vendredi 22 août 2008

Cameroun: les crimes du pouvoir




LA PRISON DE NEW-BELL A FEU ET A SANG

Plusieurs morts et plus d’une centaine de détenus brûlés dans la nuit du 19 au 20 août 2008 à la prison centrale de New-Bell de Douala dont la plupart sont de ce quartier appeler quartier régime qui abrite en moyen 1600 pensionnaires sur les 3 800 prisonniers que compte cette prison.

Certains corps des détenus tués à la prison de New-Bell dans la nuit du 19 au 20 août 2008 à la morgue de l’hôpital laquintinie de Douala

Geremy Tchinda

Président de la Ligue Camerounaise des Droits Humains

BP : 2753 Douala-Cameroun

Té. : (00237) 33 00 22 75

Direct : (00237) 77 78 87 53

mardi 19 août 2008

Mise au point de la J.U.D.A

Le chauffeur d'Agbobli aurait confirmé avoir bel et bien déposé son patron à l'hôtel et non en route.

Le décès d'Atsutsè Kokouvi Agbobli a été une surprise pour les uns qui croyaient le Togo, sécurisé. Pour les autres, loin d'être une surprise, cet événement est la confirmation que le Togo n'est pas une démocratie garantissant à ses citoyens sécurité et vie.

Le 05 août 2008, à travers une déclaration au nom de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, nous condamnions les propos de Bawara qui voulait faire rosser à mort un journaliste, fut-il de son camp. Nous traitions ces propos comme « ...la preuve que Bawara et bien d'autres veulent perpétuer un Etat de terreur, d'intimidations, de démission et de sauvagerie à l'état pur sur la terre togolaise. » (1) . Alors que certains internautes avaient réagi en nous affublant de tous les noms d'oiseaux et soulignant leur lassitude quant à la cause que nous défendons, des voix ne se sont pas suffisamment élevées pour les contrer. De ces réactions, nous avions conclu que si des citoyens parvenaient à un tel niveau d'insensibilité et de mépris pour les principes et les valeurs, eh bien, nous n'aurons nos yeux que pour pleurer plus tard.

Dix jours plus tard, la nouvelle tombe soudainement. Le corps de M. Atsutsè Kokouvi Agbobli est retrouvé au bord de la mer. Stupeur et nervosité dans le camp des démocrates. Avant toute chose, nous soulignons que certaines analyses de M. Agbobli divergent des nôtres mais pour l'essentiel, nous nous rejoignons.

Il convient donc de faire une mise au point sur le décès pour le moins suspect de cet homme politique au vocabulaire fourni et au discours sans ambiguïté.

A l'analyse, on peut retenir au moins trois pistes possibles pour lire ce décès :

  1. le suicide

C'est la thèse défendue par les officiels togolais notamment le ministère de la Sécurité et de la Protection sociale, qui dans un communiqué, déclare que M. Agbobli aurait tenté mercredi de se donner la mort par absorption de substances toxiques. Le ministère poursuit que la famille du disparu, l’avait fait admettre il y a quelques jours dans une clinique de Lomé où il avait subi des soins spécifiques. Soulagé, M. Atutsè Kokouvi Agbobli, avait demandé à son chauffeur de le conduire dans un hôtel de la place dès 4 heures du lendemain. »

La même source affirme que « c’est en cours de route que M. Agbobli avait demandé à son chauffeur de s’arrêter, il était sorti du véhicule pour se rendre vers l’océan. Inquiet de ne plus le voir revenir, il avait alors prévenu la famille et les secours. » (2)

Le 18 août, le site officiel du Togo écrit « Le 15 août dernier, son corps avait été retrouvé sur une plage de Lomé à la hauteur du Foyer des marins ». Avant d'ajouter « la CNDH vient d’exiger l’ouverture d’une information judiciaire afin d’élucider le mobile qui a poussé M. Agbobli à se donner la mort, mais aussi de clarifier les circonstances exactes du décès. » (3)

Il ressort de ces différentes explications deux questions: pourquoi les officiels ont-ils attendu 24 heures avant de se prononcer et parlant des secours, le ministère de la sécurité fait-il allusion aux pompiers ou aux simples citoyens riverains? Concernant la deuxième question, on peut se demander s'il s'agissait des pompiers, pourquoi le communiqué n'a-t-il pas souligné que les recherches ont été toute suite engagées pour trouver M. Agbobli dès les premières heures? Pourquoi ce n'est qu’à l’aube du matin du 15 août que les habitants du quartier ont été alertés par la découverte du corps de M. Agbobli? Que faisaient lesdits secours (pompiers ou non) pendant tout ce temps, s'ils avaient été effectivement prévenus? S'il s'agit des riverains en guise de secours, ont-ils informé les officiels togolais de la situation?

Admettons que M. Agbobli ait absorbé de substances toxiques. Quelle est la nature des substances? Connaît-on la provenance desdites substances? S'agit-il d'un empoisonnement?

Ces questions sans plus de détails du ministère, ajoutées à la personnalité du défunt – ses responsabilités intellectuelles, familiales et politiques-, il est difficile de conclure hâtivement au suicide.

  1. l'assassinat politique

Proche de Edem Kodjo et prônant avec lui « Le Grand Pardon », M. Agbobli a été de 1994 à 1996 ministre de la communication et de la culture puis ministre chargé des relations avec le Parlement. Ce n'est qu'en 2006, que M. Agbobli crée son propre parti; le Mouvement pour le Développement National (MODENA) après avoir fondé Afric'Hebdo, journal d'informations et d'analyses. Dans ses prises de positions, M. Agbobli rapprochait le MODENA de l'Union des Forces du Changement (UFC) de Gilchrist Olympio.

Régulièrement M. Agbobli critique le pouvoir togolais et appelle Faure Gnassingbé à assumer les responsabilités que lui impose le titre de président de la Répubique qu'il s'est octroyé sans l'aval du peuple. Il montrait du doigt l'armée et disait aussi clairement que nous, que le vrai pouvoir est entre les mains des militaires. Par de pareilles prises de position, le président du MODENA ne peut être en odeur de sainteté avec les Apparatchiks du régime en place. Cela peut-il lui coûter la vie? C'est probable mais rien ne vient appuyer cette thèse pour le moment. Sauf que dès les premières heures, Jean Pierre Fabre, Secrétaire Général et député de l'UFC, a parlé d'assassinat et a demandé une enquête. Plusieurs citoyens ont eux-aussi pensé toute suite à un assassinat politique et les internautes ont eu pour une majorité écrasante, la même réflexion.

Ces réactions sont-elles justifiées? Malheureusement, oui, car des assassinats du genre ont été commis dans un passé très récent au Togo. Les cadavres rejetés par la mer, mentionnés par Amnesty International dans son rapport de 1999, sont encore présents dans les esprits (4). Quand on se réfère aux cadavres sortis de la Lagune de Bè en avril 2005, on peut légitimement comprendre ces accusations. Quand on observe que les auteurs et commanditaires des crimes qui ont émaillé la vie socio-politique togolaise depuis bientôt un demi-siècle, jouissent de l'impunité et sont même promus dans l'administration civile et militaire, on peut penser que M. Agbobli est assassiné.

M. Agbobli est aussi journaliste et directeur de publication d'un hebdomadaire. Cela ne doit pas ignorer dans l'analyse. Quand on connaît ce qui est fait contre les journalistes au Togo, on peut se demander s'il n'est pas victime de sa profession. Mais tout ceci reste à prouver. Et dans la recherche des preuves, la question de savoir, à qui profite le crime, est essentielle surtout que d'une source bien informée, la J.U.D.A (5) a appris que le chauffeur d'Agbobli aurait confirmé avoir bel et bien déposé son patron à l'hôtel et non en route.

  1. Le crime crapuleux

Des individus dénués de tout mobile politique, avaient-ils quelque chose à reprocher au président du MODENA au point de le tuer? Est-il victime de bandits de grand chemin? C'est la piste la moins évoquée jusqu'ici. Et pour cause! Personne n'imagine que de simples citoyens togolais puissent se livrer à une telle cruauté. Quelles peuvent en être les raisons si cette thèse doit être abordée: vol de ses biens, raisons passionnelles, envie? Que ce soit du côté de la famille ou des officiels togolais, rien de tel n'a été constaté. Donc, c'est tout à fait logique de considérer la piste du crime crapuleux comme la moins évidente et donc, pas sérieuse.

Conclusions

M. Agbobli est comme tout autre Togolais. Cependant, il est président d'un parti politique et directeur de publication d'un journal. Sa mort ne peut être banalisée. On doit fouiller et expliquer au peuple ce qui s'est réellement passé. Si le pouvoir togolais connu pour ses fuites en avant et ses ruses, ne veut pas élucider ce décès extrêmement troublant, il faudrait que la société civile et la classe politique s'organisent pour obtenir des explications. Car, trop c'est trop. La liste des victimes est déjà trop longue au Togo. Que ce soit un crime crapuleux, la responsabilité des officiels est engagée pour n'avoir pas pu assurer à un citoyen togolais, la sécurité. Que ce soit un assassinat politique, le pouvoir RPT en serait sans doute le responsable.

Peut-on avoir confiance qu'une enquête indépendante soit conduite sur le sujet par les officiels togolais? Pas vraiment. Surtout que le ministère de la sécurité avait conclu à suicide après que M. Agbobli s'est administré des substances toxiques. Curieusement, ce n'est qu'après cette version que « le procureur de la République près le tribunal de Lomé, Robert Bakaï, a adressé des réquisitions au chef du service d’anatomie et cytologie pathologique du centre hospitalier universitaire de Lomé à l’effet de procéder à l’autopsie du corps de l’homme politique, écrivain et journaliste Atsutsé Agbobli afin de déterminer la cause exacte du décès ». Cette démarche du Procureur de la République va tout simplement confirmer la version du ministère de la Sécurité. Ainsi, croyant se foutre de la gueule du peuple Togolais, le pouvoir aura au contraire fourni toutes les preuves de l'assassinat de M. Agbobli.

Quant à la Commission Nationale des Droits de l'Homme, elle veut créer un comité interne pour ouvrir une enquête parallèle. Mais, cette commission, par son histoire récente et son fonctionnement actuel n'offre aucune garantie d'indépendance vis-à-vis du clan Gnassingbé. Il faut donc, que les députés des partis d'opposition demandent la mise sur pied d'une commission mixte composée de la presse indépendante et des organisations des droits humains y compris la FIDH et Amnesty International, pour enquêter au plus vite. A défaut, la Commission des droits de l'Homme des Nations Unies sera saisie sur la question. Après tant de crimes, nous devons enfin réclamer la vérité pour au moins, une fois.

S'il est un enseignement que nous avons tiré de la mort de M. Agbobli, c'est qu'à force de jouer mollement contre le pouvoir, à force de croire que la tyrannie va d'elle-même se convertir, à force de nous complaire dans la désorganisation, à force de vouloir composer avec le clan, nous ne connaîtront que de pareilles situations. Car s'il est établi que M. Agbobli a été victime d'un assassinat politique, c'est aussi de notre responsabilité en tant que forces alternatives. Le clan Gnassingbé étant assuré que l'émotion et l'indignation à travers des communiqués et autres déclarations tomberont trois jours plus tard.

Avec des milliers de morts qu'il y a eu Togo, le peuple togolais est poussé à croire à l'idée que faire de la politique, c'est creuser sa tombe en attendant d'y entrer. C'est une façon de pousser les citoyens à ne plus s'assumer, à avoir peur et à renoncer à leurs convictions. Un peuple qui a peur, qui renonce à ses convictions, est un peuple vaincu. Et être à la tête d'un peuple vaincu, c'est être lâche. La politique c'est l'offre d'idées au peuple. C'est la discussion avec l'adversaire. Ne pas l'aimer mais ne point le haïr. Ne point vouloir sa destruction par les armes si ce n'est que par la force des arguments. Voilà ce en quoi nous croyons et ce pour quoi nous nous battons.

19 août 2008

Pour la J.U.D.A, Le Secrétaire Général

Rodrigue KPOGLI.

  1. http://www.togocity.com/article.php3?id_article=2962&var_recherche=JUDA

  2. http://www.republicoftogo.com/central.php?o=1&s=0&d=3&i=2325

  3. http://www.republicoftogo.com/central.php?o=1&s=0&d=3&i=2327

  4. http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AFR57/001/1999/fr/dom-AFR570011999fr.html

  5. http://lajuda.blogspot.com/

vendredi 15 août 2008

La J.U.D.A rend hommage à Atsutsè AGBOBLI et exige une enquête indépendante.


DECLARATION

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) vient d'apprendre la disparition de M. Atsutsè AGBOBLI*, Président du Mouvement pour le Développement National (MODENA ) dont le corps ensanglanté a été retrouvé au matin de ce vendredi 15 août à la plage de Lomé. Son chauffeur avec qui il était, est ce moment, introuvable.

La J.U.D.A , sérieusement peinée, présente ses condoléances les plus attristées à la famille de l’illustre disparu et compatit sincèrement à ses douleurs. Elle rend un vibrant hommage à cet homme de cœur pour le courage et l’ honnêteté qui ont guidé ses actions et analyses sur les réalités de la politique nationale et internationale ainsi que ses incessants appels à un développement industriel du Togo et à l'Unité de l'Afrique.

En ce moment de deuil et d’affliction, nous témoignons au MODENA, à ses membres et à tous les combattants pour la liberté et la justice, notre douleur car, nous venons de perdre une pièce maîtresse dont la place manquera pour toujours dans notre lutte commune.

La J.U.D.A résolument opposée à l'impunité érigée en norme au Togo, exige instamment l'ouverture d'une enquête indépendante afin que soient établies les raisons du décès pour le moins suspect de M. Agbobli et que son chauffeur soit retrouvé. Ceci pour éviter la résurgence des vieux démons des assassinats, des disparitions forcées et des cadavres rejetés par la mer.

Elle demande à l'ensemble du peuple togolais de se mobiliser pour que naisse un Etat démocratique pouvant garantir à tous la sécurité, la paix et le bien-être dans tous les domaines.


15 août 2008

Pour la J.U.D.A,
Le Secrétaire Général


Rodrigue KPOGLI


* Atsutsè Kokouvi AGBOBLI, Togolais, universitaire, historien, a été enseignant avant de rejoindre le Secrétariat Général de l’Organisation de l’unité africaine à Addis Abeba, en 1979, en tant que chef de la Division des Affaires politiques générales, de la Défense et de la Sécurité au Département politique. Expert régional, puis chargé des programmes et des relations au Bureau régional du BIT pour l’Afrique, à Addis-Abeba, il fut également chroniqueur à l’hebdomadaire Jeune Afrique et directeur de l’Institut panafricain des relations internationales. Ministre de la Communication et de la Culture puis, ministre chargé des Relations avec le Parlement, de 1994 à 1996, il est actuellement directeur de la publication du Magazine bimensuel Afric’Hebdo et président du Mouvement pour le développement national (MODENA).

Rapport rwandais : la France s’aveugle

Le pesant boulet que traîne la France depuis le génocide des Tutsis rwandais s’est considérablement alourdi au creux du mois d’août, avec la publication à Kigali de l’épais rapport de la commission Mucyo.

Les réactions outragées du ministre de la Défense Hervé Morin, du général Lafourcade, ancien commandant de Turquoise et de quelques responsables politiques mis en cause dans le rapport ne sont pas à la hauteur de l’événement. Paris n’a, semble-t-il, pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. Pour la première fois, un petit pays pauvre d’Afrique, où ont été massacrés en 100 jours plus de 800.000 personnes, analyse minutieusement l’ensemble du contexte dans lequel s’est enclenché, puis déroulé le génocide dont a été victime la composante Tutsie de sa population. À chaque étape du processus génocidaire, des acteurs français – civils et militaires – sont impliqués et désignés avec les précisions disponibles.

Contrairement à ce que prétendent les officiels français, ce rapport de a commission Mucyo n’est pas un tissu d’élucubrations « manquant d’impartialité ». Il repose largement sur des travaux – non contestés – qui l’ont précédé : la commission d’enquête indépendante des Nations Unies sur le Rwanda et la mission d’information des députés français. A ces éléments connus viennent s’ajouter des documents inédits provenant notamment de l’ambassade du Rwanda à Paris et des archives des ministères rwandais, ainsi que des témoignages nominatifs recueillis par la commission rwandaise auprès de dizaines de personnes, tant au Rwanda qu’en Europe. Parmi eux figurent des témoins que la mission parlementaire française a préféré ne pas entendre ; c’est notamment le cas de Venuste Kayimahé, auteur de France-Rwanda : les coulisses du génocide, qui était pourtant venu tout exprès à Paris pour être auditionné par les députés. Celui-ci, employé Tutsi au centre culturel français de Kigali, relate en détail comment, malgré la présence de militaires français, il a été abandonné par ses employeurs et livré à une mort à laquelle il n’a échappé que par miracle. Ce qui n’a pas été le cas de la plupart de ses collègues du centre culturel, comme de l’ambassade de France.

Les soldats français triaient les Tutsis aux portes de l’aéroport de Kigali

Pendant l‘opération Amarylis (évacuation des étrangers de Kigali, entre le 10 et le 15 avril 1994, alors que le génocide était en cours), Jean-Loup Denblyden, un colonel de réserve qui participa à l’opération comme officier belge de liaison auprès du détachement français, affirme : « Pendant Amaryllis, les soldats français triaient les Tutsis devant l’aéroport de Kanombe et les repoussaient vers les barrières ». « Il y avait un tri et les gens qui étaient écartés, étaient repoussés par des Français sur la barrière. Les Français disaient aux refoulés : on ne vous prend pas ; et les refoulaient vers une barrière qui se trouvait exactement à l’entrée du parking actuel ».

Constatant la gravité des faits, M. Denblyden informa les responsables militaires français et de la Minuar, (Mission des Nations Unies au Rwanda) et reçu comme réponse :

« Je suis monté à l’étage où se trouvait le colonel Poncet qui commandait l’opération Amaryllis, je lui ai fait part du problème. Il a haussé les épaules, le colonel Morin, qui était à ses côtés, m’a demandé de ne pas me mêler de ça. J’ai contacté tout de suite le général Roman et l’officier d’opération […] je leur ai fait part du problème comme j’estimais devoir le faire. […] Un sous-officier français est intervenu en me disant que les Belges n’avaient rien à voir avec ça, que c’était le problème des Français. Nous étions au troisième jour d’Amaryllis ». Finalement, M. Denblyden constata que les personnes étaient tuées près de cette barrière : « des corps jonchaient le sol en contrebas à droite de l’aéroport ». D’autres Rwandais, proches du Hutu power (initiateur et acteur du génocide), ont eux été évacués, dès ce moment-là, par l’armée française…

La participation française aux préparatifs du génocide, thèse soutenue par le rapport rwandais, outre la formation et l’armement des milices, est notamment étayée par des fac-similé des documents administratifs du fichage informatique des citoyens Tutsis, réalisé par des gendarmes français, pour le compte de leurs collègues rwandais du CRCD (Centre de Recherche Criminelle et de Documentation). Pas difficile d’imaginer l’usage qui a été fait de ce fichier…

Proposition de règlement diplomatique entre le gouvernement rwandais et l’État français, sous conditions

L’opération militaro-humanitaire Turquoise, de juin à août 1994, fait également l’objet de très lourdes accusations. Le fait qu’elle ait été pilotée en bonne partie par des officiers qui avaient précédemment servi au Rwanda pour former et épauler les FAR (Forces armées Rwandaises, impliquées dans les massacres de Tutsis) ne favorisant guère leur neutralité. Les témoignages abondent sur le traitement cruel réservé par des militaires français à des Tutsis, considérés a priori comme agents du FPR (Front patriotique rwandais). La zone humanitaire sûre, mise en place par Turquoise, l’était surtout pour les responsables et les acteurs du génocide, qui ont été incités à gagner le Zaïre voisin avec leurs armes, elle l’était beaucoup moins pour des femmes Tutsies violées puis assassinées.

Dans ses conclusions, La Commission demande au Gouvernement rwandais de se réserver le droit de porter plainte contre l’État français pour sa responsabilité dans la préparation et l’exécution du génocide de 1994 au Rwanda devant les instances judiciaires internationales habilitées. Mais elle suggère aussi de trouver un règlement diplomatique de la question avec l’État français dans la mesure où ce dernier est prêt à reconnaître l’entière étendue de sa responsabilité dans la préparation et l’exécution du génocide au Rwanda et de prendre les mesures de réparation conséquentes en accord avec le Gouvernement rwandais.

Depuis 1994, le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, le président des États-Unis Bill Clinton, le premier ministre belge Guy Verhofstadt, sont venus à Kigali présenter leurs excuses au peuple rwandais. La France, principal acteur extérieur au Rwanda en 1994 s’y est toujours refusée. Une posture d’avenir ?

Notes sur les documents joints

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Extrait n°1 du rapport
Page 81 du rapport du 15/11/07, réalisé par la « commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 »

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Extrait n°2 du rapport
Page 82 du rapport du 15/11/07, réalisé par la « commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 »

http://www.bakchich.info/article4706.html

mardi 5 août 2008

Gilbert Bawara viole les règles élémentaires d'un Etat de droit et doit démissionner

DECLARATION
La Jeunesse Unie pour la Démocratie a appris avec stupeur que Gilbert Bawara, ministre de la Coopération, du Développement et de l'Aménagement du Territoire, a, le 13 juin 2008, à l'aéroport de Niamatougou, agressé le Directeur de Publication du journal « La Dépêche » M. Apollinaire MEWENEMESSE.
Selon les termes d'un communiqué rendu public par l'OTM (Observatoire Togolais des Médias), le ministre a menacé MEWENEMESSE de " faire débarquer une troupe dans sa rédaction et le rosser à mort ".
L'OTM affirme que « ses recoupements de part et d'autres... sur cette affaire révèlent qu'il s'était réellement passé un incident du genre. »
La J.U.D.A condamne ces menaces qui révèlent la lâcheté confinant à l'éloge de la part d'un ministre, d'un ordre sauvage pour faire taire un journaliste.
Elle rappelle à Gilbert Bawara que la loi lui accorde comme à tout autre citoyen togolais qui s'estime diffamé, les voies de recours légales notamment le droit de réponse ou la formulation d'une plainte en justice. En aucun cas, nul n'est autorisé à se rendre justice quelle que soit sa cause.
Pour la J.U.D.A, les menaces de Bawara constituent une violation manifeste de cette règle élémentaire d'un Etat de droit. Elles sont également la preuve que Bawara et bien d'autres veulent perpétuer un Etat de terreur, d'intimidations, de démission et de sauvagerie à l'état pur sur la terre togolaise.
La J.U.D.A demande au ministre des droits de l'Homme et de la consolidation de la démocratie et à son collègue de la Communication d'ouvrir, en association avec les syndicats de la presse et des associations de défense des droits humains, une enquête afin de faire la lumière sur une telle situation et si les faits se confirment, que Gilbert Bawara soit démis de ses fonctions. De tels individus ne peuvent représenter le Togo, notre Patrie.
Pour éviter l'enracinement et la propagation d'un ordre manifestement sauvage qui étouffe au Togo , la liberté d'expression notamment la liberté de presse, la J.U.D.A soutient la presse et l'appelle à faire preuve de courage dans la dénonciation du clan au pouvoir et de leurs alliés. Car, le peuple togolais a besoin d'être objectivement informé pour lui permettre de décider des orientations quant à son avenir.
La J.U.D.A appelle la HAAC à prendre position contre les faits de BAWARA au lieu de se complaire dans le rôle de police de la pensée au service d'un régime aveuglé par la violence et constipé par l'argent amassé au détriment du peuple, depuis bientôt un demi-siècle.
Enfin, la J.U.D.A invite le peuple togolais dans son ensemble à la mobilisation pour mettre fin aux pratiques précambriennes de la junte au pouvoir. Car, sans un Togo fondé sur les principes démocratiques et d’Etat de droit, ni liberté ni justice ne fleuriront sur la terre de nos aïeux.

05 août 2008
Pour la J.U.D.A
Le Secrétaire Général, Komla KPOGLI

vendredi 1 août 2008

Après le carnaval, l'inondation.





A la formation du gouvernement Mally, nous avions affirmé(1) que ce cabinet n'en est pas un et qu'il incarne nullement les préoccupations du peuple togolais. De bonnes consciences n'avaient vu là que de la haine pour la patrie. A l'époque, certains, se sont même fendus des tribunes dignes d'un collectif d'avocats commis d'office à Mally. Dans l'une de leur plaidoirie, on avait pu lire ceci: « Ce gouvernement est à peine désigné. A peine il entre en fonction et déjà vous tirez dessus. Ce n’est pas normal. Qui fait ainsi n’aime pas son pays. Les Européens savent donner du temps à l’action avant d’apprécier. Pourquoi pas nous, ...? ». Depuis lors, nous nous sommes donnés du temps pour apprécier.
Nos mêmes contempteurs n'avaient pas fait les choses à moitié, lorsque nous avions parlé d'environ 500 millions FCFA investis dans l'organisation sous le couvert « d'opérateurs économiques privés » d'un carnaval en avril dernier. Alors justement qu'on ameutait le peuple togolais et qu'on mobilisait des troupes de ballets Brésiliennes et Belges pour ce carnaval, les pluies diluviennes s'annonçaient et des ponts étaient au bord de l'écroulement.
A l'heure où, une bonne partie du peuple togolais a les pieds dans l'eau, nous convions ces bonnes consciences à l'évaluation des actions du gouvernement. N'allons pas loin. Consacrons-nous seulement à la gestion de ces inondations.
Un gouvernement responsable est celui qui anticipe les problèmes. Un gouvernement qui mérite respect est celui qui gère convenablement les problèmes lorsque ceux-ci, compte tenu de leur imprévisibilité, n'ont pu être décelés tôt. Or, Mally enfermé à double tour dans le coffre Faure n'a ni anticipé ni géré convenablement les inondations de ces derniers jours au Togo. Et c'est un euphémisme. Alors même que les services météorologiques sous-régionaux ont annoncé d'abondantes pluies, le clan au pouvoir n'a rien prévu. Pire, il a attendu 48 heures pour pouvoir se réunir en Conseil des ministres. Le communiqué qui a sanctionné ledit conseil sonne comme un aveu d'incurie. Lisez-le vous-mêmes:

« Face à ces intempéries, et dans le but d’éviter que les populations ne soient, à chaque fois surprises, le gouvernement envisage de mettre en place deux niveaux d’alerte :

1°- Alerte de précaution :
Il s’agit d’informer les occupants de ces zones géographiques inondables de disposer de stratégies de départs progressifs vers des zones plus sécurisées. Dans ce cas, l’organisation revient aux individus, aux collectivités, aux communes et au gouvernement ;

2°- Alerte d’évacuation
Dans ce cas de figure, il s’agira pour le gouvernement, d’évacuer les populations lorsqu’il juge la situation très préoccupante sur rapport et avis des services techniques et des experts qui suivent l’évolution du phénomène.

Devant une évolution climatique qui impose une nouvelle approche d’analyse des phénomènes atmosphériques, le gouvernement a décidé de mettre à la disposition de la météorologie nationale et des stations de mesure réparties sur le territoire, des services techniques, des centres de recherches impliqués dans la dynamique du climat, les moyens nécessaires pour se doter d’outils modernes de prévision à savoir entre autres :

- des planches graduées pour évaluer à tout moment le niveau des eaux ;
- du matériel de relevé pluviométrique ;
- un hélicoptère pour établir une carte des zones sensibles et vulnérables.

Toutes ces propositions ont pour but de permettre au gouvernement de prendre des mesures urgentes, notamment la mise en place d’une cellule interministérielle de suivi et de veille dès que la situation l’exige. »
Ce qui frappe tout bon sens, est que c'est en pleine inondation que le gouvernement s'aperçoit qu'il faut doter les services compétences d'outils modernes de relevé pluviométrique. Salut, les artistes!
Alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) révélait le 31 juillet que 10.000 personnes ont été déplacées par des inondations, Agba Kondi, ministre de la santé avance le chiffre de 5.000 sinistrés; minimisant ainsi la réalité du désastre.
Le clan a manifestement péché en n'informant pas plus tôt les populations des intempéries qui s'annonçaient. En pareille circonstance, la mise en place dès les premières heures d'une cellule de crise pour renseigner les populations, organiser les secours, mobiliser les pompiers et l'armée pour des interventions appropriées en appui à la débrouillardise des populations, mobiliser des vivres et des vêtements, abriter les sinistrés, est le meilleur des instruments de gestion. Au lieu de tout ceci, c'est plutôt l'amateurisme dans toute sa splendeur que le clan a étalé. Et comme pour satisfaire le réflexe pavlovien de la main tendue, Mally a réuni les soi-disant partenaires en développement au Togo, ambassadeurs et système onusien pour leur demander de l'argent. Plus tard, ce sont des experts venus du Ghana qui ont sauvé de la noyade 25 personnes dont deux étrangers.
Comme si minorer les dégâts soulage sa conscience, le clan parle de 04 morts. Chiffre qu'il faut prendre avec des pincettes au vu du mensonge sur le nombre de sinistrés. D'ailleurs ces morts viennent rallonger la longue liste de victimes du régime togolais de père en fils.
Lomé n'est pas loin de plonger à son tour. Pour qui connaît les infrastructures de canalisation de la capitale, on peut redouter le déluge. Hier de nouvelles inondations ont été révélés dans les quartiers de Akodessewa, Atiégou, Ablogamè.
Tout ceci n'est guère étonnant quand on sait que l'équipe Mally n'est qu'un quasi-gouvernement, constitué de ministres d'Etat dont les formations politiques se sont vues attribuées zéro siège aux dernières législatives et de voleurs de suffrage démocratique. En somme, un cabinet de carriéristes qui en a cure des problèmes du peuple. Les faits sont là. Au-delà de mettre des solutions d'urgence en place (solidarité locale et collecte de dons dans la diaspora et constitution d'une équipe de volontaires par exemple), il faut poser la question de la responsabilité du clan et travailler à son renvoi pur et simple au profit une équipe démocratique, débarrassée de l'improvisation et de l'amateurisme face aux crises du genre à l'avenir et qui prépare l'armée à y faire face au lieu de la former pour tuer les civils. Une nouvelle équipe préoccupée par le bien-être du peuple et capable, ne serait-ce que, de construire des digues pour contenir les cours d'eau dans leur lit quand il le faut, surveiller les infrastructures de transports (routes, ponts, chemins de fer...) et les renforcer si besoin.

Komla KPOGLI