pouvoir mieux maîtriser la suite des évènements. Obtenir, en somme, l'effacement des personnes « indésirables » pour conserver le système et les régimes. C’est ainsi qu’après le départ du pouvoir de Ben Ali et Hosni Moubarak, deux joyaux présentés par leurs parrains comme « les meilleurs élèves de la région », le système n’a pas bougé fondamentalement. C’est peu dire si on est dans « le roi est tombé, vive le roi » aux lendemains de ces révolutions inabouties et maîtrisées nommées "printemps arabes". Pour que le système demeure, on a donc exigé le départ de Moubarak. On a pensé court-circuiter ainsi la longue marche du peuple et lui couper l'herbe sous les pieds. Printemps inabouti, donc! Mais visiblement, les peuples ont compris le jeu notamment en Egypte où ils n'ont jamais cessé de manifester depuis le départ de Moubarak en vue de l'atteinte des objectifs nationaux dont la fin du système et pas uniquement le départ d'un homme et de son clan.
 


Komla KPOGLI

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