jeudi 4 novembre 2010

Quelle honte pour l'Afrique!

Cette vidéo est vraiment humiliante et choquante. Elle nous met totalement hors de nous-mêmes à la Jeunesse Unie. Le traitement qui est fait à ces hommes et femmes dans notre pays du Kamerun (et ailleurs en Afrique, car cette réalité n'est pas spécifiquement Kamerunaise) est d'une incroyable bêtise. Prétendre que c'est la sorcellerie de ces personnes qui crée l'échec scolaire, le non-emploi et bien d'autres plaies est une double bêtise. Cette façon de penser fait non seulement des dégâts à savoir la destruction des ressources humaines notamment ces personnes âgées, dépositaires de la mémoire, à titre gratuit, mais aussi et surtout elle révèle l'incapacité paralysante d'une partie de la jeunesse africaine à cerner les vraies causes de la misère chronique instituée en Afrique depuis la déconstruction opérée par les razzias négrières transatlantiques.  

Au lieu de se livrer à ce type d'attitudes précambriennes, cette jeunesse a meilleur temps de réfléchir et de  recourir à une formation alternative qui lui ouvre les yeux. Comment peut-on accuser des personnes de cet acabit d'être à la source du blocage alors que Mvondo Paul Biya et sa clique, dans un antipatriotisme absolu, pillent le pays, le bloquent et permettent aux pays étrangers dont la France de continuer l'oeuvre coloniale de démolition de notre société? Avec des guignols et des Oncle Tom tropicaux dont le pouvoir garantit intégralement les intérêts étrangers en Afrique, comment voulons-nous avoir la réussite sociale? Ces Oncle Tom qui maintiennent le Franc CFA, les accords de défense, les accords et les codes miniers coloniaux, les cultures agricoles d'exportation, l'aide empoisonnée, la dette odieuse? Ces Oncle Tom qui réalisent des  fraudes électorales avec l'appui de l'UE, de la Chine, du FMI et de la Banque mondiale? Eux qui entretiennent des armées de tueurs aux frais des populations violentées quotidiennement, eux qui surfent sur l'ethnisme créé de toutes pièces par une histoire africaine totalement réécrite? Avec eux, peut-on espérer autre chose?! Comment voulons-nous réaliser des progrès individuels et collectifs avec l'école coloniale qui n'a pas vocation à nous former pour notre libération puis pour notre développement? Bref, comment voulons-nous vivre librement dans des enclos dits pays africains?




Après avoir visionné cette vidéo, nous sommes brûlés par la colère et nous sommes confortés dans l'idée qu'une société (a fortiori poussée à agir ainsi) qui détruit ses propres membres, ses propres créations est une société vouée à la disparition. En continuant ce type de comportements encouragés d'ailleurs par un certain évangélisme et les satrapes au pouvoir effaçant ainsi leurs responsabiltés, les moyens d'autodestruction acquis depuis des siècles, produisent des résultats incommensurables et conduisent l'Afrique vers l'accident final. Il est temps d'arrêter ça! Et de trouver les vraies sources de notre malheur et les combattre effectivement. Car, pour jouir de la liberté, il faut d'abord se libérer. Pour jouir des ressources de son territoire, il faut d'abord le libérer de l'occupation coloniale. Voilà les défis! Mais pour les relever, il nous faut de la formation. Pas celle de l'école coloniale.


Komla KPOGLI

jeudi 21 octobre 2010

La Francophonie contre le Peuple Africain.


Comment les langues et les cultures africaines sont asphyxiées.

20 octobre 2010
Rodrigue KPOGLI
Secrétaire Général de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique

La Suisse accueille du 20 au 24 octobre 2010 le XIIIème sommet de la sulfureuse Francophonie, organisation néo-coloniale tenue d’une main de fer par la France et certains de ses amis notamment le Canada, une partie de la Belgique et une partie de la Suisse


Malgré un climat de crise chronique qu'ils ont installé en Afrique, cette rencontre, à laquelle d’ailleurs les valets africains participent comme toujours, confirme que la clientèle africaine, quelle que soit la situation du marché, reste fidèle aux galéjades francophones. La présence d’immenses délégations africaines à ce sommet démontre à merveille que les vassaux africains se foutent royalement de ce dont l’Afrique a besoin, surtout en ces temps de grands dangers où la logique aurait voulu la rupture avec les différents instruments de domination au service des pays occidentaux. Que dire encore de la présence du gouvernement du Ghana, pays d’héritage colonial anglophone, qui se présente aussi parmi les canailles francophones africaines ! Sinon, que la faune s’étend bien!

Tout ceci se passe dans une ambiance d'immense satisfaction d'Abdou Diouf, grand serviteur des maîtres. Secrétaire général de la Francophonie, l'ex-président du Sénégal sait parfaitement que tous ces clients africains sont des voleurs de suffrages démocratiques et des assassins. Il a également conscience que lui-même, à l’époque de sa présidence au Sénégal, avait fait partie de cette bande de guignols assoiffés de sang et de gadgets. Cette bande, toujours prompt à servir plus le maître que ses sujets. On aurait espéré qu'avec l'âge et la retraite, Diouf ait du recul et cesse de combler les maîtres au détriment des Africains. Hélas!

Voilà que des «nègres», incapables de promouvoir leurs propres langues et leur propre culture - qu’ils ne connaissent d’ailleurs même pas – font la queue et se bousculent pour porter la langue et la culture de leurs maîtres. Ces jongleurs maléfiques, véritables instruments alternatifs de colonisation directe, trépignent de joie dans leur participation à la dévastation de la société africaine. L’œuvre coloniale est ainsi gaillardement assurée.

Sarkozy le «roi des français», ne se donne pas toute cette peine pour promouvoir la langue et la culture françaises. Les «nègres» se chargent de cette tâche promotionnelle. Aussi le font-ils avec diligence et efficacité. Les chiens étant toujours prompts à prendre des initiatives de chasse pour ramener les proies à leur maître. C'est à ce prix, entre autres, qu'ils sont conservés au pouvoir contre la volonté populaire en Afrique.

On peut virevolter dans tous les sens, on peut inventer les thèmes les plus actuels lors de ces sinistres carnavals, et surtout on peut engager des milliards d’euros pour polir l’image de la Francophonie. On peut utiliser des tonnes de savon pour laver cette machine, son odeur nauséabonde reste et demeurera dans la conscience africaine, car elle ne fait que soutenir via ses missions d’observateurs électorales, les mascarades électorales en Afrique et les massacres qui s’en suivent. La Suisse, en accueillant ses tyrans qui d'ailleurs pour la plupart y disposent de comptes bancaires secrets et bien garnis, se moque royalement des Africains. En déroulant le tapis rouge à ces voleurs patentés, la Suisse ne peut pas ne pas savoir qu'elle fait partie du complot. Car, la Francophonie n'a jamais été au côté des peuples. En tous les cas, pas en Afrique.

Culturellement, la francophonie étouffe et tue les langues négro-africaines au quotidien. Dans les pays africains, il est interdit de parler sa langue maternelle à l’école, et le délit est sévèrement sanctionné. Dès la première année de ce qui est appelé école, l'enfant africain doit rompre avec sa langue maternelle. Il est ainsi, avec une violence inouïe, largué dans un univers tout à fait étranger qu'il doit assimiler au plus vite s'il veut poursuivre sa scolarité. Laquelle scolarité est en réalité un tuyau vers la déprogrammation mentale puis la soumission. Il doit rompre avec son histoire. Il doit haïr les langues africaines qu'il est appelé à enterré. En substitution, on lui fournit un package linguistique avec lequel il doit désormais fonctionner. Quel pays africain n’a pas connu ce qu’on appelle le SIGNAL: ces objets qu’un élève doit s’attacher au cou en guise d'humiliation s’il commet le crime de parler sa langue maternelle. Qui a oublié les raclées et les fessées pour avoir osé parler sa langue maternelle?

La Francophonie a tué la littérature africaine. Les auteurs africains sont quasiment absents du marché littéraire européen francophone. A l’inverse, les livres français pullulent en Afrique.

Les médias français, notamment RFI et TV5, sont largement diffusés en Afrique pour assurer le Service Après Vente. Ainsi, ces médias inondent l’Afrique d’idées et d’images destinées à écraser la culture africaine et à la dénigrer. De ce fait, pour s’informer sur l’Afrique, des millions d’africains sont obligés d’écouter Radio France Internationale et de se référer à des agences comme l’Agence France Presse, l'ATS et autres. Ce sont les seuls canaux disponibles. Mieux, ce sont les seuls qu’on crédite. C’est ainsi que, dans une logique purement idéologique, les informations sont «traitées et masterisées» avant d’être retransmises aux Africains, qui, dans une large proportion, ne savent pas encore qu’ils consomment gloutonnement des produits hautement toxiques.

Tel un cancer qu’on ne peut combattre, la francophonie se propage et atteint la jeunesse africaine de plein fouet, à travers des associations et des organisations dites de la société civile. Le comble, c’est que ce sont ces jeunes qui assurent la pérennité de ce qu’on peut appeler le bras politico-culturel de cette para-ONU Françafricaine, en acceptant des miettes de financements en échange de la promotion de la «démocratie, du dialogue et du développement», concepts nébuleux dont se sert la machine francophone pour brouiller les esprits. Elle réussit même à noyauter la jeunesse africaine en instituant les Conseils nationaux de jeunesse (CNJ) comme seul interlocuteur de la jeunesse auprès des dictateurs africains. Ces CNJ sont les seuls regroupements que la Francophonie promulgue comme unique organisation de la jeunesse africaine. L’objectif de ces CNJ est en réalité double. Il s'agit d'abord de fondre tous les mouvements de jeunesse dans un creuset en vue de casser une contestation juvénile sans cesse croissante en Afrique aujourd’hui. Ensuite, il s'agit de contrôler la jeunesse africaine et la mouliner afin qu'elle soit aliénée à la Francophonie et à ses représentants locaux.

Pendant que les pions-gouvernants africains promeuvent activement les langues d’autrui, les langues africaines, elles - décrétées vernaculaires, ou patois, ou encore dialectes - ne sont en aucun cas reconnues dans les pays occidentaux, membres de la francophonie. On s’indigne lorsque les Africains parlent leurs langues dans les rues des pays occidentaux. La presse ne manque d’ailleurs pas de relayer la frustration des populations locales qui se font casser les tympans avec les «langues de singes» qui les inondent. La francophonie est-elle active contre ce genre de choses? Non! Etrange « voix de la diversité » donc!

Quant aux satrapes africains, ils n'ont jamais pensé à une langue africaine qui doit porter l’unité africaine qu’ils prétendent construire. Quand on les voit si actifs dans le soutien du français ou de l’anglais, on ne peut s’empêcher de leur demander à quand un sommet sur le swahili ou le bambara!! Ils n’y penseront jamais, ces cancres démagogues qui adorent pourtant les sommets et les réunions spectacles où ils se livrent à de véritables défilés de modes. A quand un sommet africain avec pour invités les dirigeants occidentaux pour la promotion des langues africaines dans le monde? Et dire que la colonisation a pris fin?!

Consciente d’ailleurs des puanteurs de la Francophonie, la communication-propagande multiplie les gros mots. Lors ce XIIIè sommet en Suisse, on lie la promotion de la langue française à la gouvernance et la démocratie, à la solidarité ainsi qu’à la sécurité alimentaire et du climat. Ça fait neuf et propre, l’environnement et du développement durable, n’est-ce pas?

Mais la réalité est loin de toute cette propagande. Il y a les maîtres (France, Belgique, Canada, Suisse) et leurs aficionados d'un côté et les Africains soi-disant francophones de l'autre. Peu importe le temps que cela prendra. La maison francophone est appelée à disparaître pour une véritable renaissance de l’Afrique, aujourd’hui encore engluée dans les marécages du néocolonialisme, infestés de caïmans et de tyrannosaures. Mais en attendant ces temps-là, commençons à conscientiser, à nous mobiliser, à nous organiser et à révéler aux yeux de nos populations la vraie nature vampirique de cette machine qu’est la francophonie

samedi 16 octobre 2010

"Je ne sais pas si les nègres ont toujours ...travaillé." Guerlain

Rodrigue Kpogli
15 octobre 2010

Voici une video qui parle d'elle-même. Il s'agit de Jean-Paul Guerlain, parfumeur et 34 ème fortune française qui disait avoir "travaillé comme un nègre" pour pouvoir créer un parfum, "Samsara" en 1983. Puis, avec calme et suffisance, le milliardaire ajoutait ne pas savoir si les nègres ont toujours tellement travaillé. 



La Journaliste Elise Lucet qui l'interviewait n'a pas jugé utile d'émettre un commentaire sur ces propos racistes et injurieux à l'égard de tout un peuple, le peuple noir. Ce peuple esclavagisé, colonisé, humilié, brimé et soumis à des travaux les plus pénibles des siècles durant en Europe, en Amérique, dans les Îles et dans les colonies. Ces corvées ont été gratuites. Les Noirs n'ont rien reçu en échange. Ceux qui tentaient de refuser avaient été tout simplement massacrés. L'énergie africaine -la main d'oeuvre nègre- a construit la France, la France de Guerlain.




Chose curieuse, en 2002, l'Inspection du Travail de Mayotte avait épinglé M. Guerlain d'exploiter des clandestins "nègres" dans sa plantation d'ylang-ylang. Exploitation de nègres qu'il avait d'ailleurs banalisé, ainsi que le montre la vidéo de France 3 (ci-dessus). Alors, cher Guerlain, les nègres n'ont jamais travaillé?! A ce jour les nègres continuent d'ailleurs de travailler pour la France et gratuitement toujours. C'est le cas notamment des tyrans africains mis au pouvoir par la France, soutenus par elle contre les populations qui tirent le diable par la queue. C'est le cas aussi de ces nègres qui pleurent pour être sélectionnés en équipe de France de football ou d'autres sports où ils adorent mouiller le maillot tricolore alors même qu'ils sont insultés et méprisés par ceux qui voient en l'occupation de la France par "l'esprit des cités" au détriment de l'esprit de la Cité. 

L'attitude de Jean-Paul Guerlain et le silence d'Elise Lucet ne sont en rien une nouveauté. Le président des Français Nicolas Sarkozy n'était-il pas allé au Sénégal en 2007, injurier toute l'Afrique devant une partie de sa jeunesse  restée là à écouter le petit-maître Sarkozy et à l'applaudir du début jusqu'à la fin de son "Je suis venu vous dire".  Chirac, n'avait-il pas évoqué l'odeur des Africains qui au lieu de travailler font du bruit toute la journée? Brice Hortefeux, actuel ministre de Sakozy à la sécurité, condamné pour injure raciale est toujours au gouvernement. Que dire des Nadine Morano, Eric Raoult, Eric Zemmour, Finkielkrault et de bien d'autres anonymes qui ne pensent pas moins que les Noirs sont des bêtes sauvages. Finalement, ces individus s'inscrivent dans une longue tradition française (Européenne) qui, depuis le 17è siècle, considère scientifiquement les Noirs comme plus proches du singe qu'autre chose.

Cette tradition ne cessera pas. Puisqu'il y a toujours des témoins de bonne moralité qui volent quasi-instantanément au secours des auteurs de propos racistes anti-noirs. Pascal Sevran qui affirmait que la famine en Afrique est créée par la "bite des Noirs" n'a-t-il pas eu tous les secours? Que dire de Sarkozy, de Hortefeux...? Que de témoins de bonne moralité à leur secours! Aurait-on la même réaction si ces gens s'en prenaient à d'autres communautés? Aurait-on la même réaction si ce type de propos portait sur les Juifs par exemple? Poser la question c'est trouver la réponse.

Il serait désormais temps que les Noirs comprennent leur situation et le regard qui est porté sur eux dans les sociétés occidentales. Ce n'est qu'à ce prix qu'ils pourront s'unir et se solidariser pour agir. Agir pour reconstruire l'Afrique et résoudre leurs problèmes par leurs propres moyens dans la dignité et dans un patriotisme qui barrera la route, à tout jamais, à cette maladie qu'ils ont à travailler pour les autres gratuitement. Une Afrique libérée, reconstruite, autonome et capable de protéger ses enfants, voilà le remède contre le racisme anti-noir. Les lois et les indignations en France ou ailleurs n'y changeront rien.

dimanche 12 septembre 2010

Conférence sur les 50 prochaines années en Afrique.

R. Komla KPOGLI présentant sa communication
Le samedi 11 septembre 2010, la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) a organisé une conférence publique. Après le bilan des 50 dernières années en Afrique, l'objectif est de tracer les sillons pour un autre avenir. Les défis à relever sont immenses. Mais, rien n’est impossible pour une société qui a compris ses problèmes et cherche les outils les plus adéquats pour les affronter.

Thème : Que devons-nous faire afin que les 50 prochaines années soient différentes des précédentes ?

Exposé de Rodrigue KPOGLI
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Le Débat avec le public
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dimanche 5 septembre 2010

Komla KPOGLI: "La France est un grave danger pour les Africains".


Lynx.info : On manifeste toujours depuis la réélection de Faure Gnassingbé au Togo. Dans vos articles, vous semblez dire que ce n’est pas la bonne formule. C’est ça ?

R. Komla KPOGLI  SG de la J.U.D.A
Komla KPOGLI: Tout d'abord, personne n'a élu ni réélu Faure Gnassingbe au Togo. Il a été imposé aux Africains du Togo depuis le décès de son feu père en février 2005. A partir de là, notre peuple a tous les droits de refuser cet ordre injuste, illégitime et violent installé par la France et appuyé par certains autres pays dont la Chine. Compte tenu des conditions dans lesquelles la dernière présidentielle a été organisée, tout politique devrait s'attendre aux résultats que nous avons. Seulement, le problème est que rien n'a été théorisé. Rien n'a été organisé. Personne n'a été formé pour que ces manifestations soient une réussite. Pire, les partis qui chapeautent les manifestations se sont pliés aux injonctions du système qu'ils veulent combattre. Le système leur a interdit de manifester en semaine et ils obéissent à cela avec l'illusion que cela le fera tomber. Ils n'organisent donc des manifestations que les samedis suivant un itinéraire imposé à eux. Les centres du pouvoir sont laissés libres à leurs illégitimes occupants pendant que le mouvement populaire est orienté vers la plage à Lomé. Tout le reste du territoire est resté entre les mains du système qui l'a verrouillé. De surcroit, on avait dit réclamer la victoire volée et on organise un congrès de l'UFC à l'issue duquel on envoie les résolutions au ministre de l'intérieur du gouvernement qu'on rejette. Il y a quelque chose d'incohérent en tout ceci, non? Nous disons que notre lutte est suffisamment grave pour être guidée par ces incohérences et ces improvisations. Ces manifestations sont mal conçues, mal dirigées, mal orientées et donc elles ne peuvent qu'échouer.

Nous disons simplement et sans prétention que si nous voulons nous en sortir, il nous faut une étude approfondie de l'adversaire, de ses stratégies, ses alliés, ses forces et ses faiblesses et en conséquence élaborer notre stratégie de lutte, former les nôtres, les préparer et les orienter vers des actions les plus efficaces possibles.

Lynx.info : Vous voyez une main française suite à l’échec de la table ronde de Paris sous François Boko. Vous avez des arguments ?

Il ne s'agit pas d'échec. La chose est simple. La France a voulu protéger Faure Gnassingbe en lui évitant de faire recours une nouvelle fois au bain de sang comme en 2005. Si 2005 se reproduisait, il serait vraiment difficile à la France de saluer et de faire admettre « la victoire » de son poulain. Donc, elle va mettre une stratégie de casse de l'opposition en place. Pour atteindre cet objectif, on va utiliser certains togolais qui sans doute étaient de bonne foi. Ceux-ci croyaient qu'ils étaient en train de rallier les autorités françaises à la cause togolaise s'ils aidaient à empêcher la candidature de Gilchrist Olympio. Seulement, ils connaissaient très mal la françafrique et ses pratiques. On les a utilisés pour le vrai rôle qui leur était dévolu à l'insu de leur propre gré.

Lynx.info : Kofi Yamgnane parle de diplomatie offensive au niveau des institutions européennes. Vous semblez manifester à la J.U.D.A une méfiance vis à vis de la France officielle c’est ça ?

La France est un grave danger pour les Africains. Depuis des siècles, la France arme les tyrans pour immobiliser les Noirs. Lorsque la France ne veut pas directement les massacrer, elle délègue son autorité aux Oncles Tom tropicaux. Elle institue des dynasties un peu partout pour humilier notre peuple. Donc, ce pays, nous ne devons pas seulement avoir une méfiance à son égard. Nous devons le combattre, car c'est lui qui se cache derrière tous ces Oncles Tom et qui renverse ou assassine tous les patriotes africains. Mais pour le combattre, nous devons savoir de quoi il est capable, ce qu'il a fait dans ses territoires africains hier, ce qu'il y fait actuellement et ce qu'il y pourra faire demain. Nous devons tirer toutes les leçons de l'histoire pour ne pas commettre certaines des erreurs qui ont coûté la vie à beaucoup de nos leaders anticolonialistes. Sans cette étude méticuleuse qui va conditionner notre méthode de lutte, on est vaincu d'avance.

Pour ce qui est de M. Yamgnane, chacun aborde le monde tel qu'il le voie. Simplement, il faut que les Noirs enfoncent bien dans leur crâne que les Européens ne vont pas les aider à reprendre possession de leurs terres et de leur dignité volées depuis le 15è siècle. Les Noirs n'ont pas d'alliés dans le monde. Surtout pas les Européens. Toute notre histoire est là pour nous le démontrer. Si ceux qui prétendent vouloir diriger autrement l'Afrique demain ne l'ont pas encore compris, cela veut dire qu'on est loin du bout du tunnel. Il faut travailler avec notre peuple qui est le seul acteur à devoir changer le cours de son histoire. C'est pénible et très souvent ingrat comme activité au sein d'un peuple à qui on a présenté les choses dans l'ordre inverse, mais c'est l'unique voie. Il faut former notre peuple, l'organiser et tisser des liens entre lui et les autres Africains dans d'autres territoires afin de globaliser le combat.

Du reste, aurions-nous compris un peu le monde que nous orienterions ce qui est appelé diplomatie vers les peuples latino-américains. Parce que c'est là que les peuples se battent contre les mêmes phénomènes que rencontrent les Africains chez eux. Mais hélas, beaucoup d'Africains continuent par marcher à la lumière étourdissante de la bible, de Rousseau et de Montesquieu. Beaucoup de Noirs sont malheureux dès qu'ils ne s'illusionnent pas de l'amitié et de l'appui de l'Europe et de ses citoyens. Tant que cette attitude va perdurer, adieu le salut.

Lynx.info : Gilchrist Olympio a repris la direction de L’UFC et fait un contrat de société avec le RPT. Olympio peut réussir là où Blaise compaoré a échoué ?

La mission de Blaise Compaoré n'était pas de secourir le peuple africain du Togo. Bien au contraire, il avait mandat de l'enfoncer davantage au profit de son « jeune frère  et ami » qui lui avait offert deux hélicoptères et de l'argent pour sa campagne en novembre 2005. Et il l'a bien fait.

M. Olympio ne va nulle part. Si à plusieurs on est incapable de chasser le buffle, ce n'est pas en se mettant seul qu'on y arrivera. Pour tout vous dire, l'attitude de M. Olympio est politiquement nuisible. Car c'est une décision lourde de conséquence que de prétendre avoir négocié avec le RPT dans un contexte où l'instrument politique de M. Olympio était en proie à une division dont les ingrédients viennent justement du RPT et de la France. La démarche de M. Olympio aurait pu recevoir une adhésion populaire s'il n'agissait pas lui-même sous influence. Ce n'est pas un choix libre qu'il a fait. La France et le RPT ont poussé à l'implosion à l'UFC. Ils y ont créé deux fronts. Le centre du combat est, à partir de ce moment, déplacé et le conflit est transporté sur un terrain qui aurait dû être le camp d'entrainement commun. Au lieu de se rendre compte qu'il s'agissait d'un piège, qu'ils doivent tout faire pour ne pas se laisser prendre et sauvegarder l'unité de leur parti, les deux camps ont mordu.

C'est là qu'apparaît le déficit de formation des ressources humaines. Si on avait des analystes clairvoyants au sein de ce parti, ils auraient pu se rendre compte que cette division est factice. Q'elle est un montage et qu'il fallait la démonter tout de suite pour garder l'oeil ouvert sur la cible. La Françafrique a réussi un coup magistral. Les architectes de ce piège doivent se frotter les mains actuellement car, ils ont réussi à emprunter deux voies parallèles pour aboutir au même résultat et à avoir deux gros lots avec un bonus: Olympio qui est allé se mutiler tout seul – que du bonheur dans certains milieux, Faure Gnassingbe en paix – le conflit se faisant plus ailleurs -, Fabre qui doit s'occuper plus de la querelle interne à l'UFC que du vol du suffrage populaire par Faure Gnassingbe.

Lynx.info : Mais Gilchrist est toujours entrain de partir. Son âge, sa santé et sa nouvelle équipe sont des atouts de réussite pour lui ?

Non, dans les circonstances actuelles rien de tout ceci n'est le gage de quoi que ce soit. Ce qui se passe c'est que Gilchrist Olympio agit exactement comme le scenario l'a prévu. On lui fait jouer un rôle qu'il pouvait et devrait refuser d'accomplir. Encore qu'il en ait conscience dès le départ. Et c'est là qu'est tout le problème.

Lynx.info : Faites-vous confiance en la Commission Vérité Réconciliation de Monseigneur Barrigah à la J.U.D.A ?

Il n'y aura pas de réconciliation sous le régime actuel. Cette commission est un gadget. Mieux, c'est un cache-misère. Mais, souvent des hommes d'église aiment mettre de la soutane bien blanche sur des dessous sales. C'est au nez et à la barbe de M. Barrigah que des citoyens sont arrêtés, tabassés, emprisonnés sans la moindre accusation, brimés et spoliés. C'est en sa compagnie qu'on chante la réconciliation d'un côté et de l'autre on agit dans le sens contraire. Que dit cette commission? Rien! Elle ruse et ferme les yeux, la bouche et les oreilles comme ce singe trois fois idiot qui espérant vivre heureux refuse de voir, d'entendre et de s'exprimer. A vrai dire, elle est dans son rôle. Celui d'être là pour la décoration, car il faut bien qu'une tyrannie ait des décorations à vendre.

Lynx.info : Des députés sont frappés, les journalistes inquiétés mais l’homme de Dieu semble ne rien voir. Comment vous l’expliquez ?

Il n'y a pas des hommes de Dieu d'un côté, et des hommes du diable de l'autre. Nous sommes tous des humains avec nos intérêts, nos amitiés, nos peurs, nos égos, nos croyances et nos convictions. Chacun choisit de privilégier ce qu'il veut. Si la soutane que porte M. Barrigah suffit à le prendre pour un homme plus proche du Dieu d'Israël que des humains, alors ses compatriotes africains du Togo doivent comprendre son mutisme. Généralement, un prélat ne s'occupe pas des choses de ce monde. Il est formé au séminaire pour encourager les malheureux d'ici à accepter leurs conditions pour espérer aller au paradis. Vous voyez bien que les temps n'ont pas changé. Déjà à l'époque des razzias négrières et de la colonisation, les hommes dits de Dieu avaient pour mission d'évangéliser les Noirs, de leur apprendre à se laisser dépouiller sous prétexte qu'il sera difficile aux riches d'aller au paradis, leur apprendre l'obéissance au maître et leur expliquer qu'ils ne sortiront de la malédiction de Cham que par la porte de l'enfer de l'esclavage.

Lynx.info : Le pouvoir de Faure donne des airs de confiance. Comment vous l’expliquez ?

Quand on est au dos d'un tuteur puissant nommé la France, on peut tout se permettre face à un peuple dérouté et désarmé. La réalité est que Faure Gnassingbe et sa clique sont de seconds couteaux que la France utilise pour nous lacérer la peau. C'est la France qui commande dans les territoires appelés pays africains. La suffisance que démontre Faure Gnassingbe est l'expression de la présence française. Nous devons en tenir compte et nous donner tous les moyens les plus efficaces possibles pour la combattre. Néanmoins, beaucoup pensent souvent que ce déploiement de force est un signe de panique et donc de faiblesses de la part des tyrans africains. C'est une grossière erreur de jugement qui nous conduit souvent à accumuler des fautes, à nous forger des prétentions. Il nous faut une vraie analyse de la situation et de l'état réel des lieux des forces en présence. Car, ce n'est pas en étant droit dans nos bottes de rêveurs que nous faisons peur à ce système colonial.

Lynx.info : Pour beaucoup de Togolais vous faites des analyses qui ont été déjà expérimentées avec des résultats cuisants d’échec. Succinctement que proposez-vous pour la sortie de la crise politique togolaise ?

Il faut bien comprendre la nature de la crise qui est la nôtre puisque tout le monde dit crise, crise. Notre crise vient de ce que la lutte pour les indépendances africaines n'a pas abouti. Tous les meneurs ont été assassinés ou chassés et remplacés par des pions. Notre peuple a été court-circuité. Nous sommes donc en train de continuer le combat contre un système colonial. Ce qui veut dire que tout notre territoire et ses biens sont restés entre les mains de puissances étrangères qui ne lâchent pas prise. Leurs principales tactiques consistent à faire recours aussi bien à la force brute qu'à la ruse. C'est cela notre crise.

Face à cette donne, nous disons qu'il faut marcher sur deux pieds au moins. Concrètement, ce que nous avions proposé c'est que toute « l'opposition » togolaise après concertation et analyse approfondie de la situation post-électorale de mars 2010, décide dans un élan collectif d'aller dans un gouvernement pour prendre ce qu'il y a à prendre pour notre peuple et élargir son horizon. C'est un changement de stratégie qui, bien conduit par des hommes formés et conscients, peut transporter aussi le conflit au coeur des appareils du système. Au-delà, s'approcher de la cible peut conduire à commettre beaucoup d'autres actes à condition de les vouloir et de savoir comment et quand on veut les réaliser. Nous continuons par chercher dans les annales sans trouver l'époque à laquelle « l'opposition » au Togo a décidé dans son ensemble d'agir de la sorte. Ce que nous trouvons en revanche, c'est que le pouvoir, a réussi très souvent à débaucher des personnalités et organisations pour les noyer dans la baignoire du « gouvernement d'union nationale ». Ici, c'est le pouvoir qui fixe ses objectifs et prend l'initiative d'aller à la chasse dans les rangs de l'opposition. Ce que nous, nous disons, c'est que « l'opposition », dans la sérénité, établisse un bilan d'étape, tire les enseignements de son parcours puis prenne le devant des évènements. Il n'est pas question d'aller se coucher dans un gouvernement.

Lorsqu'on ne peut pas abattre d'un coup le système, la reconquête progressive d'espaces de liberté, d'espaces où l'influence du colonialisme est battue par la présence des hommes et femmes de notre camp nous semble une option. Dès qu'on met la main sur un secteur, il faut le retourner tout de suite au peuple, faire en sorte qu'il en jouisse pleinement, qu'il sache que quand il rentre dans les ministères ou dans n'importe quel service public sous notre contrôle, il sera servi convenablement, car il est chez lui. Et il doit se battre pour maintenir ces espaces définitivement libres. C'est une guerre de libération. Voilà ce que nous avions préconisé, mais nous ne nous étions pas arrêtés là. Nous avions formulé la nécessité de redéfinir la lutte, sachant les limites de cette première option, en la pensant plus sérieusement pour mieux l'organiser sur une triple temporalité - court, moyen et long termes - et vaincre.

Mais en amont et en aval de tout ceci, nous appelons enfin à un changement de comportements dans le camp des « combattants » miné par trop de querelles de bas étage, d'envie, de guerre de factions, de petits meurtres entre camarades et un climat de détestation. Car, se sont ces aspects subjectifs de la lutte qui déterminent, couvent et enfantent les éléments objectifs de la liberté. Nous devons mettre un accent particulier sur la formation des nôtres axée sur une vision globale de ce que nous entendons faire à savoir désintégrer le système colonial, bâtir une société fondée sur une nouvelle répartition du pouvoir, reconstruire notre pays, puis empêcher définitivement le retour à tout régime dictatorial.

Pour le reste et si ça peut soulager, on peut continuer par se contenter d'être dans une opposition qui passe son temps à prier le Dieu d'Israël, à être dans la description du régime, à dire et redire qu'il se déploie dans la violence, à pleurer qu'il ne respecte pas les droits de l'homme. Comme s'il pouvait en être autrement dans un territoire sous colonialisme.

Lynx.info : Rodrigue Komla Kpogli, je vous remercie.

C'est nous qui vous disons merci.

Interview réalisée par Camus Ali

Le 04 septembre 2010

mercredi 1 septembre 2010

Élection en Guinée: pourquoi voter pour Alpha Condé.


DECLARATION

Le 19 septembre 2010 aura lieu le second tour de l'élection présidentielle en Guinée. En lice, Alpha Konde et Dalein Diallo.

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique s'étant depuis de nombreuses années prononcée sur la situation de notre peuple en Guinée vient prendre une nouvelle fois position. Elle apporte clairement son soutien au candidat Alpha Konde, un des Africains les plus convaincus de la nécessité de la lutte. Elle appelle donc sans aucune retenue le peuple africain en Guinée à voter pour Konde dont l'intégrité, la sagesse et l'élan panafricaniste ne souffrent d'aucun doute.

En ces moments de grandes difficultés, le peuple africain où qu'il soit n'a d'autres choix que  de porter au pouvoir des femmes ou des hommes clairvoyants. Des hommes et femmes qui connaissent l'histoire de notre peuple et les difficultés qui sont les siennes et qui de ce fait, sont à même d'opter pour des solutions endogènes. Konde qui a plusieurs fois gagné contre l'ex-tyran Lansana Conte, a été toujours privé du pouvoir par la bénédiction de la France. Celle-ci a incessamment fait barrage à Alpha Konde.

Aujourd'hui que notre peuple en Guinée a la possibilité d'élire son président, la J.U.D.A lui demande de ne pas céder à la petite musique de l'ethnisme jouée par les réseaux de toute sorte pour embrouiller les esprits. Le peuple africain en Guinée ne doit pas non plus céder aux billets de banque en circulation à la recherche des âmes à emporter en enfer. Tout ce qui brille n'est pas de l'or, dit-on en Guinée et ailleurs en Afrique.

On entend dire que Konde n'a pas le soutien du FMI, de la Banque Mondiale (FMI) et des partenaires en développement. C'est vrai. Et c'est justement là que se trouve sa force et les chances pour notre peuple en Guinée de faire face à ses problèmes avec maîtrise de l'agenda et ses propres ressources. Laissons ces institutions à ceux qui aiment leur amitié. Elles n'ont rien apporté de positif à l'Afrique. Ce sont des agences au service des Occidentaux dans leur entreprise de pillage et d'appauvrissement de notre peuple. Les Occidentaux et leurs FMI, BM et autres institutions ne sont pas là pour aider au développement de l'Afrique. Ces pays et leurs institutions ont toujours été aux côtés de ceux qui s'offrent pour immobiliser les Africains. Chaque fois que la BM et le FMI soutiennent un candidat à un poste électif en Afrique, les Africains doivent immédiatement savoir à quelle sauce ils seront mangés. Ce sont les mêmes qui ont soutenu mordicus Lansana Conte. Ils ont endetté la Guinée et l'Afrique. Ils ont armé les dictateurs contre notre peuple partout. Ils sabotent l'avenir de notre peuple en commanditant l'assassinat des patriotes et poussent la partie la plus éveillée de la jeunesse à quitter l'Afrique. Ce n'est pas à eux de dicter leur préférence à notre peuple en Guinée. Jusqu'ici ils ont fait passer leurs intérêts au détriment des Africains. Cette période doit être désormais révolue. Et c'est à nous, seulement à nous qu'incombe le devoir de le faire.

Jeunesse africaine en Guinée, peuple africain en Guinée, la Jeunesse africaine, par notre modeste voix, vous soutient. Elle se tient debout à vos côtés pour le changement et la reconstruction de notre pays, la Guinée. Territoire saigné, humilié, exploité, pillé et immobilisé pour avoir dit NON au colonialisme. Mais territoire qui peut se relever, qui doit se relever et qui va se relever car il a de l'énergie, il a une histoire, il a des grands hommes dont Alpha Konde. Il incarne le changement et un meilleur avenir pour notre peuple en Guinée. Partout où nous avons l'occasion d'introduire un brin de changement, faisons-le! Mettons les hommes qui connaissent nos intérêts et qui peuvent les défendre avec honnêteté et courage à la place qu'il faut et non les pions et des agents des intérêts extérieurs. Un nouveau leadership, celui de la rupture, doit naître en Guinée au soir du 19 septembre 2010 avec comme capitaine, Alpha Konde.

Vive l'Afrique combattante, libérée et qui marche vers sa réunification et sa reconstruction.


1er septembre 2010
Le Secrétaire Général
Rodrigue KPOGLI

lundi 30 août 2010

Conférence publique à Lausanne (Suisse)

INVITATION

Après le bilan des 50 dernières années en Afrique, il nous faut tracer les sillons pour un autre avenir. Les défis à relever sont immenses. Mais, rien n’est impossible pour une société qui a compris ses problèmes et cherche les outils les plus adéquats pour les affronter. Dans cette perspective, la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) organise une conférence publique en vue d’ouvrir le débat.

Thème : Que devons-nous faire afin que les 50 prochaines années soient différentes des précédentes ?

Lieu : Pole Sud Avenue Jean-jacques Mercier 3 – Lausanne Flon, juste à côté du métro N°1 (M1).

Date : Samedi 11 septembre 2010
Heure : 17h 45



Entrée : contribution volontaire

jeudi 26 août 2010

Les idiots utiles du RPT ont-ils la solution?

Rodrigue Kpogli
26 août 2010


Ces grands inquisiteurs qui traquent les mauvais esprits

Ces derniers temps, sont apparus de grands inquisiteurs qui se sont donnés pour mission de traquer ceux qu'ils considèrent comme des mauvais esprits, des traites qui empêchent le changement de se réaliser au Togo. Ces grands inquisiteurs n'hésitent pas à lire dans le subconscient des individus. Lorsqu'ils n'y trouvent rien de consistant, ils inventent toute sorte d'histoires pour conclure que les sujets en question sont des traitres, ils sont du RPT, ils mangent au RPT. C'est, selon eux, le coup fatal qui doit être asséné à ces esprits malfaisants qui se cachent derrière le masque de "démocrates" affirmés. Ici, dès qu'ils sont accusés, ces mauvais esprits sont sommés à coups de fouet verbal d'avouer et d'apporter la preuve de leur fidélité. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils sont coupables et à ce titre, ils sont condamnés à reposer dans l'étang du feu éternel.

Les grands inquisiteurs, dans leur traque, sont allés jusqu'à faire admettre récemment que nous sommes tentés par le pouvoir et que l'envie nous a pris de devenir ministre. Rien que ça! Nous voulons offrir le ridicule en précisant que notre objectif est infiniment plus modeste. Il s'agit simplement d'entamer une opération de salubrité politique consistant à faire voir à notre peuple que nous allons en enfer si nous continuons par prétendre lutter contre ce système de cette façon. Voilà notre motivation. Elle est plus basse que ce qu'on avait imaginé. Cette fois-ci, ces grands inquisiteurs s'arracheront leurs cravates puis déchireront leurs vêtements car doivent-ils se demander « il appelait au changement de braquet rien que pour ça? Merde alors!».

Des dizaines étaient celles et ceux qui nous avaient appelés à réagir et à publier un papier de mise au point. Mais, nous ne sommes pas de cette espèce d'individus à répéter ce que disent les gens pour contenter la foule. Nous ne réagissons pas sous le diktat de qui que ce soit. Ce n'est pas parce qu'une masse de commentateurs crie au scandale que nous allons nous mettre à courir dans tous les sens. Notre préoccupation n'est pas de ravir des tonnerres d'applaudissements de celles et ceux qui lisent nos écrits. Nous avons des problèmes; nous essayons de leur chercher des solutions. C'est là notre intérêt. Dans cette quête, nous pensons par nous-mêmes. Il ne s'agit pas pour nous d'un concours littéraire ni d'une simple joute oratoire dont l'issue serait de connaître le meilleur orateur. Notre problème est ailleurs. Il s'agit de sortir notre peuple définitivement d'un régime colonial pour bâtir une démocratie effective. Cette entreprise est suffisamment sérieuse pour ne pas être inscrite dans le registre de la démagogie et des incantations qui, une fois en face des réalités, se transforment en bégaiements et autres digressions.
Un discours démagogique peut mobiliser les foules mais il ne suffit pas pour passer à l'action. Et c'est là les limites qu'on connaît dans ce territoire. Une fois les foules mobilisées, ne sachant dans quelle direction aller, on fait le dindon qui étale ses plumes, tourne en rond, perd des plumes puis revient dans ses proportions. C'est la doctrine des prétentions.

Une haine qui empêche de travailler ensemble

Une fois qu'ils reviennent dans leur lit telle une rivière après sa crue, les mêmes qui s'étaient montrés plus que prétentieux viennent prôner l'unité. C'est louable de parler d'unité. Seulement, la duplicité réside dans ce que ceux qui viennent entonner le chorus de l'unité sont ceux-là même qui la pratiquent le moins. Dans leur souci du « m'as-tu-vu? » et du « que mon frère tombe afin que moi, je prenne sa place », beaucoup parmi nous adorent secouer sur le seuil d'autrui la poussière de leurs souliers. Ils en arrivent à salir les autres et à colporter sur eux des mensonges les plus infâmes. Ils aiment casser du sucre sur le dos de ceux qu'ils appellent encore il y a quelques minutes leurs amis ou camarades. Notre prétendue « lutte jusqu'à la victoire finale » se déroule en réalité dans un climat délétère fait de détestation inavouée, de petites calomnies entre « combattants » qui s'échangent des accolades en public pour mieux cacher les coups de couteaux qu'ils s'échangent à l'ombre. Il y a trop de haine entre nous, trop d'inimitié, trop de cynisme, trop de querelles de bas étage, trop de coups tordus, trop d'hypocrisie, trop d'alliances de circonstance juste pour torpiller l'autre ou les autres. Le camp des soi-disant combattants est miné de l'intérieur. Des sujets mineurs sont très souvent dramatisés et prennent des dimensions inédites. D'insignifiantes affaires de moeurs en viennent à séparer des gens qui se disent frères de combat de longue date. L'esprit de scission a élu domicile dans nos rangs. L'esprit de factions a triomphé. En résumé, on ne s'aime pas.

Cette ambiance négativement concurrentielle et ridiculement haineuse handicape notre marche commune. Elle étouffe également toute oeuvre et réflexion collectives. Au lieu d'être tournée vers l'extérieur, la débauche d'énergie ruine à l'intérieur. Tant que ces actes et attitudes ne cesseront pas, c'est peine perdue de vouloir créer les conditions objectives pour une démocratie au Togo. Car, se sont les hommes qui portent les idées et qui les font triompher. S'ils ne s'aiment pas, s'ils ne se supportent pas, s'ils se détestent en catimini autant oublier tout le reste.

L'enfermement dans une position figée et victimaire

Ce qui se passe est non seulement terrible pour nous mais il l'est aussi pour les générations à venir. Nous avons réussi tout seuls à nous enfermer dans une posture victimaire, pleurnicharde et sans issue. Cette posture nous pousse à ne voir la solution au mal togolais que par le viseur des armes à feu. « Aux armes! Aux armes! Seules les armes nous sauveront!» crie-t-on. Une fois ce postulat posé, on l'élève en doctrine inattaquable. Cette posture est sans issue tout simplement parce qu'elle nous enferme dans l'étau des armes à feu imaginaires et d'une rébellion armée mythique. Le fait - et nous sommes bien obligés de le dire - est que jusqu'ici nous sommes les mains vides dans un contexte géopolitique que visiblement nous ne comprenons pas du tout. Nous n'avons même pas un couteau suisse. Même pas une fronde. Et pourtant, on entretient l'illusion que les armes nous seraient fournies un jour jusqu'ici hypothétique, par une main quasi divine.

Lorsque vous posez la question de savoir d'où viendraient les armes, on vous répond en grattant le crâne « Euh, euh, euh, on les aura. Vous allez voir! Un jour on les trouvera. N'y a-t-il pas au Libéria, au Sierra Léone, en Côte d'Ivoire, au Nigeria des armes qui circulent? Eh bien on va en acheter de ces pays-là! » Et lorsque vous poursuivez la curiosité pour savoir d'où viendra l'argent pour cet achat, on vous dit « euh, euh, euh, euh, on va cotiser ou bien on s'adressera à des pays ou dirigeants amis ». « Ah bon, vous avez des alliés dans votre lutte? », « oui bien sûr!».. « Lesquels?»... « on va contacter x ou y et Al Qaida au Maghreb, les responsables de la rébellion Touareg...». Là, on est partagé entre le rire et les larmes. A la fin de la conversation, on vous apprend que pour des raisons de stratégie, le reste du plan ne doit pas être déroulé à la place publique. Celle-là est la meilleure. Tout le monde en abuse y compris les plus « grands opposants » qui n'accouchent jamais leurs savantes stratégies en public. Et attendant ce « jour du seigneur », toute autre réflexion doit être bannie. Toute autre voie énoncée doit être considérée comme une astuce satanique menant à la collaboration avec la tyrannie des Gnassingbe et Alliés. Mais en agissant comme on le fait, l'on ne se donne pas tous les moyens pour affronter le mal. On se coupe de pas mal d'idées et de chemins qui croisant d'autres, pourraient nous amener à la solution. Et c'est cette façon bouchée, figée de procéder qui prolonge la vie de cette dictature effroyable . En prétendant la combattre, on la vivifie et la revigore. Celles et ceux qui enferment notre peuple sur ce territoire dans ce schéma, sont des idiots utiles de ce régime. Plus ces idiots utiles prennent de la place, moins le système se préoccupe de son avenir qu'il sait garanti d'office. Plus, ils utilisent leur arme de prédilection, c'est-à-dire le cri dans le vide, l'aboiement et les menaces qui ne dépassent guère la rhétorique illusionniste, ces idiots utiles du RPT maintiennent le système colonial en vie.

Dans toute entreprise, lorsque vous passez 20 ans ou 30 ans à ramasser de piteux résultats, il faut questionner vos méthodes et vos moyens. Or, chez nous c'est interdit. Il faut avancer au même rythme, mieux, il faut accélérer même si le ravin n'est pas très éloigné de nos pieds. Le bilan d'étape est interdit. Il faut foncer droit dans le mur et une fois au pied du mur, on se fait passer pour les Hébreux et on convoque, pour nous fortifier dans la bêtise, le mythe biblique des murs de Jéricho qui s'étaient effondrés par la simple volonté divine après le défilé sept fois autour de la cité pendant sept jours au son des trompettes. Cette naïveté est suicidaire. Au lieu d'être incessamment imaginatif et plus inventif, puisqu'étant seuls, on se met à imaginer des alliances. On se met à inventer des extraterrestres, des deus ex-machina qui viendraient livrer un jour le combat final pour nous et ravir le pouvoir des mains de ses détenteurs pour nous le remettre tranquillement. Et ce sera la fin de nos souffrances, la fin de l'histoire. Qu'elle est belle cette fin! Toutefois, elle n'est que trop belle pour être vraie. Ce rêve collectif c'est du pain béni offert sans frais aux apôtres du système.

Il faut donc redonner la confiance au peuple certes, mais cela ne peut être réalisé que si on l'éloigne des sentiers du Dieu représenté par cet homme blanc, à la barbe blanche et en tunique blanche dessiné dans « Réveillez-vous! » des témoins de Jéhovah. Cette confiance ne peut venir que d'un travail de formation citoyenne, militante et politique pur jus. Et si les religieux devraient s'en mêler, ils ne devraient le faire que si et seulement si la politique l'emporte clairement sur une simple expression de la foi semée en Afrique par le coran et la bible avec l'appui de l'épée et du fusil. Mais si la foi l'emporte, comme c'est le cas actuellement, cela signifie que nous ne sommes pas sortis de l'auberge. On est encore sous les ailes d'un père qui est aux cieux et qui ne nous aura pas délivré du mal pas plus qu'il ne nous aura fourni le pain quotidien vu le creux dans nos estomacs dans ce pays. Toute stratégie de regain de confiance populaire doit sortir notre peuple de toute tutelle. C'est d'une prise en main collective dont il est question. Penser par soi-même, s'organiser par soi-même, tracer les axes du combat par soi-même et avancer par soi-même avec une intelligence redoutable qui aide à anticiper les erreurs, les fautes et les difficultés pour les corriger à temps. Voilà ce dont il est question.

Si Eyadema Gnassingbè nous a offert en héritage son fils sur le testament rédigé et validé par la France, c'est qu'il avait étudié méthodiquement la psychologie de notre peuple. La France et Eyadema Gnassingbè savaient la réaction du peuple africain au Togo. Ils l'avaient donc anticipée et défini la méthode pour la bloquer. Ils savaient que les émotions et les frustrations s'exprimeront mais qu'en revanche, rien d'organisé ne sera fait. Et comme attendu, nous avons répondu à leurs attentes. Nous n'imaginons plus d'autres alternatives. Nous mettons les sabots à nous-mêmes et il ne reste au système qu'à avancer tranquillement. C'est ce à quoi nous assistons aujourd'hui.

La dilapidation imbécile des énergies

La politique, c'est comme les mathématiques. Si vous offrez un ami d'hier à vos adversaires, ils viennent de gagner un pion de plus et vous, vous en perdez un. Dans le jeu des rapports de force, la conséquence de cette générosité imbécile c'est qu'un camp tient l'avantage. Pour cela la dilapidation des énergies à laquelle on assiste à l'heure actuelle est un immense service rendu au système qui récupère des billes que nous perdons bêtement. Dans une situation comme la nôtre, si vous ne pouvez pas gardez vos amis parce que vous estimez qu'ils vous ont trahis, au lieu d'en faire des ennemis tout emballés et expédiés dans l'autre camp, il faut les neutraliser. Et là aussi, il existe plusieurs méthodes, seulement il faut y réfléchir.

La question à l'origine, nous semble-t-il, de la scission est que certains veulent aller au gouvernement alors que d'autres veulent rester en dehors. Pour nombre de Togolais cette question est insoluble et donc, elle ne peut trouver de réponse que si on procède à une scission. Il faut qu'il y ait rupture et que chacun lave publiquement le linge sale partagé en intimité hier. Il faut qu'on se diabolise mutuellement. Peu importe ce que cela coûte en dommages. Pour nombre de togolais ce qui est en jeu c'est le titre de l'opposant absolu, du « vrai » opposant, celui-là qui sait faire dans les incantations et le discours démagogique de la stratégie secrète. Et comme n'importe quel titre, il faut le disputer. Il vaut mieux que rien. Même s'il est sans trophée. Or, pour empêcher une guerre supplémentaire – puisqu'on n'en a gagné aucune jusqu'à présent– dans le rang des "démocrates", une autre solution était possible. Mais pour ce faire, il fallait parler stratégie.

Penser en des termes de stratégies les plus efficaces possibles

En termes de stratégie, on peut laisser ceux-là aller au gouvernement et les utiliser en notre faveur. On peut non seulement s'en servir pour conquérir quelques espaces mais aussi comme pions au lieu de les offrir gracieusement au RPT. Au contraire, on les voue aux gémonies afin qu'ils aillent rejoindre le pouvoir sous prétexte que là est leur destination puisqu'on vient de découvrir qu'ils sont des agents doubles de longue date. Ce qui du coup renforce le système contre nous. Devons-nous simplement rappeler aux idiots utiles du système que dans les guerres les plus sanglantes, chaque camp infiltre l'autre pour avoir des informations sur le déplacement de ses troupes, ses stratégies de guerre, son matériel, ses effectifs et toute chose pouvant aider à développer une contre-offensive efficace. La France rompue aux guerres coloniales qui en livre d'ailleurs une au peuple africain au Togo au travers du RPT, sait tout ceci. Ainsi infiltre-t-elle toutes les strates de la société pour s'offrir une base de données extraordinaire sur chaque groupement, amicale, association, syndicat et parti politique. C'est à ce prix qu'elle sait qui fait quoi, quand, avec qui et avec quoi. A ce coup là, pas besoin de traitres parmi les « combattants » pour filer des informations au camp adverse qui sait ce qu'il fait, ce qu'il veut et s'est tout simplement donné la stratégie qu'il faut pour gagner. Pendant ce temps, les inventeurs de la stratégie qu'on n'accouche pas en public dorment et attendent un combat dont ils ignorent tout. Ils n'ont aucune idée ni des forces en présence, ni du timing des hostilités, ni sur leurs propres forces et faiblesses.
Pour eux, la seule stratégie -si on peut l'appeler ainsi- viable et victorieuse consiste à garder toute distance de l'adversaire, à se vanter plus blanc que neige, à dire « Eh oooh! vous nous voyez, nous avons toujours dit que seul le fusil est la solution. Donc nous sommes les vrais opposants. Les autres sont des faux, ils mangent avec le RPT. Ce sont des traitres. » En somme, tant qu'il n'y aura pas d'armes à feu, vive le RPT. Et à cette allure, le RPT restera pour longtemps encore au pouvoir puisque les armes ne tomberont pas du ciel.
Ce qui peut davantage réconforter le RPT, c'est qu'il sait que l'évocation des armes comme incontournable solution est un vieux rêve sans cesse renouvelé. Des générations entières y avaient pensé mais n'avaient pu le réaliser faute d'un vrai travail d'organisation et de discipline. Toute chose qui n'a pas été corrigée à ce jour. Au final, si le système au Togo peut avoir de façon définitive une opposition toute catégorie confondue qui lui oppose rien que le discours de la révolution armée mythique ou de la prière, eh bien, il pourra même la promouvoir.

Pendant que le chaos se préparait, nous nous regardions le nombril

Les raisons qui ont conduit au chaos organisé dans les rangs de l'UFC étaient visibles et nous en avions parlé à l'époque. Mais personne n'a daigné écouter. On n'avait pas fini de se regarder le nombril pour lever la tête et prêter oreille attentive à ce qui s'annonçait. Le fait est qu'un certain nombre de togolais ont contribué activement à ce mélodrame. Ils avaient promu M. Fabre à la place de M. Olympio en suivant les autorités françaises qui leur avaient promis leur soutien en cas de victoire de leur joker. Dans ce scenario qui va conduire à la guillotine collective, deux capitales ont joué un rôle de premier ordre. Accra et Paris. Pendant qu'on coupait les herbes sous les pieds de M. Olympio à Paris en créant le FRAC nargué par la France à la fin du film, à Accra, Faure Gnassingbè lui-même s'était chargé de convaincre via les autorités ghanéennes, Olympio à faire autre chose. Tout ceci visait à confectionner un gilet pare-balle à Faure Gnassingbè. Cette opération superbement montée connaît une réussite foudroyante et implique deux considérations.
D'abord, aujourd'hui, pour pouvoir atteindre Faure Gnassingbè, la cible initiale, il faudrait qu'un camp vainque l'autre avant tout. Entre les deux branches de l'UFC, l'une doit terrasser l'autre d'abord. Faure Gnassingbè est hors de portée et il peut souffler - en tout cas pour un moment- car le centre du combat est déplacé. Le bout du canon n'est plus tourné vers lui. Grâce au coup de l'intercalaire, on a glissé entre Faure Gnassingbè et le FRAC, un écran que ce dernier pouvait éviter d'affronter s'il avait été un peu plus industrieux.
Ensuite, les conséquences du succès de cette opération ne vont se faire sentir véritablement que lors de futurs vols électoraux du RPT. Pour expliquer ses « prochaines victoires », Faure Gnassingbe dira ou fera dire qu'il a réussi là où son feu père a échoué. Lui, il a réussi à casser l'opposition autrement que son père qui était même incapable de le faire à coup de fusil et de marteau. En conséquence de cette prouesse, le peuple lui témoigne sa reconnaissance et le gratifie de 65 à 70 sièges à l'assemblée nationale en 2012 et des années supplémentaires à la présidence après 2015.

Mais, il faut aller beaucoup plus loin dans l'analyse. Outre le système qui ne souhaite plus une UFC forte dans le pays, certaines personnalités du FRAC n'en voulaient pas non plus. Ces personnalités n'auraient pas trop pleuré de voir les anciens partis d'opposition s'offrir en ridicule. C'est comme au temps où la candidature de Yamgname fut rejetée. Beaucoup l'ont déploré en public mais n'en sont pas moins ravis en coulisses. Ces gens qui savent qu'une UFC trop forte dans le pays écrase leur avenir politique eu égard à leur passé mitigé, ont intérêt à pousser à la bagarre interne à l'UFC. C'est cela la politique: le calcul permanent. En misant sur l'avenir, pousser la tendance UFC au sein du FRAC à affronter violemment le courant hors FRAC remet le compteur à zéro. Le terrain redevient vide et eux pourront s'offrir le beau rôle de nouveaux messies pour les années à venir. A ce niveau le courant UFC au FRAC aurait dû savoir qu'il perdait plus qu'il gagnait sur le moyen et long termes. L'unique leçon qu'on peut tirer de cette tragédie est que lorsqu'on n'est pas autonome intellectuellement, on est influençable. Et plus on est influençable, plus on est susceptible de prendre des décisions qui vous font haïr vos amis et aimer vos ennemis. Peut-être devrions-nous passer par cet épisode pour enfin commencer une véritable théorisation de la lutte.

Si on avait accompli ce travail de théorisation, on aurait pu savoir gérer au mieux les opinions diverses au sein du mouvement lors de la prise d'une importante décision. De même, on aurait pu savoir l'attitude à adopter lorsqu'un membre est arrêté ou savoir à quel moment opéré un changement de méthodes. Car, il n'est pas un crime de changer de méthodes. Seuls l'objectif et la cible ne varient guère. Les méthodes, elles, pour arriver à atteindre l'objectif peuvent subir des modifications et des adaptations en fonction du temps, de la disponibilité des ressources et du développement par le camp adverse de nouvelles ou plus redoutables tactiques.

S'arrêter un moment pour évaluer les possibilités

Nous ne pensons pas que l'on puisse s'engager dans l'action politique sans s'arrêter à un moment pour analyser les possibilités de succès ou d'échec. Trop souvent beaucoup se jettent dans la politique de façon irréfléchie et émotionnelle, alors que la politique en particulier dans une situation coloniale est une affaire de sang-froid, de calculs froids et non de coeur. Il s'agit d'éliminer le colonialisme par tous les moyens, nous disons bien par tous les moyens. Il faut donc que nous formions suffisamment bien les nôtres de sorte qu'ils aient une meilleure compréhension de ce qu'ils sont appelés à faire et comment le faire.