mercredi 19 novembre 2008

Sarkozy : quand l’insolence reçoit le prix du courage.

19 septembre 2008
Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

Le ridicule ne tue pas. Vraiment !

Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa vient de recevoir le prix du courage politique décerné par la Revue Politique Internationale. Etes-vous jaloux ? En tous les cas, ce qui compte c’est de reconnaître au Roi des Gaulois, gesticulateur à rayonnement international, qui réussit à éteindre le soleil en prononçant des mots, le mérite de ce prix qui a été déjà décerné à Sadate, à De Klerk et à Jean Paul II. Vraiment Sarkozy le mérite. Au centuple même !

Sarkozy n’a-t-il pas eu le courage de traiter les jeunes des banlieues, de racaille qu’il faut nettoyer au karcher pour ramener la paix menacée en France ? N’a-t-il pas promis aux Français qu’il ira chercher la croissance avec les dents pour leur offrir ainsi plus de pouvoir d’achat ? Ne s’est-il pas attaqué violemment aux héritages de mai 68 ?

En ce qui concerne l’Afrique, et c’est ce qui nous intéresse beaucoup plus, Sarkozy, lors de la campagne présidentielle de 2007, a déclaré que la France n’a pas besoin de l’Afrique pour sa croissance. N’a-t-il pas clamé qu’il mettra fin tout de suite aux réseaux françafricains obscurs ? Le glorieux bateleur en chef n’a-t-il pas eu le courage de parler de la diplomatie des droits de l’Homme ?

Mais, il devient encore plus courageux lorsque les 52% de géniaux Français lui accordent le pouvoir. Tout de suite, Sarkozy forme une équipe gouvernementale marquée par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Déclarer la guerre aux immigrés et aux sans papiers - des Hommes après tout - pour ne cesser de se proclamer président des droits de l’homme dans un pays qui se dit « Patrie des droits de l’Homme ». Quel formidable courage !

Rejetant lors de la campagne déjà, les héritages de mai 68, Sarkozy n’hésite pourtant un seul instant à monter dans le yacht de Bolloré pour des moments merveilleux à Malte. Lui qui a toujours vomi les excès issus de mai 68, se montre extrêmement friand de luxe avec les rolex et autres bling bling.

Le handsome boy Sarkozy a divorcé quand il le fallait et s’est remarié de suite. En compagnie de sa nouvelle compagne, le brillantissime Sarkozy est allé à Disneyland puis en Egypte avec le fils de sa sainteté Carla sur l’épaule. N’est-ce pas du courage ?

Un autre acte de courage du Roi Soleil, c’est de réussir à tisser une amitié avec les patrons de la presse et à mettre les journalistes dans un tracteur, comme des moutons, pendant que lui-même joue au cowboy sur un cheval blanc.

A Guilvinec, en novembre 2007, les pêcheurs manifestent. Le courageux ira leur parler. Il sera encore plus courageux lorsque quelques uns des manifestants lui lancent des insultes et revendiquent une augmentation de 140% de salaire comme lui. Il réplique au coup par coup et courageusement, il demande à ses agresseurs de descendre pour des explications mano à mano. Plus récemment, en février 2008, au salon de l’agriculture, dans un bain de foule, un visiteur lui lance « touche-moi pas, tu me salis ! ». Le courageux de la République française lui répond du tac au tac « casse-toi alors ! Casse-toi, pauvre con ! » Génial courage, n’est-ce pas ?

Acculé par des journalistes qui lui rappellent sa promesse sur le pouvoir d’achat, Sarkozy dira que les caisses sont vides. Alors qu’il a violemment tancé quelques jours auparavant son Premier ministre, François Fillon, pour avoir déclaré être à « la tête d’un Etat en faillite ». Quel courage politique !

Sous la pression toujours, le candidat du pouvoir d’achat devient courageusement le président du « Travailler plus pour gagner plus ». Cette fumeuse idée qui véhicule l’illusion qu’il faut travailler plus pour avoir les moyens de ne plus travailler. Puis, le jouissif Sarkozy appelle les Français - impatients matérialistes - à l’espérance religieuse et à entrer dans la « politique de civilisation » chère à Edgar Morin.

Conséquence : les bling bling et l’insolence sarkozistes sont durement sanctionnés. Sarkozy chute vertigineusement dans les sondages, qui vont le recadrer. Courageusement, Sarkozy entre enfin dans « le costume présidentiel ». C’est la fin des galipettes ?

Eh ben non ! Car Monsieur «Une idée nouvelle par jour», un des plus fervents défenseurs du capitalisme sauvage, proclamera lorsque le système plonge dans la crise, qu’il faut trouver les responsables et punir les coupables. Quel courage encore !

Quant à l’Afrique, après les courageux propos de campagne, place maintenant à l’exercice du pouvoir. Puisque la France n’a pas besoin de l’Afrique, comme la diplomatie française va désormais se fonder sur les droits humains et puisqu’il faut rompre avec la Françafrique, Sarkozy reçoit ou visite Sassou Nguesso, Bongo, Deby, Khadafi, Dos Santos, Mbeki, Bouteflika, Wade, Gnassingbe…

Courageusement, «l’homme aux trois cerveaux bien irrigués» renvoie Bockel qui a voulu imiter le courage de son patron en prétendant «signer l’acte de décès de la Françafrique agonisante». Fatale imitation ! N’est pas courageux qui veut. Bockel est viré et remplacé par Alain Joyandet qui ira présenter des excuses de la France pour les écarts de Bockel, en compagnie de Claude Guéant et de Bruno Joubert, respectivement secrétaire général et conseiller Afrique de l’Elysée, au Gabon le 10 avril 2008, au vieux crocodile françafricain Bongo. Bravo Sarkozy, le Courageux !

La France n’a pas besoin de l’Afrique. Mais garder les comptes d’opérations qui confisquent, jusqu’à une date récente, 65% de avoirs en devises des pays de la zone CFA, et où se trouvent aujourd’hui 50% de leurs avoirs, c’est être courageux. En marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne, le 8 décembre 2007, recevoir Faure Gnassingbé dans sa chambre d’hôtel pour lui rappeler que Bolloré est sur les rangs de la concession du port autonome de Lomé, et que quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises : n’est-ce pas très courageux ?

La Françafrique est plus que jamais vivante. « Les réseaux d’un autre temps dont il faut se débarrasser », promesse du courageux candidat à la présidence lors de sa visite au Bénin, sont remis au goût du jour avec Robert Bourgi, le nouveau Foccart. Quel courage encore !

Sarkozy sait faire preuve aussi de courage militaire lorsqu’il s’agit de voler au secours d’un pion françafricain. Ainsi, en février 2008, acculé par une rébellion armée, Idriss Deby reçoit l’appui de son nouveau parrain. Faut-il rappeler que Sarkozy est allé courageusement chercher les trafiquants de l’Arche de Zoé « quoi qu’ils aient fait » ? Quelle bravoure aussi que de s’attribuer la libération des infirmiers bulgares de chez Kadhafi.

Le summum du courage présidentiel, c’est lorsque sur la tombe des massacrés de Thiaroye au Sénégal, Sarkozy prononce devant des Africains, le 26 juillet 2007, un discours dans lequel il dresse un bilan comptable de l’esclavage et de la colonisation ; deux idées géniales qui se sont corrompues malheureusement dans leur réalisation, et qui malgré tout, ont donné à l’Afrique des écoles, des routes, des dispensaires… et une civilisation ! Dans ce discours, Sarkozy rappelle que le drame de l’Afrique, c’est de ne pas avoir encore intégré l’Histoire. Prononcer ces mots en terre africaine devant la couche la plus vitale de sa population, sans craindre d’être lapidé ou que son auditoire vide la salle en guise de protestation dès les premières injures, n’est-ce pas être d’un courage excessif ?

Dire toutes ces abjectes vulgarités sur les Africains et avoir trois africaines à des postes ministériels de son gouvernement, puis nommer encore un préfet noir, n’est-ce pas courageux ?
Pour tous ces actes, Son Excellence Sarkozy, vous méritez le prix du courage politique 2008. Tout comme celui de « l’homme politique de l’année », distinction remise fin septembre par la très religieuse fondation Appeal of Conscience. Vous méritez aussi le prix du Humanitarian Award de la Fondation Elie Wiesel, laquelle attribue son prix à « des êtres exceptionnels qui ont consacré leur vie à combattre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice ». Sarkozy est un homme exceptionnel, tolérant et juste !

Le Dalaï Lama, pressenti pour le prix du courage politique 2008, doit attendre. Il y a eu bien évidemment plus courageux que lui.

Comme un prix n’a de qualité que par celles de ceux qui le donnent, le prix du courage politique dont Sarkozy vient d’être récipiendaire est décerné par la Revue de Politique Internationale. Cette Revue est dirigée par Patrick Wasjman[1], qui se trouve être – par un heureux hasard - le conseiller en relations internationales de Patrick Devedjian, successeur de Sarkozy à la tête de l’UMP. Bref, c’est une revue dirigée par un UMP, conseiller du président de l’UMP qui attribue le prix du courage à un UMP. C’est une bonne chose quand entre amis, on se congratule, non ?

Ce qui rend ce prix encore plus honorable – sans rire -, c’est que la Revue Politique Internationale est une revue qui s’est distinguée avec la publication de fausses interviews. Elle a publié une fausse interview de Barack Obama en pleine compétition pour l’investiture démocrate en 2007. Le porte-parole de Obama, Ben LaBolt avait qualifié l’interview de « supercherie incroyable ». Il en était de même pour Allan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale dont la porte-parole d'Alan Greenspan, Lisa M. Panasiti, déclarera que jamais, son patron n’a accordé d’interview à la Revue.[2] Quelles courageuses supercheries à vrai dire !

Etrangement, ce prix, à quelques exceptions près, ressemble à l’autosatisfaction que s’attribuent les pions africains qui invitent à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes, leurs clients des fondations et autres instituts bidons pour leur décerner des gadgets sous forme de titres ronflants. Il en est ainsi par exemple des Honoris Causa, Père Magnanime de la Paix… reçus par feu Eyadema Gnassingbé.

Compte tenu de tout ce qui est dit, Vaillant Sarkozy, vous méritez véritablement le prix du courage politique. Continuez l’agitation, les provocations, les discours creux, les pantalonnades, les palinodies, les jonglages. Car, si vos shows médiatiques sont considérés comme du courage au point d’en être récompensés, c’est que si vous allez plus loin, vous aurez le Prix du Superhomme Politique.

On aura vraiment tout vu ! Même l’insolence est couronnée. Quelle belle époque !

[1] http://www.lejdd.fr/cmc/international/200846/sarkozy-fait-son-eloge_164820.html
[2] http://www.rue89.com/mon-oeil/2007/09/05/une-fausse-interview-dobama-dans-politique-internationale

samedi 15 novembre 2008

MISE AU POINT DE RODRIGUE KPOGLI


A PROPOS DES REACTIONS SUR LE TEXTE : RETOUR DES BREBIS PERDUES ?

15 novembre 2008
Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com

En date du 07 novembre 2008, nous avons signé un texte : Togo : le retour des brebis perdues ? Ce texte suscite plusieurs réactions auxquelles, nous apportons des précisions suivantes :

1. Retours : bonne ou mauvaise chose.

La question ne se pose pas en ces termes. Nous disons que tous les Togolais ont le droit de sortir et de revenir. C’est un droit inattaquable. Mais là où se trouve le problème, c’est annoncer urbi et orbi, sa rentrée au Togo. C’est une belle publicité gratuite pour un pouvoir qui demeure antidémocratique, tyrannique et qui amasse ces coups de publicités pour justifier d’éventuelles tricheries électorales. D’ailleurs, Republicoftogo.com dans un article intitulé « Retour d’Exil », publié le 10 novembre 2008, s’est exclamé triomphalement en des termes suivants : « La politique de réconciliation prônée par le président Faure Gnassingbé porte ses fruits. De nombreux opposants exilés en Europe et en Afrique sont revenus au pays ces derniers mois. Dernier en date à annoncer son retour, Jean Yaovi Dégli… »

2. Déclencher une « polémique malsaine ».

Le texte n’a pas pour objet de susciter une polémique malsaine. Encore une fois, nous nous sommes épanchés sur la stratégie utilisée pour rentrer au Togo et non sur le choix des uns et des autres que nous respectons, absolument. Notre intérêt s’est plutôt porté sur les retours annoncés avec fracas qui, à contrecoup, rendent service au pouvoir en place.

3. Rentrer au Togo pour quels objectifs ?

Pour raison familiale (privé) ou pour raison politique (publique), tout Togolais à l’étranger, a le droit de retourner au Togo. Il faut, pour éviter la confusion, préciser l’une ou l’autre dans les annonces que l’on fait. Mais faire passer sa rentrée sous le manteau politique et la présenter sur des médias comme un acte courageux de lutte patriotique puis déclarer plus tard qu’on est allé voir sa mère malade, soutenir son oncle alité, visiter la tombe de sa cousine, assister à une messe, visiter sa communauté villageoise en fête, assister aux funérailles d’un de ses parents,… est discutable. Pardon ! Mais ces actes, aussi sympathiques et touchants soient-ils, ne sont pas d’ordre public. Ils n’intéressent pas tout le monde.

4. Un retour au bercail avec une stratégie politique concertée.

C’est une bonne chose pour la lutte démocratique au Togo si des Togolais exilés depuis des années, retournent sur le terrain avec à l’idée de se mettre en rapport avec des structures politiques et citoyennes qui y œuvrent encore. Mais ceci serait encore plus rentable si ces retours sont concertés, discutés avec d’autres personnes ou organisations au sein de la diaspora. Avec une telle méthode, ces retours au Togo sont mieux organisés. Ils ne seraient donc pas qu’une initiative privée, personnelle annoncée sur des médias, ouvrant la voie à toutes les spéculations possibles.

5. L’implication de la diaspora dans le combat pour les droits au Togo.

La J.U.D.A est l’une des rares organisations citoyennes à revendiquer publiquement et à plusieurs reprises, une place pour la diaspora dans toutes les initiatives politiques. Cet acharnement a poussé des voix -notamment dans une émission sur Radio Nostalgie à Lomé, sur les discussions à Ouagadougou, le représentant de la jeunesse du CAR- à traiter la J.U.D.A d’une organisation « mandatée pour la diaspora » ou « porte-parole de la diaspora ».

6. Hier critiquant les Togolais d’être restés à l’extérieur, aujourd’hui critiquant ceux qui retournent au Togo.

Des esprits allumés ont cru pouvoir nous blesser en relevant des contradictions dans nos démarches. Contrairement à ce qu’ils croient, nous n’avions jamais reproché aux compatriotes de la diaspora de rester à l’extérieur. Nous avions plutôt souvent affirmé qu’ils ne doivent voir leur éloignement géographique comme une bouée de sauvetage. Au contraire, nous leur demandons de s’engager de là où ils sont, à travers des organisations effectivement présentes sur le terrain. Pour preuve, voici ce que nous disions dans notre communication du 08 juin 2006 lors de la conférence publique à Lomé sur le thème : quelle jeunesse pour le Togo ?[1]

« Chers frères et sœurs,

Quel doit être le rôle de la diaspora dans le combat du peuple togolais ? Nous préférons à la diaspora, le terme les Togolais de l’étranger convaincus des idéaux démocratiques car la notion de diaspora est plus large. Et nous savons qu’au sein de cette diaspora, il y a une forme de mafia qui se développe ; des gens qui sont entre deux avions matin, midi, soir et qui émargent à des milliers d’euro ou de dollars pour des services clandestins. Toutes ces informations, nous les connaissons. Donc, nous devons en interne comprendre qu’une partie de cette diaspora là, est inféodée au pouvoir mais parfois joue à la plus engagée en faveur de la lutte démocratique.

Ces Togolais de l’étranger attachés aux valeurs démocratiques doivent sortir de la nervosité idéologique caractérisée par le djihad verbal pour travailler à un schéma stratégique pour libérer le Togo. Ils doivent se constituer en une sorte de diaspora juive qui, par mouvement retour, apportera sa force à la libération du Togo. Ces Togolais de l’étranger doivent comprendre que la gouvernance par Internet (l’E-gouvernance) qui consiste à lancer des appels via l’Internet alors qu’aucun relais n’est sur le terrain, ne sert pas véritablement. Ils doivent être sur le terrain, en pleine en action à travers des structures effectivement engagées. Les liens de fraternités et de familiarité qui ont été jusqu’ici les canaux habituels par lesquels ces camarades opèrent, doivent cesser d’avoir droit de cité pour faire place à des alliances stratégiques objectives et intelligentes. »

A Paris, le 29 décembre 2007, lors de la journée citoyenne du MDTE, nous disions dans notre communication : quel fil rouge maintenant après les législatives, que pour remobiliser le peuple togolais, il faut entre autre « qu’on ait une diaspora organisée, engagée et qui fait du lobbying et fournit dans la mesure du possible de la logistique aux personnes et structures sur le terrain. Merci à ceux qui d’ici s’engagent pour le développement du Togo mais nous souhaitons souligner avec force qu’envoyer ou rentrer au pays avec des livres des Occidentaux ne contribue en rien à l’éclosion mentale de la jeunesse. Au contraire, on l’abrutit. Il vaut mille fois mieux envoyer au Togo un seul livre de Cheikh Anta Diop que d’y déverser des tonnes de livres qui nous enseignent à longueur de journée « Abalo et Afi vont à l’école ».[2]

7. Directeur de conscience ou juge. Diabolisation ou étiquette de traitres.

Le texte « Retour des brebis perdues ? » n’a pour ambition ni de juger ni de diriger la conscience de qui que ce soit. Au contraire, estimant que chacun est libre dans ses jugements, le texte a volontairement passé sous silence les motifs des « rentrants ». Le texte n’a ni diabolisé ni étiqueté qui que ce soit. Nous analysons tout simplement les conséquences politiques possibles de la médiatisation de ces retours.

8. Prison de la pensée unique

Grossière caricature ! La pensée unique, c’est justement demander à tout le monde d’applaudir ces retours qui, par leur déroulement, mélangent motif familial ou personnel et intérêt politique commun tout en utilisant astucieusement le second pour servir le premier.

9. Exil à vie ?

Aucun Etre humain intelligent ne peut souhaiter ni personnellement vivre en exil à vie ni le désirer pour ses compatriotes. Le problème n’est pas de connaître les partisans de l’exil permanent et de ceux qui sont contre. La question est de savoir éviter de prêter mains fortes- inconsciemment -au pouvoir tyrannique en place au Togo et de comment procéder pour rentabiliser au mieux les retours au bercail. Qui peut être heureux de quitter sa famille, ses amis, sa terre natale au point de vouloir perpétuer sa vie à l’étranger ? Ce manichéisme est le témoignage d’une mauvaise foi patente. Car, même les Noirs qui se sont retrouvés aux Amériques par la déportation esclavagiste, ne cessent de se frayer la voie du retour à leurs racines.

10.Toucher du doigt les enjeux, les carences et les améliorations à apporter.

C’est exactement ce à quoi s’est attelé notre texte. Réfléchir profondément sur les enjeux des publicités autour des rentrées. Quelles sont les carences de cette stratégie de communication et quelles peuvent en être les conséquences ? Retour solitaire ou concerté : lequel des deux est plus rentables ? Mieux organisé tout ceci avec l’appui des uns et des autres qui peuvent, soit contribuer en nature ou en idées, soit en fournissant des adresses au « rentrant. A moins d’avoir un agenda et des objectifs personnels (qui bien évidemment sont des droits mais qui méritent d’être clarifiés) qui n’ont tout de même rien à avoir avec le souci populaire de libérer le Togo de la tyrannie.

mercredi 12 novembre 2008

La libération de l’Afrique ne peut se faire que par les africains

11 novembre
Juliette Abandokwe


Au Congo, à Goma et sur le terrain, tout le monde sait parfaitement que l'infanterie angolaise est sur place, avant même qu'on en parle dans la presse et sur internet. Kabila veut rester discret sur la question, c’est un choix politique qui a ses raisons. La Monuc à son tour, au bénéfice d’un service de communication plus ou moins probant, avec ses choix politiques également, n'a qu’une maîtrise infime du terrain en fin de compte, en tout cas pas plus que les rebelles et les milices du terrain! Et surtout, pour des raison de crédibilité internationale, ne veut surtout pas l'avouer haut et fort. L'ONU ne peut pas connaître les collines environnantes de Goma mieux que les autochtones qui ont pris les armes..

Les oui et les non à ce sujet, ainsi que les accusations mutuelles diverses, ne sont que des manigances ethnopoliticiennes de surface, auxquelles nous devrions même refuser de nous intéresser, puisque manifestement une fabrication pour induire l’opinion internationale en erreur. Le plus important dans l'urgence, c'est l'intégrité immédiate et souveraine du territoire congolais, ainsi que la résolution du problème des centaines de milliers de réfugiés et déplacés, jetés sur les routes sans nourriture et sans soins. Une épidémie de choléra est d'ores et déjà déclarée. Les violences inouïes sur les femmes et les enfants, dans l'impunité la plus totale, ne connaissent plus de limites!

Sur un plan purement stratégique, si Kabila tente de contourner le chantage occidental en invitant les angolais à la rescousse, c'est une manière comme une autre de montrer à l'Occident que personne n'est indispensable. Dans l'absolu ce n'est pas mauvais. Il se retrouve ainsi dans une position similaire à celle de Mugabé, qui s'étant débarrassé des colons blancs du territoire zimbabwéen dans un élan libérateur de l'Occident, reste néanmoins un bourreau pour son peuple à travers une gouvernance dévastatrice.

Dans le cas du Congo, la condition du peuple congolais doit figurer en place no 1 sur la liste des priorités.. Mais voilà, là n'est pas sa place actuellement. On en parle certes, mais ce n'est pas en toute vérité la priorité no 1. L 'immobilisme de la communauté internationale présente sur le terrain, ainsi que de l'opinion publique internationale, est complètement intolérable. Tant que l’approvisionnement mafieux en ressources minières est préservé, et tant qu'on est bien chez soi et confortablement installé sur ses lauriers, en ce qui concerne particulièrement les diasporas, le reste n'a qu'une importance très minime, sinon inexistante.

Ce manque de responsabilité est extrêmement grave, et surtout rend la tâche très difficile, de par le manque de soutien intellectuel et de moyens, aux quelques uns qui cherchent à s'organiser pour agir. Car si certains s'évertuent, s'épuisent et se mettent en danger pour mobiliser leurs congénères, pour tenter de provoquer un sursaut véritablement et sincèrement patriotique, mais avec un succès si limité, c’est que le découragement a vraiment gagné du terrain.

Comment se motiver lorsqu'on fait face systématiquement à des compatriotes qui se désintéressent complètement de leur patrie après en avoir fui la misère.. Comment lutter efficacement lorsque les gens qui, par la distance, auraient les moyens intellectuels de lutter contre la propagande et les manigances ethnopoliticiennes des dirigeants de nos pays, que nous connaissons tous, tombent dans les rouages machiavéliques des pouvoirs en place, en jouant leurs jeux, de gré ou à l'insu de leur plein gré.

Car les forces de libération africaine qui sont là, sont complètement désintégrées et dispersées, à la grande joie des prédateurs qui font mine de ne rien voir, puisque tant qu'on ne leur fait pas trop ombrage, ils sont bien installés là où l'instinct de prédation les a installé, qu'il s'agissent des autochtones ou de ceux qui les soutiennent.

Les pays sont vendus aux multinationales, soit minières soit pétrolières. C’est elles, avec l’appui de la BM et du FMI, qui dirigent les pays africains. Les dirigeants-vautours ne sont en aucun cas l'expression de la volonté du peuple dont on se sert abusément. Comment peut-on faire croire au monde qu'un peuple a dit oui, alors qu'en réalité il a dit non. C'est une insulte monumentale aux peuples qui paient par leur sang et celui de leurs enfants, des dettes qui ne leur appartiennent aucunement, c'est un complot international, qu'on le veuille ou non. Ne sait-on pas que le oui n'a de la valeur si le peuple est en mesure de dire non?

Les pouvoirs en place sont devenus des monarchies avant l'heure. Avant que les inutiles rejetons – sorti du moule occidental - de ceux qui sont là aujourd'hui ne prennent le pouvoir, le système monarchique est déjà mis en route, et en plein fonctionnement. Le peuple n'a rien à dire. Il n'a qu'à se débrouiller avec la misère qu'on lui impose sciemment.

Les quelques uns qui tentent de composer dans le cadre d’un dialogue politique, choisissant une voie plus institutionnelle, n’ont pas choisi une voie beaucoup plus facile, si on exclu les motivations intéressées. Certes les moyens d’actions sont plus larges, mais un dialogue composé partiellement d’intervenants mafieux, et manifestement prêt à tous les coups pour garder leur pouvoir, ne peut pas avoir un résultat profondément réformateur et positif. Machiavel disait qu’en politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. On ne peut donc qu’espérer qu’il enclenchera une dynamique de changement et d’évolution politique, forçant en quelque sorte le régime en place à sortir de sa cristallisation prédatrice et autoproclamée. Il fait bien sûr toutes les grimaces du monde pour éviter la confrontation, car celle-ci met forcément son équilibre en danger. Accessoirement, on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Donc, à bon entendeur !

Mais pendant ce temps, les massacres plus ou moins institutionnalisés, perpétrés soit par les autorités elles-mêmes, soit par des milices armées alliées politiquement des uns et des autres, et la fuite de dizaines de milliers de personnes, sans compter la vie de misère radiculaire, sans même eau potable, deviennent une responsabilité dont personne ne veut s'affubler. Même les acteurs soi-disant à objectif humanitaire sont là pour des motifs inavoués, mais certainement pas pour ceux qu'ont aimerait croire. D'où encore l'endormissement accru de l'opinion publique occidentale qui aime déjà tant dormir.

Elle se réveille d'un oeil indifférent, lorsque les cadavres accostent les rives occidentales de la Méditerranée, à moitié mangés par les requins. Elle s'offusque lorsqu'elle voit trop de peaux noires dans son étroit champ de vision. Ah non! Tout mais surtout pas ça! Chacun chez soi. Et à chacun son assiette !

Encore une insulte monumentale aux peuples qui n'ont rien dans leur assiette, parce que les plus avides leur ont vidé leur assiette alors qu'ils tentaient même de la défendre. On a sorti les fourchettes pour manger, mais l'occident les a cassé avec leurs couteaux.

A l'heure qu'il est, ce sont maintenant les baguettes de chinois qui envahissent le terrain. C'était prévisible depuis des décennies! A l'heure de la Guerre Froide, les soviétiques craignaient déjà les baguettes des Chinois.

Dans cet immobilisme général, il est vraiment urgentissime que ce qui reste valide en Afrique, se redresse, lève le poing, et s'organise véritablement pour lutter de plus belle contre un état de choses auxquelles des millions se sont soumis depuis si longtemps. L'Afrique a perdu beaucoup de choses, mais elle n'a pas perdu sa Jeunesse. C'est une force inestimable sur laquelle elle doit pouvoir compter. Mais c'est aussi une force en danger, car déjà passablement prise en otage par les prédateurs qui cherchent à tout prix à paralyser tout élan de libération africaine.

Puisque les mouvements de lutte sont si difficilement viable sur le plan local, pourquoi pas alors s'organiser sur un plan transnational et panafricain. Car les obstacles, à quelques nuances près, sont similaires partout. Les prédateurs aussi se sont organisés d’une manière, à l'instar de l'UA, de la CEDEAO, ou de la CEMAC pour n'en citer que quelques unes. Donc, qu'attendant nous!?

Personne ne prétend qu'il est tâche facile de s'organiser, de s'associer de façon défensive, dans le cadre d'un système existant et bétonné. Mais nous savons tous que l’africain est très coriace! La preuve, malgré tous les cyclones et les tsunami, il est encore là. Et l'Afrique n'a absolument rien à perdre, au contraire, elle a tout à gagner. Et surtout sur le plan de la conscience. Car si sa conscience africaine a été anesthésiée depuis des siècles, imaginez sa force si elle se réveille. L’Afrique pourra largement gagner sur un plan offensif, soyons-en sûrs.

Mais il y a des conditions. Il faut agir de façon différente, de façon inattendue, et de façon surtout profondément intègre et patriotique, dans le respect de l'africanité qui caractérise l'Afrique profonde. La renaissance de l'Afrique ne peut se faire qu'uniquement dans ces conditions. Si elle tente de se faire sur le même chemin que les prédateurs de l'Afrique ont utilisé, l'échec sera garanti. L'Afrique doit à tout prix retrouver ce qu'elle a perdu dans son occupation par l'Occident. Elle doit renier et refuser tout ce qui ne correspond pas avec l'africanité qui la caractérise. Car ce sont les armes d'annihilation de la culture et des traditions africaines qui ont pour la plupart contribué à la ruine que l’Afrique connaît aujourd'hui.

vendredi 7 novembre 2008

Togo : le retour des brebis perdues ?

Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

Le Togo a changé. Illusion !
Et positivement. Supercherie illusoire encore !

Des Togolais renvoyés en exil par feu Eyadèma Gnassingbe, sont en train de regagner le bercail. Certains, définitivement. D’autres, par intermittence. Dans tous les cas, ces retours sont annoncés urbi et orbi via la presse. Et en clamant ainsi leur retour, ces « voyageurs » prouvent l’existence d’un Togo périlleux et dangereux pour les opposants. Ils se donnent donc une image d’hommes courageux, bravant la peur et l’insécurité en comptant sur la protection de l’opinion préalablement ameutée.

L’objectif – semble-t-il - de ces annonces tambour battant, est de se donner des garanties sécuritaires en alertant la communauté nationale et les observateurs étrangers. Une façon de rentrer au Togo sous le regard des uns et des autres en vue de dissuader le pouvoir en place et ses milices de tenter quoi que ce soit contre le nouvel arrivant.

Cette démarche astucieuse contre le régime togolais tartuffe par essence, est tout à fait compréhensible. Cependant, il faut affirmer que les « rentrants » rendent service au régime de Faure Gnassingbé « à l’insu de leur plein gré », quoi que, les véritables motifs des rentrants ne sont pas toujours transparents, mais ça c’est un autre débat. Comment justifier que le Togo demeure une dictature, ne garantissant aucune sécurité aux « opposants exilés » depuis une vingtaine d’années voire plus, et y retourner ? Rentrer au Togo, la peur au ventre d’être arrêté, kidnappé ou assassiné et y sortir sans égratignures, c’est au crédit du pouvoir en place. Croyant exposer le pouvoir, c’est plutôt l’effet contraire qui se produit, car si les ces exilés politiques peuvent retourner au Togo, aux yeux du monde, c’est que quelque chose a changé en bien. Ainsi, ces publicités gratuites claironnant ces retours sont au profit du clan Gnassingbe. Il est d’ailleurs remarquable qu’aucun des voyageurs ne mentionne des ennuis avec le pouvoir. Sauf, Eloi Koussawo qui a jugé utile de raconter ses aventures. Mais Koussawo a été complètement désavoué. Sur la toile, il a été lynché et qualifié de menteur. C’est peu dire que personne n’a cru à son histoire. Et cela, c’est au bénéfice du régime togolais.

De deux choses l’une, ou alors le Togo est une tyrannie où la peur et la répression élisent domicile. Et dans ce cas, revoir la terre natale est impossible, pour le moins provisoirement, aux exilés voulant y aller officiellement. Ou alors, le Togo a changé et est devenu une démocratie où chaque citoyen a le droit d’aller et de venir à son gré. Et dans ce cas, tout Togolais vivant à l’étranger ou non, peut entrer et sortir sans crainte et sans annonce.

En annonçant leur retour dans les media et en faisant le mouvement aller-retour, ces Togolais donnent au pouvoir un visage humain, et font de lui une démocratie qui n’attente plus à l’intégrité physique de ses opposants, et qui garantit la sécurité à tout Togolais. Ce qui en réalité est faux, si on se réfère au tout récent assassinat d’Atsutsè Kokouvi Agbobli.

Gilchrist Olympio, pourchassé pendant longtemps par le clan Gnassingbe est probablement celui qui a ouvert le bal des retours. Olympio est rentré au Togo depuis un an déjà. Ce qui fait dire à certaines personnes que le Togo a changé et que le fils n’agit pas comme son père. Les raisons du retour d’Olympio ne sont pas simplement le retour de l’enfant au pays, et sa position politique aujourd’hui mériterait d’être débattue, mais ce n’est pas notre préoccupation ici.

S’il est tout à fait exact que la lutte pour la démocratie au Togo, se déroule sur la terre togolaise aux côtés du peuple, il n’en demeure pas moins vrai que les retours dans les conditions actuelles, sont la confirmation de l’échec du combat démocratique. Car, après avoir osé la lutte, ces Togolais finissent par se rendre compte d’une évidence : celle de la réalité faite d’impuissance. Quand la chasse n’a pas été bonne, les chasseurs rentrent bredouille au bercail.

Ces démocrates, regagnent un pays sous une dictature bien plus féroce mais plus subtile qu’avant leur départ du Togo. A leur arrivée, ils verront un Togo dévasté. Un Togo, étranglé où la population rumine sa colère. Un Togo, en apparence libre, mais en réalité fermé et étroitement surveillé. Ils verront des médias (journaux écrits, radios et télévisions) en apparence ouverts et critiques alors que peu le sont vraiment. Ils verront des patrimoines publics abandonnés et un réseau routier en déliquescence avancée. Ils verront le tissu social en lambeaux. Ils trouveront un système médical complètement inexistant. Ils verront des Togolais plus misérables qu’avant. Ils verront une jeunesse laissée-pour-compte et qui vit de la débrouillardise. Ils verront l’insouciance des soi-disant dirigeants et mesureront le degré de leur criminalité. Ils verront que nos cimetières sont immenses et ne cessent de grandir. Alors, se rendront-ils compte de l’immensité de la tâche qui attend les Togolais. Ils s’apercevront que nos objectifs ne sont pas atteints et que la fin de la lutte est plus éloignée que le début. Ils s’apercevront que c’est le retour à la case départ et que leur histoire ressemble à quelques exceptions près, à celle du crabe qui est retourné dans la boue après avoir entretenu l’illusion d’une propreté définitive dans l’eau.

Cyniquement, pour le régime tyrannique togolais, ces retours sont du pain béni. Dans la perspective électorale de 2010, quelle bonne image que baby Gnassingbe se forge en laissant rentrer au Togo, ces opposants qu’Eyadema Gnassingbe n’a jamais voulu voir ! Le clan Gnassingbe utilisera ces retours comme des trophées de réconciliation et du changement durable. Car, sous Gnassingbe-père, il n’a pas été possible à ces exilés, de s’approcher de la terre natale. Ainsi, la victoire frauduleuse qui se profile une nouvelle fois à l’horizon 2010, sera justifiée par l’argument selon lequel le vote en faveur de Faure Gnassingbe est l’adhésion du peuple togolais à sa politique d’apaisement, de réconciliation et de changement. Laquelle politique aurait permis à des Togolais exilés de retrouver la terre natale. Le retour des vampires bailleurs de fonds sera aussi allégué.

On aura beau contredire cette version de l’histoire. Elle présente, cependant, une certaine logique argumentaire, aux yeux des observateurs étrangers ignorant les réalités locales. Déjà en octobre 2007, lors des législatives, le Rassemblement du Peuple Togolais au pouvoir depuis un demi-siècle bientôt, a expliqué sa victoire volée par l’adhésion des Togolais à la politique d’apaisement et de réconciliation de Faure Gnassingbe et avait mis en avant la présence de Gilchrist Olympio au Togo, comme preuve palpable du changement.

En définitive, ces Togolais veulent se présenter comme des hommes courageux, bravant la peur, l’insécurité et la brutalité d’un pouvoir sanguinaire. C’est perdu ! Ils sont d’ores et déjà, dans les mains du clan au pouvoir, des trophées de la réconciliation et du changement à brandir au bon moment, avec le credo que ce que le père n’a jamais voulu faire, le fils l’a réalisé. Cela fera partie des justifications qui nous seront sorties en 2010. Cela nous fera bondir, mais hélas ! Nous aurons du mal à convaincre. Puisque dans une logique purement stratégique, nous aurons perdu en étant incohérent dans nos analyses et démarches.