mercredi 19 mai 2010

Togo: les inondations, ça recommence!

Les voilà revenir dans les mêmes conditions. Elles, ce sont les inondations. Et dire que Faure Gnassingbe et sa bande prétendent diriger ce pays. Une fois encore, les populations sont abandonnées.La guerre psychologique contre notre peuple au Togo est en marche.
Qui pour secourir ces enfants, avenir saboté du pays?


Togo: les inondations, ça recommence!
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mercredi 12 mai 2010

Les dirigeants africains utilisent le football pour amuser le peuple et l'éloigner des vraies préoccupations.

Journal des Auditeurs du lundi 10 mai 2010.

tilidom.com


 TOGO : Les instances supérieures du football obtiennent une levée de sanctions ayant frappé l’équipe nationale togolaise.
Rodrigue KPOGLI, secrétaire général de l’association « Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique »

Stéphane ATTIGOUSSOU, journaliste sportif à ‘’ SPORTS-FM’’ de Lomé

 
- Pourquoi l’équipe nationale du Togo avait-elle été suspendue par la CAF ?

- Que disent les règlements généraux sportifs en matière de forfait d’une équipe nationale ?

- Fallait-il mêler émotions, sentiments à la stricte application des règles régissant le sport ? Que devait-être l’attitude de la Confédération africaine de football (CAF) et son président Issa HAYATOU ?

- Le Capitaine des Eperviers, équipe nationale togolaise, Emmanuel ADEBAYOR a décidé, il y a quelques jours, de mettre un terme à sa carrière internationale. La levée de la sanction contre son pays peut-elle le faire revenir sur sa décision ?

Alors qu’il devait être suspendu pour les deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des Nations, le Togo a réussi à trouver un accord avec la CAF vendredi afin d’être réintégré.

C’est la fin d’un sombre feuilleton entamé le 8 janvier dernier à la frontière entre le Congo et l’Angola. Ce jour-là, la délégation togolaise, qui effectuait en bus le trajet entre le lieu de son stage de préparation et son camp de base pour la compétition, avait été sauvagement attaquée par des rebelles de la province du Cabinda. Bilan ? Plusieurs joueurs blessés, dont un (Ndlr : le gardien remplaçant Kodjovi Obilalé), gravement, mais aussi deux morts dans l’encadrement (l’entraîneur adjoint et l’attaché de presse).

Logiquement marqués par ces évènements, les Eperviers avaient aussitôt souhaité se retirer. Avant de se rétracter. Et c’est finalement le gouvernement qui avait obligé ses joueurs à rentrer au pays. Un forfait de dernière minute que la CAF avait fait payer au prix fort au Togo en l’excluant pour les deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des Nations. En s’en tenant aux textes au mépris du contexte tragique, la CAF et son contesté président Issa Hayatou n’avait alors pas franchement amélioré sa réputation.
Le Togo, lui, avait décidé d’interjeter appel auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS).

Blatter fait l’intermédiaire

C’est justement dans le cadre de cette procédure d’appel que les deux parties étaient réunies ce vendredi au siège de la FIFA, à Zurich, en présence de Sepp Blatter, médiateur mandaté par le TAS dans ce dossier. Une rencontre fructueuse donc, puisqu’elle a débouché sur un accord. « Le président de la CAF a accepté de demander au comité exécutif de la CAF de lever la sanction », indique ainsi la FIFA dans un communiqué, sans pour autant révéler les détails de cet accord. « Je suis ravi que nous ayons pu trouver une issue favorable pour les deux parties. La victoire, aujourd’hui, est celle de l’ensemble du football, et en particulier du football africain. Cela montre qu’il est possible de résoudre des conflits internes à la famille du football et de trouver des issues favorables pour toutes les parties prenantes et notamment les joueurs », commente lui Blatter. ... Reste à savoir si cette issue fera changer d’avis Emmanuel Adebayor, qui avait annoncé sa retraite internationale à la suite de toute cette histoire… ( Source Africa1.com)

Changer de braquet après le quatrième coup d'état de Gnassingbe II.


06 mai 2010
Rodrigue KPOGLI

Le quatrième coup d’état de Faure Gnassingbe

Deux mois après le quatrième coup d'état de Gnassingbe II, la question d'une éventuelle entrée de « l'opposition » au gouvernement se pose. Plusieurs milieux commencent par se prononcer. D'un côté, il y a ceux qui manifestent une certaine empathie pour la formule. De l'autre, les « nonistes » qui la rejettent systématiquement. Une catégorie d'indécis ou de silencieux ne s'est pas encore exprimée.Tout compte fait, ce que veulent Ali Baba (Gnassingbe II) et les 40 voleurs (ses Alliés), qu'il s'agisse d'un gouvernement dit d'ouverture ou d'union nationale, c'est une mythique légitimité par la stratégie du débauchage ou de cooptation dans les partis satellites dits de l'opposition constructive.

Le débauchage comme soubassement du Gouvernement dit d’union nationale

Pour avoir été l'une des toutes premières organisations – J.U.D.A - sur le territoire togolais à expliquer comment on arrive à ce type de gouvernement et pourquoi faut-il le dénoncer1, nous pouvons en parler sans autre forme de procédure. Car, le gouvernement dit d'union nationale a ceci de particulier qu'il confère à celui qui l'offre – le voleur du vote du peuple – une certaine légitimité tirée de la participation de la victime du vol. C'est une sorte de festin auquel la victime est conviée pour entériner son « échec ». Dès que « le perdant officiellement déclaré » goûte à la sauce, il ne peut plus réclamer la bête. Il adhère ainsi à un pacte des plus immondes. Il devient, pour ainsi dire, le complice consentant de son usurpateur.

La voie utilisée par les dictateurs africains téléguidés depuis Paris, Washington, Londres et depuis peu Pékin est celle du débauchage. Celles ou ceux qui sont débauchés motivent leur entrée dans cette équipe gouvernementale par le souci d'aller « transformer les choses de l'intérieur ». Cette explication est le plus grand mensonge qui soit. Car, une fois à l'intérieur, ils sont phagocytés et prennent goût à la succulence du pouvoir tel qu'il se pratique en Afrique depuis sa déstructuration par les razzias négrières transatlantiques.

Prétendre changer le RPT « de l’intérieur » est un mensonge

L'idée d'aller dans un gouvernement ne peut pas et ne va pas s'expliquer par une prétendue volonté d'aller « changer les choses de l'intérieur », car, on ne changera pas le RPT: Il est et reste ce qu'il est. C'est-à-dire un regroupement de mafieux et de criminels endurcis n'ayant aucune conscience des aspirations profondes du peuple africain sur ce territoire. Le crime est dans son ADN, étant donné qu'il est fondé sur le sang de Sylvanus Olympio et de bien d'autres patriotes. De plus, tous ceux et celles qui ont vendu cette stupidité du changement de l'intérieur ont été eux-mêmes changés et ils en sont sortis plus qu'abîmés. Après leur expérience à l'intérieur, ils sont devenus une sorte d'espèce unique, mi-figue mi raisin grillée. La mort politique est évidemment leur destin.

Pensée, orchestrée et mise en œuvre par le voleur du suffrage,Gnassingbe II, la stratégie du gouvernement dit d'union nationale ou d'ouverture ne peut procéder que d'une politique de débauchage. L'objectif n'étant pas de trouver des personnes capables de résoudre les problèmes du pays, mais plutôt de casser la contestation, les candidats au débauchage se laissent courtiser, draguer et convertir au profit du régime. Ce sont donc des politiques ou des personnalités de la « société civile » démarchés et rencontrés dans la nuit profonde dans le souci de légitimer le vol, la forfaiture et le crime contre des postes ministériels ou des espèces sonnantes et trébuchantes face à un peuple aux yeux exorbités sous le poids de la souffrance. Logiquement, le gain politique revient à l'initiateur de ce fourre-tout françafricain fabriqué en vue de dissoudre les forces contestataires dans une équipe incolore et incapable de la moindre action. Le voleur se transforme en « homme d'ouverture » et de « partage ». Il faut donc continuer par s'opposer à cela.

Après le bilan, un changement de braquet s’impose : aller dans un gouvernement mais pas n'importe comment

Cependant, l'état des lieux des rapports de force actuel doit nous pousser à la réflexion. Après la nième désillusion du peuple africain du Togo, il est temps que ce qui est appelé opposition entre de façon organisée et méthodique dans un futur gouvernement. Non pas dans un esprit d'union nationale ou d'ouverture mais dans le sens de commencer par apporter quelques soulagements à notre peuple meurtri, plumé et méprisé. Non pas dans l'intention d'aller à la mangeoire, mais dans le dessein d'une stratégie politique fondée sur le bilan de tout ce qui a été fait jusqu'ici. Plus clairement, cette démarche d'entrer dans un gouvernement doit être une option politique mûrement réfléchie après tout ce que nous avons collectivement vécu ces 20 dernières années de traversée du désert. Ceci nécessite donc une vraie concertation, une véritable organisation au sein de « l'opposition ». Un plan de travail clair et lisible doit être mis sur la table afin que ceux qui seront envoyés dans ce gouvernement ne soient pas ceux ou celles que le RPT aura réussi à débaucher dans les rangs de « l'opposition » et n'aillent pas se soucier de leur panse et faire exactement ce qu'ils ont eux-mêmes combattu des années durant. « L’opposition » doit trouver en son sein les hommes et les femmes qui pourront aller au gouvernement, les préparer, les vacciner puis les suivre quotidiennement. Bref, des personnalités fortes, mentalement armées, aptes à travailler en faveur du peuple avec les centimes ou les millions mis à leur disposition, capables de hausser le ton, de publiquement dénoncer ce qui se passe « à l'intérieur », de claquer la porte quand il leur sera demandé de le faire par ceux qui les ont mandatés. Car, ils n'y sont ni pour plaire aux usurpateurs ni pour les servir. D'une certaine façon, c'est faute de pouvoir faire mieux et plus qu'ils y sont. Ce ne sera donc ni une traitrise ni un aveu d'échec mais une politique qui tient compte de la réalité; une réalité longtemps noyée sous le cache-sexe de la boutade sacralisée: « on n'accouche pas une stratégie en public ». C'est cette supercherie, elle-même fille d'une malhonnêteté, qui a fait tant espérer le peuple africain du Togo. Des millions de Togolais ont cru que cette « opposition » avait quelque chose. Qu'elle ferait un miracle. Que n’a-t-elle pas vendu? Des discours guerriers? Des rodomontades? Des balivernes? Tout ceci relève en réalité de l'incantation. L'impuissance apparaît au grand jour. On n'a rien, on a voulu simplement impressionner le peuple avec un discours à la Gengis Khan. Beaucoup ont cru en cela. Aujourd'hui, il faut tenir un langage de vérité à ce peuple qui mérite honneur et respect pour tous les sacrifices qu'il a consentis.

Il ne s'agit ni de s'allier au RPT ni d'aller faire la lèche à Faure Gnassingbe

Au lieu de se draper une fois encore dans un radicalisme squelettique, improductif et surtout sans aucun travail pour l'implémenter sur le terrain; au lieu de continuer par mentir à ce peuple en lui faisant croire que la terre tremblera et que le tonnerre grondera lorsque son vote sera une fois encore volé par le clan Gnassingbe; au lieu de persister dans une posture d'opposants en lutte alors qu'aucune entreprise de structuration, ni de théorisation, encore moins de fixation de cap n'est engagée, il vaut mieux aller occuper des postes qu'il y a à occuper et se mettre au travail pour commencer par soulager le peuple des peines que ne cesse de lui infliger le régime. Ces ministres, chefs d'administration, doivent jouir des pleins pouvoirs que leur confère leur statut. Ils doivent pouvoir nommer à des postes de responsabilité sous leur tutelle pour que le service public assassiné par le RPT commence par être bâti. Ceci pour éviter que ne persiste la culture des brimades, de la concussion, du vol, du détournement, du saccage, de la démolition, du pillage du peu qui reste de tous les secteurs du pays: toute chose visant, dans le sillage la guerre anti-subversive qui est livrée aux populations en Afrique notamment par la France colonialiste et ses zouaves africains, à atteindre psychologiquement le peuple africain du Togo de façon définitive. Il ne s'agit donc ni de s'allier au RPT ni d'aller faire la lèche à Faure Gnassingbe. Il n'en est guère digne! La puanteur de sa victoire le décommande fortement. Il n'est le Chef de l'Etat de personne!

« Les opposants » dirigeront probablement mieux leurs secteurs que le RPT

Il s'agit de faire en sorte entre autres qu'enfin commencent par cesser les rackets de pauvres zémidjan et taximen sur les pistes, encore abusivement appelées routes, par des coupeurs de routes en treillis appelés policiers et gendarmes véreux, affranchis de toute autorité à dessein. Qu'enfin, les petits agents d'état civil dans nos villages ne soient plus des Louis XIV en miniature qui ne signent un bout de papier appelé acte de naissance que si le pauvre paysan qui en a besoin pour inscrire son enfant à l'école coloniale, apporte sa dîme après avoir payé les frais officiels. Que les recrutements publics ne soient plus des rendez-vous entre oncles et neveux ou entre copains et copines. Que les squelettiques budgets - issus d'ailleurs de la dette - affectés aux différents ministères ou services cessent d'atterrir dans les poches de ministres ou responsables, propriétaires d'innombrables villas, voitures et maîtresses. Que certains préfets inamovibles soient enfin remplacés. Que ce qu'on appelle des villes et les quartiers cycliquement inondés retiennent enfin l'attention de ceux qui ont la charge de l'urbanisme.Que les paysans retournent aux cultures vivrières au lieu de continuer par s'atteler sous la pression du RPT et ses alliés aux cultures d'exportation. Que les quelques médicaments payés par les frais publics ne soient plus volés des centres de santé et vendus par des médecins et des infirmiers sans foi ni loi au plus offrant. Que des juges et des procureurs commencent par être au service du juste et du droit au lieu de se fendre en quatre pour l'arbitraire et la concussion. On peut présumer en tous les cas – vu la confiance et la crédibilité que beaucoup leur accordent – que les secteurs dont ces « opposants » auront la charge dans ce gouvernement seront mieux dirigés que ce que le RPT a fait et continuera de faire si on les leur laisse. Bref, qu’ils entrent dans le gouvernement - peu importe finalement le nom que le RPT veuille lui donner - pour qu'enfin, sous la houlette d'Hommes à poigne envoyés par « l'opposition », l'ombre d'un service public commence par poindre dans nombre de secteurs démantelés par le gang Gnassingbe et ses alliés. Ces futurs représentants doivent être des Hommes capables de marquer le RPT à la culotte, de lui retourner l'arme psychologique qu'il utilise contre notre peuple et aptes à refuser d'avancer dans une quelconque solidarité gouvernementale qui fait répéter aux courtisans larmoyants, la formule mécanique « sous l'impulsion du chef de l'Etat » et qui leur fait dire oui quand il fallait dire non publiquement. Voilà le défi!


Oseront-ils assumer leur réalité ou auront-ils peur d’être accusés de traîtrise ?

Les opposants oseront-ils le relever? Ou seront-ils tétanisés par la peur de voir le peuple les accuser de traitrise alors qu'ils sont dans une logique de radicalisme demeurée sans support jusqu'ici? Un radicalisme qui d'année en année n'a pu recevoir un minimum de concrétisation au point que les 05 « élections présidentielles » organisées depuis le début des années 90 ont toutes débouché sur la même tragi-comédie? Du discours à l'action, il y a une étape qui est sans cesse brûlée: celle de l'organisation et de la logistique. A quoi sert donc une position voulue ferme qui ne se donne ni la théorie, les hommes, les structures adéquates, l'agenda encore moins les moyens efficaces? A quoi sert une doctrine affichée comme jusqu'au-boutiste qui ne forme personne en vue de sa matérialisation? On se contente juste d'être dans des formules incantatoires et on veut avoir des résultats. Voilà notre malheur!
On passe l'entre-deux élections à gérer le quotidien, à courir derrière d'improbables discussions avec le régime criminel, à se tirer dans les pattes, à ne former personne, à ne rien théoriser. Soudain, arrive l'élection, on pare au plus pressé et on y va. On gagne dans les urnes, mais la victoire est confisquée. On mise sur la volonté du peuple et son auto-organisation alors qu'on n'a rien fait pour que cela soit une réalité le moment venu. Le peuple montre sa détermination certes, mais il n'a été ni formé, ni organisé, encore moins structuré. On marche sans cap, on proteste sans organisation jusqu'à l'accident final. On se disperse, on enterre nos morts, on ampute ceux qui doivent l'être, on soigne les blessés ou ils se soignent et on revient 5 ans plus tard avec la même vacuité. Voilà, la stratégie qu'on prétend ne pas vouloir accoucher en public!

Le RPT et ses alliés ont les moyens de leurs coups d’état permanents

Qu'on ne s'y méprenne pas. Dans les conditions actuelles, le pouvoir RPT a les moyens de sa politique. La confirmation de Houngbo a son poste en est la preuve. Gnassingbe II sait se moquer de son monde. Il s’accrochera au pouvoir et règnera avec ou sans « l’opposition » les 05 ans à venir sauf si un soldat ou un groupe de soldats s’élève et le fusille. Ou encore, si et seulement si le peuple - puisque les peuples, par moment, sont capables de déjouer tous les pronostics - fait un sursaut de dernière minute. Il ne va subséquemment pas suffire d'égrener de bonnes intentions ou d'allumer des bougies pour le renverser. Les bonnes intentions n'ont jamais fait une œuvre politique. Au contraire, lorsqu'elles deviennent une fin en soi et l'unique arme politique, elles viennent se fracasser sur la rugosité de la réalité. Et immenses sont les dégâts!

Réunir une partie de la population tous les samedis? Pas mal. Mais à quelle fin? Quel travail de théorisation, de formation, de structuration, de logistiques a été fait en amont? Aller à la plage pendant que les voleurs de suffrage roupillent tranquillement chez eux ou dans les bureaux de l'administration qu'ils squattent? Allumer des bougies dans des séances de prière, malgré tout violemment dispersées, alors que les criminels vaquent sans entorses à leurs occupations au mépris de ces cris de colère? Toutes ces manifestations sont nécessaires, mais de toute évidence elles sont insuffisantes pour changer le cours de l'histoire. Est-ce cela la stratégie de lutte contre une mafia quinquagénaire? Où est la suite de « nous irons chercher le pouvoir »? Où est le gouvernement que l'Elu avait annoncé? Pourquoi le président élu Jean-Pierre Fabre – qui a manifestement bien fait de s'autoproclamer – ne nous a t-il pas convié à son investiture; ce qui devrait – si on s'y est véritablement préparé – nous conduire à déloger chacun des usurpateurs de leur bureau pour y installer l'Elu et son gouvernement. Si après sa légitime auto-proclamation rien n'a suivi, c'est que le pétard était mouillé. C'est que rien n'était organisé. C'est que personne n'était formé dans ce sens. Il n'y avait pas de plans. L'improvisation ne pouvant pas conduire à la révolution, les résultats, aujourd'hui sont à la mesure du travail en amont. C'est cette façon de faire de la politique face à la tyrannie des Gnassingbe qui doit être rejetée aujourd'hui. Tout simplement parce que derrière les annonces, aucun travail n'est fait. Aucune théorisation n'est mise en place. Tout simplement parce que pour cette génération nommée « leaders » politiques, l'incantation fait office de ce qu'elle appelle la stratégie. La stratégie du vide, au fond! Voilà notre réalité!

Les leaders doivent avoir le courage et l’honnêteté d’expliquer leur situation

Et quand on est face à cette dure réalité après 20 ans d'annonces et de gros mots dans l'immobilisme, il faut réfléchir et agir autrement. C'est cela l'honnêteté. Quand on n'a pas les moyens de sa politique, on adopte la politique de ses moyens. Quand on ne peut pas vaincre un ennemi immédiatement, parce qu'on a les mains vides, ce n'est pour autant qu'il faille lui laisser tout l'espace. C'est le devoir des « leaders » que d'expliquer à la masse qu'ils ont bluffé, qu'ils n'ont rien de prévu, qu'ils naviguent à vue et qu'en conséquence, ils iront désormais dans le sens indiqué par le vide qui est le leur. Ils ne doivent plus illusionner ce peuple dans son désir d'un changement total immédiat. Car, ce désir est au-dessus de leur leadership. Il l'est d'autant plus manifestement qu'en 20 ans, le manque de théorisation, de formation, de structuration et de moyens appropriés a fait qu'on n'a avancé en rien. Il l’est d’autant que si Eyadema Gnassingbe était vivant, il serait encore au pouvoir. Tout reste donc à refaire. C'est en prenant en compte cet état de fait qu'il faut changer de braquet aujourd'hui.

Le temps de la redéfinition de la lutte

La lutte du peuple étant éternelle, l’entrée au gouvernement ne doit guère signifier la fin du combat. Bien au contraire, ceci doit s'inscrire dans une approche interchangeable du mouvement irréversible vers la démocratie. Dans le même temps, la lutte doit être redéfinie et redirigée pour qu'elle soit porteuse. Afin qu’elle soit porteuse il faut qu'elle soit radicale. Pour qu'elle soit radicale, elle doit être portée par des personnes formées, conscientes qu'il n'y a pas de « communauté internationale » pour les Africains et que ceux-ci n'ont pas d'alliés dans le monde, capables de théoriser, de rassembler la logistique appropriée, de former à leur tour et de structurer la masse en vue des actions appropriées. L'émergence de ces patriotes des temps nouveaux est d'autant plus nécessaire que l'action de ceux qui iraient au gouvernement dans le compte de « l'opposition » sera limitée voire quasi-nulle sachant que les hommes du régime vont toujours les contrer. Cette émergence est donc nécessaire pour amplifier l'œuvre en pointillé qui sera entamée par les opposants au gouvernement et lui donner la dimension appropriée afin de lancer la refondation de la société.

La marche vers la libération devra être redéfinie autour de la triple temporalité: court, moyen et long termes. Ce qu'il faut faire à chacun de ces niveaux doit être théorisé, planifié et connu des acteurs. Les moyens à mettre en œuvre pour les objectifs doivent être recherchés. Un cap doit être fixé avec un tableau de bord qui nous y conduit. Ce n'est que lorsque toute cette logistique sera possédée et maîtrisée que les hostilités réelles peuvent être engagées avec le système. Ceci suppose que les compatriotes qui jouent aux commentateurs radicaux dans l'anonymat sur la toile doivent sortir des bois pour s'engager à visage découvert. Du moins, qu'ils donnent une autre forme à leur engagement. Qu'ils aillent au-delà! Car, on ne peut organiser la masse que si on la connait et si on peut la quantifier. On ne peut structurer la marche vers la libération du peuple africain du Togo que si les acteurs se connaissent, se rencontrent autant que possible, discutent entre eux, contribuent réellement -par opposition à fictivement- et si on les affecte à des postes de travail. Car, si tant est qu'objectivement le RPT et ses alliés nous obstruent la voie, il n'en demeure pas moins vrai que le déficit de militantisme réel d'une bonne partie de notre peuple est un problème à résoudre. Tous ceux qui auront compris l'immensité de la tâche, doivent désormais adhérer aux organisations qui leur semblent crédibles et y militer honnêtement pour renforcer leurs capacités au lieu de faire, selon leur expression fétiche: «  la lutte jusqu'à la victoire finale » par procuration pseudonymique sur internet. Plus que tout, on ne travaillera pas avec des « combattants » insaisissables pour chasser le RPT et ses alliés.

Pour que demain ne ressemble plus à aujourd’hui

Il ne suffira plus de vouer M.Gilchrist Olympio aux gémonies. Il ne suffira pas non plus de porter Fabre au firmament. Ou vice versa. Ni l'un ni l'autre n'a la logistique du changement radical souhaitable. Chacun a montré ses limites, en tous les cas pour le moment. Chacun d'eux a fait ce qu'il a pu. Collectivement, nous n'avons pas fait mieux. Tellement le vide est immense qu’il faut le répéter : si Eyadema Gnassingbe n’était pas mort «  de sa propre mort », il serait encore au pouvoir. Voilà la vérité! Elle fait mal, mais elle est ce qu'elle est. Mais, comme les coups d'état et les crimes ne s’acceptent pas et puisque la lutte est en réalité une lutte d’indépendance, elle doit être repensée, réorganisée et conduite.
En définitive, pour que demain ne ressemble pas à aujourd'hui, le peuple Noir, qu'il soit sur le territoire du Togo ou ailleurs, ne peut s'extraire des griffes qui le tiennent que s'il se forme, théorise sur le système et son fonctionnement, rassemble ses moyens propres, s'organise sans faille, se dote de son propre agenda indépendamment du calendrier de ses bourreaux, combatte avec les outils appropriés et élabore son plan de reconstruction.

dimanche 2 mai 2010

1960 - 2010 : 50 ans de souverainisme vaniteux dans une Afrique soumise et humiliée.

30 avril 2010

Rodrigue KPOGLI

Web. http://lajuda.blogspot.com/

Des années de luttes du peuple africain du territoire togolais - il en est ainsi pour presque tous les autres pays africains - ont été couronnées par la victoire électorale de 1958, qui deux ans plus tard, s’est transformée en indépendance. Le 27 avril 1960, Sylvanus Olympio, au nom du « droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes », proclama l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Cette nouvelle donne devrait conduire le peuple africain du Togo à décider des orientations qui lui conviennent dans tous les domaines. Trois ans à peine plus tard, Olympio est assassiné. Le rêve est ainsi brisé et le chaos généré est tellement immense que la suite ne sera qu’une succession de victoires volées, de mensonges, de viols et de supplice de Tantale ; le tout accompagné de bains de sang répétés en toute impunité. La Nouvelle Marche[1] était une marche à reculons qui a fini par nous ramener au point de départ si bien que tout est à refaire si nous voulons rendre hommage à nos prédécesseurs patriotes et tracer aux générations à venir les sentiers du progrès et de la réussite.

Cet anniversaire qui, sans doute, est un moment symbolique, nécessite, au lieu des réjouissances, des danses, des cérémonies religieuses et de prières, réflexions afin que les lumières du passé éclairent notre avenir commun en cette période où nous traversons un trou d’aiguille dans notre vie socio-économique et politique. A la veille de la proclamation de l’indépendance, le peuple du territoire togolais s’était débarrassé du fardeau de la dette de 800 millions de Francs que la France lui réclamait. Ce qui signifie que ce peuple avait fait le choix de la dignité et veut s’assumer pleinement. A travers ce geste – en réalité une escroquerie de la France – le territoire du Togo voulait s’occuper de ses problèmes par ses propres moyens avant tout et ne plus avoir dans ses pattes les entraves de la puissance tutélaire. 50 ans plus tard, c’est exactement le contraire de l’indépendance que nous avons. Plus qu’hier, notre peuple au Togo est privé de souveraineté et a le regard exclusivement tourné vers l’extérieur qui utilise la propagande de l’aide, de la démocratie et des droits de l’homme pour coloniser les peuples et les piller allègrement. En un mot, nous sommes soumis dans tous les domaines. Et l’indépendance qui est louangée dans les cercles africains les plus aliénés est une chimère. Car, les trois idées qui sont consubstantielles à la notion de l’indépendance – souveraineté politique, souveraineté économique et autonomie de défense – sont introuvables aujourd’hui dans les pays africains.

Politiquement, depuis les élections de 1958 qui ont consacré la victoire des indépendantistes, le territoire du Togo n’a jamais connu d’élections démocratiques. Le peuple africain du territoire togolais n’a jamais pu choisir ses dirigeants qui, lui sont plutôt imposés par coups d’état puis par fraudes électorales ininterrompues. Alors que la première implication du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est le pouvoir de ces peuples de se doter des élus à leur convenance, nos dirigeants nous sont imposés de l’extérieur. De Grunitzky à Faure Gnassingbé en passant par Kléber Dadjo, Eyadéma Gnassingbé et Abass Bonfo, le peuple togolais n’a joué aucun rôle dans leur érection, maintien ou éviction du pouvoir. Ainsi, les orientations politiques jusqu’alors n’ont jamais été le fait du peuple pourtant officiellement souverain. Autrement dit, le Togo jusqu’à présent, n’est pas l’oeuvre des Togolais.

En 50 ans, 05 élections présidentielles et 06 législatives ont été organisées. Il en est ainsi un peu partout en Afrique. Cependant ces consultations ne sont que des occasions pour le système vassal en place de pratiquer le démocratisme : simulacre d’élections destiné à revêtir le régime tyrannique des apparences d’une démocratie. De plus, ce sont des occasions pour faire couler le sang du peuple du territoire togolais qui demande le respect de son choix. Ce peuple n’a jamais donc eu la possibilité de jouir de son indépendance. Autant dire qu’il n’est pas indépendant. Pour preuve, voici une petite révélation : en novembre 2004, si notre mémoire est bonne, nous étions allés personnellement en compagnie de l’ex-président de la LTDH à une audience à la délégation de l’Union Européenne pour discuter de la libération de Jean-Paul Oumolou, détenu à la prison civile de Lomé pour avoir provoqué des incidents à l’université de Lomé. Nous étions reçus par le chargé du développement, Antonio Logreco qui après nous avoir écoutés sur la campagne que nous menions pour la libération du détenu, nous pose cette question : que pensez-vous de Faure Gnassingbé ? M. Adoté Ghandi a donné son point de vue. Quant à nous, éberlué et choqué, nous avions dit : « si la question était de savoir si Faure Gnassingbé pouvait diriger le Togo après son papa, le problème ne se pose pas puisque nous sommes dans une république avec une Constitution et non en monarchie héréditaire ». Le responsable s’est levé de son fauteuil et nous a serré la main en disant : vous êtes courageux et vous avez raison ! Quelques mois plus tard, Gnassingbé-père mourut et son fils lui succéda. Cela signifie que bien avant la mort d’Eyadéma Gnassingbé, son successeur était tout désigné à l’insu du peuple africain au Togo. Le reste ne relèvera que des formalités d’usage.

Même si d’autres preuves existent, cette anecdote suffit à elle seule, pour démontrer que ceux qui nous dirigent sont des élus des puissances néocoloniales (Etats, regroupement d’Etats et entreprises transnationales) pour leurs intérêts. C’est pour cela que faire appel à ces instances pour nous aider à régler nos problèmes, est une invitation adressée aux sorciers et aux vampires. Nous ne sommes en rien indépendants si nous ne pouvons nous-mêmes choisir ni nos gouvernants ni notre modèle de société. La nouveau vol du suffrage démocratique opéré par Faure Gnassingbe et ses alliés en est la preuve concrète.

Économiquement, le Togo est très endetté et continue de s’endetter pour le grand bonheur de l’Occident, de la Chine et de bien d’autres dominations. Un Etat endetté n’est pas libre. Notre pays est au bon vouloir des créanciers qui, en réalité, sont nos débiteurs pour nous avoir pillés, volés, exploités, massacrés, soumis des siècles durant. Le Togo a eu droit aux Programmes d’ajustements structurels qui ont complètement ruiné son économie avec des impacts sociaux indélébiles. Aujourd’hui, pour satisfaire l’étranger, le territoire du Togo, comme tous les autres proto-Etat africains, suit le libéralisme fondé sur le Consensus de Washington dont le credo est la suppression des barrières douanières, la libéralisation du mouvement des capitaux, l’augmentation des taxes et impôts, la privatisation des secteurs publics de l’eau, de l’électricité, la réduction des dépenses de santé, de l’éducation et de tous frais affectés au bien-être de notre peuple. Ce modèle vient de s’effondrer dans son berceau originel. Malgré les dégâts qu’il a occasionnés dans les pays occidentaux qui découvrent ainsi ce que les Africains vivent depuis des lustres, les vassaux d’Afrique continuent de transposer mécaniquement le modèle libéral en Afrique, détruisant ipso facto la vision africaine de la vie en communauté. L’eau et l’électricité sont des éléments très importants dans la vie humaine. Or, à ce jour avoir l’eau potable et l’électricité sont un luxe que ne peut payer qu’une infime partie du peuple. En plus, nous dépendons pour une large part de l’électricité importée. Notre industrialisation et notre production sont donc entre les mains de l’extérieur qui peut décider de nous priver de l’électricité quand il veut surtout que cet extérieur a ses propres besoins.

Sur tous les plans, nous sommes assistés. Or cette assistance ou aide est un mécanisme pour nous appauvrir davantage. Où est notre indépendance lorsque pour nous nourrir nous tendons la main vers l’extérieur colonial qui n’attend que ce moment ? Où est notre indépendance lorsque pour équilibrer le « budget national », on se tourne vers les puissances néocoloniales ? De plus, on a prêté pour des projets qui ne sont pas rentables permettant de payer les prêts. Mieux, les dictateurs ont prêté pour acheter des armes contre notre peuple. Plus grave encore, s’est établi un système de détournement des prêts au profit des prêteurs et des dirigeants togolais. Ainsi, se retrouve-t-on avec une dette qu’il faut s’endetter pour payer. La boucle est alors bouclée. Et la paupérisation se généralisant, ira en croissant avec pour effet la main continuellement tendue vers l’extérieur. D’où la contradiction totale avec le message de l’indépendance qui proclamait l’ère de « Nous-mêmes » avant tout. Notre situation, demain, sera probablement plus dramatique avec une agriculture de plus en plus hypothéquée par les aléas pluviométriques et l’élargissement des cultures (café, cacao, arachide, banane, coton...) destinées à nourrir les autres alors que nous-mêmes nous avons faim.
Preuve supplémentaire que ce qui compte in fine - c’est la sauvegarde des intérêts des pays occidentaux importateurs - le réseau ferroviaire construit sous les coups de bottes et de chicotes est complètement enfoui dans le sol au moment où nous franchissons le cinquantenaire. Les rails sont coupés et utilisés ou vendus par des individus affamés et ignorant l’histoire du chemin de fer au Togo. Réserver un pareil sort au « réseau ferroviaire », c’est insulter la mémoire de nos pères et mères qui sous le régime du travail forcé allemand, en ont bavé pour le construire. Que le fruit de leur sang versé ne puisse pas servir à transporter leurs descendants que nous sommes, est l’injure la plus grave que le régime togolais et ses alliés aient pu leur adresser. Ce n’est pour rien d’ailleurs que les seules lignes qui sont encore en service, sont celles qui mènent aux mines de phosphate et de calcaire. Est-ce donc être indépendant que de passer tout son temps à servir les autres gratuitement ? Si ce n’est pas de l’esclavage, alors cela y ressemble fort !


Socialement aussi, nous sommes en crise. Nous n’avons plus d’identité et le mimétisme a élu domicile dans la société togolaise à l’instar des autres pays africains. Notre société est beaucoup plus corrompue que celui d’avant le déluge. Et nous avons mis les valeurs africaines au placard. Malgré « l’indépendance », nous n’arrêtons pas suivre les modèles étrangers. L’administration est « tuberculosée » par la corruption. Des vieux devenus des jeunes « yéyé », sont restés silencieux sur les dérives culturelles auxquelles ils participent parfois eux-mêmes. Ils sont prêts à brader leur dignité et le patrimoine ancestral contre du tabac, de la cola, un kilo de riz et une calebasse de Toucoutou² ou un verre de sodabi[2]. Les quelques personnes âgées restées attachées aux valeurs traditionnelles sont complètement ignorées et ringardisées. Les chefs coutumiers, gardiens de nos valeurs ont trahi leur rôle et leur mission historique en s’aliénant publiquement au parti au pouvoir. Quant aux chefs religieux, leurs actes n’ont rien à avoir avec les prescriptions. Ainsi, conduisent-ils leurs adeptes à la perdition. Les jeunes quant à eux, sont devenus de vieux cyniques et idiots qui ne veulent pas entendre parler des valeurs ancestrales et endogènes. Ils aiment la débrouillardise et se battent pour leur bourreau. Les hommes politiques eux, ne pensent qu’à la « communauté internationale » qui pourtant n’a jamais existé. Ils sont devenus des acteurs au sens théâtral du terme, ne pouvant faire la moindre action sans se référer à leurs metteurs en scène nichés à des milliers de kilomètres. C’est alors qu’ils peuvent commettre des actes et signer des accords bidons, truffés d’imprécisions, pénalisant et hypothéquant ainsi l’avenir du peuple parce que la « communauté internationale » le leur a demandé.

Les femmes, quant à elles, courent derrière l’argent pour avoir des pagnes et des produits décapants et de maquillage. Les enseignants de leur côté, sont dégoûtés de leur profession compte tenu de leurs conditions de travail. L’éducation est complètement extravertie et ne porte aucune finalité. C’est le démantèlement complet de la société. Personne ne veut s’occuper de son voisin. L’individualisme est en train de prendre dangereusement le pas sur la solidarité. En copiant les autres, nous nous privons de nos capacités créatrices les plus importantes. Et cela plaît aux pouvoirs publics qui manipulent le désordre et en tirent profit. A cette allure, il n’y a guère de doute que les portes de l’enfer s’ouvriront davantage devant nous dans la décennie à venir : les morts d’aujourd’hui seront bien plus heureux que les vivants de demain !

Pour jouir de la liberté, il faut être soi-même libre. Or il est clair que nous ne sommes pas libres parce que nous ne nous sommes pas encore libérés. Parce que la libération précède la liberté, nous devons analyser froidement notre situation et mettre les moyens en œuvre autour d’une plate-forme réaliste pour nous libérer. Cette libération ne peut se faire que dans un cadre continental où la jeunesse doit jouer un rôle central avec l’idée que mieux vaut pour chaque Etat être une partie dans un tout qui marche que de se satisfaire d’un souverainisme vaniteux dans une Afrique soumise et humiliée. La renaissance a commencé en Côte d’Ivoire où les jeunes patriotes ont triomphé, ne serait-ce que momentanément des forces néocoloniales. Le temps est arrivé pour nous de nous lever pour briser les chaînes des indépendances irréelles. Les dirigeants actuels au pouvoir en Afrique, cela signifie que nous ne sommes pas encore indépendants. Toute leur philosophie est de faire de nos pays d’éternels PPTE3 et PMA4 pour avoir de l’argent de l’extérieur pour leurs propres besoins en bradant le patrimoine africain en échange. Ces vassaux aussi longtemps qu’ils détiendront le pouvoir poursuivront en toute quiétude, l’entreprise coloniale de démolition de la société africaine. Le maintien du Franc CFA, des bases militaires françaises et américaines et leurs coopérants sont aussi des preuves que notre indépendance est un mensonge et une illusion. Si nous étions réellement indépendants, Sarkozy ne pouvait pas, en 2007, déclarer en terre africaine et sur la tombe des « tirailleurs sénégalais » que la colonisation a fait du bien à notre peuple et que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». C’est parce que ce fou du pouvoir est conscient du pouvoir de la France dans les soi-disant Etats africains qu’il peut se permettre du haut de ses 165 centimètres -talonnettes comprises- de nous dire que nous Africains n’avons pas la notion du temps en dehors des saisons. Et après avoir insulté l’Afrique, voici que le nano-président invite les satrapes africains à fouler le sol français pour célébrer ce qu’ils appellent le jubilé d’or des indépendances. C’est une seconde injure faite à notre peuple.

En définitive, ces manifestations ne peuvent qu’être la célébration de l’indépendance de drapeau, de timbre voire d’hymne national et de devise. Elles ne sont que des gesticulations confinant à une résonance historique et sentimentale. Pas plus ! La vraie indépendance est devant nous et après d’âpres luttes qui à terme devront consacrer notre droit à l’autodétermination avec les richesses africaines au service de notre peuple. Nous deviendrons indépendants lorsque nous serons respectés dans notre dignité où que notre peuple aille. Nous deviendrons indépendants quand notre peuple aura acquis le droit d’élire ses dirigeants et de choisir en toute liberté le modèle de société et d’économie qui lui conviennent. Cela veut dire que nous devons revenir à la bifurcation où la colonisation nous a fait dévier de nos valeurs africaines intrinsèques pour reprendre notre processus de développement fondé indissociablement sur la liberté individuelle et la solidarité qui caractérisent notre société. Nous devons donc revenir à nos racines, à notre histoire en nous écartant de la version écrite et institutionnalisée par les Occidentaux et «les progressistes africains». Nous devons planifier ce qui doit être fait sur le court, moyen et long termes.

Le cinquantenaire qui est célébré aujourd’hui est le cinquantenaire de tous les mensonges. Certes, il faut reconnaître à nos prédécesseurs leur courage et leur abnégation pour les combats qu’ils ont livré contre la colonisation. Il faut les célébrer bien sûr : les Olympio, Lumumba, Ouezzin Coulibaly, Nkrumah, Sekou Touré, Modibo Keita, Steve Biko, Felix Moumié, Anta Diop, Thomas Sankara, Tavio Amorin... Ils doivent même nous inspirer dans nos initiatives. Cependant, leur combat n’a pas abouti, il n’est pas achevé. Ils nous ont passé le flambeau. A nous de nous montrer dignes de marcher dans leur sillage pour que leur mort ne soit pas vaine et ainsi rompre avec les indépendances fictives. Il ne faut surtout pas que ces célébrations occultent le chemin qui nous reste à faire. Sinon après avoir bu, mangé et dansé, le retour à la réalité sera synonyme d’immenses désillusions.


NB : Ce texte est une mise à jour du papier intitulé 1958 - 2008 : 50 ans de mensonges et d’illusions publié en 2008.

[1] Politique initiée par le Rassemblement du peuple Togolais d’Eyadema Gnassingbé après l’assassinat de Sylvanus Olympio.
[2] Boissons locales respectivement à base de mil et de vin de palme.
3 Pays Pauvres Très endettés
4 Pays Moins Avancés