mercredi 30 juillet 2008

Du rêve à la libération.

Il n'y a point de Togolais, épris de liberté et préoccupé de notre devenir commun, qui ne rêve de la naissance d'un régime démocratique au Togo. La preuve en est qu'à chaque consultation électorale, le peuple togolais se prononce sans équivoque contre le système héréditaire mafieux qui lui est imposé. N'eut été l'ingéniosité criminelle du clan Gnassingbé et ses alliés africains et occidentaux, le Togo aurait été un havre de paix et de prospérité. Ainsi, à de multiples reprises, la répression s'est abattu sur le peuple togolais. La plus récente est le massacre d'avril-juin 2005. L'ONU, incapable de tout vérifier, a dû arrêter 500 morts. Les organisations locales, saisies par l'ampleur de la boucherie, en ont retenu un millier.

Nous sommes donc face à une réalité. Les tenants du pouvoir ne sont pas disposés à aller à la démocratie. La violence est pour eux, le meilleur outil de se maintenir et de canaliser les tuyaux économiques du pays vers leur poche. Lorsque des individus parviennent à faire allégeance à l'argent et au pouvoir, nul besoin de les appeler à la raison et aux intérêts de tous. Face à cette réalité là, le rêve est irréalisable. Il faut dès lors y faire face en définissant plutôt un projet -si on ne l'a pas encore- à moyen et long terme, tout en tenant compte de ce que nous avons vécu jusqu'ici. Somme toute, de notre expérience faite d'échecs et de réussites, aussi minimes soient-ils.

La concrétisation de ce rêve devenu projet, nécessite la conclusion d'un certain nombre d'alliances. Toutefois, la priorité doit être accordée à la mobilisation des forces endogènes équipées pour affronter les réalités du combat pour la libération. Des organisations de jeunesse dont la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, ces trois ou quatre dernières années se sont engagées pour cette tâche en marchant sur la voie tracée par certaines de leurs prédécesseurs. Si ces oeuvres n'ont pas abouti, c'est bien par manque de soutiens qu'à autre chose. Pourtant, la volonté, la détermination, l'analyse, la stratégie et la conscience des risques et des enjeux y étaient et y sont toujours. En clair, nous avions manqué et continuons de manquer de soutiens. Nos différentes activités sont parfois saluées sur des forums internet. Et ça s'arrête là. Point besoin de mettre la main ni dans le cambouilli ni à la poche alors que la réalité qui est la nôtre, nous oblige à aller au-delà des commentaires sur internet. « Déçus et trahis par certains de vos prédécesseurs », nous assène-t-on régulièrement oubliant le vieil adage selon lequel les moutons et les poules bien que vendus sur le même marché n'ont pas nécessairement le même prix. On oublie même de retenir contre nous les preuves de notre engagement sur le terrain: nos prises de positions, nos conférences et notre participation à des initiatives citoyennes fédérées.


Le clan au pouvoir ne veut pas, ne peut pas et ne va pas aller à la démocratie. Et bien, il faudra que la démocratie c'est-à-dire le peuple de façon organisée, aille le chercher. On n'a pas d'autres alternatives. Car le temps presse, les ressources du pays s'épuisent à cause du pillage, les structures familiales se délitent, le syndrome de Stockholm gagne des esprits, les infrastructures balbutiantes volent en éclat, l'appauvrissement galope, l'acculturation planifiée de la jeunesse avance. Si nous attendons encore un peu, nous n'aurons plus les moyens de notre projet. A force d'être plumé, l'oiseau finit nu.

Si on ne change pas une équipe qui gagne, il serait dans l'ordre des choses, a contrario, qu'une équipe qui perd et qui nous fait perdre, doit être renversée. N'ayons pas peur des mots. Pour l'instant, le peuple en a les ressources. Mais jusqu'à quand?

Rodrigue KPOGLI

lundi 28 juillet 2008

Discours de Barack OBAMA à Berlin

Merci aux citoyens de Berlin et au peuple allemand. Laissez-moi remercierla chancelière Mme Merkel et le ministre des Affaires Etrangères, M. Steinmeier pour m’avoir reçu plus tôt dans la journée. Merci au Maire, M. Wovereit, merci au Sénat de Berlin, à la police, et surtout, merci à vous pour cet accueil.

Au plus fort de la guerre froide, mon père a décidé, comme tant d’autres dans les recoins oubliés du monde, que ses aspirations – ses rêves – nécessitaient la liberté et les opportunités qu’offrait l’Occident. Et donc, il a écrit lettre après lettre à toutes les universités à travers l’Amérique jusqu’à ce quelqu’un, quelque part, réponde à ses vœux pour une vie meilleure.

C’est pour cela que je suis ici. Et vous êtes ici parce que vous aussi connaissez cette aspiration. Cette ville, parmi toutes les villes, connaît le rêve de la liberté. Et vous savez que la seule raison pour laquelle nous sommes ici ce soir, c’est parce que des hommes et des femmes, provenant de nos deux nations, se sont rassemblés pour travailler, se battre et faire des sacrifices en vue d’une vie meilleure. Cela fait soixante ans cet été que notre partenariat a réellement débuté, lorsque le premier avion américain s’est posé à Templehof.

Ce jour-là, une grand partie du continent était encore en ruines. Les décombres de cette ville n’avaient pas encore été transformés en un mur. L’ombre soviétique avait balayé l’Europe de l’Est tandis qu’à l’Ouest, l’Amérique, la Grande-Bretagne et la France comptaient leurs pertes et se demandaient comment rebâtir le monde. C’est là que les deux camps se sont rencontrés. Et le 24 juin 1948, les Communistes ont choisi de bloquer la partie ouest de la ville. Ils ont coupé la nourriture et l’approvisionnement à plus de deux millions d’Allemands avec la volonté d’éteindre la dernière flamme de liberté à Berlin.

Nos forces n’étaient pas de taille à affronter l’Armée soviétique. Et pourtant, une retraite aurait permis aux Communistes de marcher sur l’Europe. Quand la dernière guerre s’est achevée, une autre guerre mondiale aurait très bien pu commencer. Le seul obstacle qui restait encore était Berlin.

C’est là que le pont aérien a commencé – quand le plus grand et le plus improbable sauvetage de l’histoire a apporté des vivres et de l’espoir aux gens de cette ville. Les chances de succès étaient faibles. Durant l’hiver, un brouillard épais bouchait le ciel et de nombreux avions étaient contraints de faire demi-tour avant de larguer les vivres tant attendues. Les rues où nous nous trouvons étaient remplies de familles affamées qui n’avaient rien pour se protéger du froid.

Mais pendant les heures les plus sombres, les gens de Berlin ont refusé de baisser les bras. Et un jour d’automne, des centaines de milliers de Berlinois sont venus ici, au Tiergarten, et ont écouté le maire de la ville qui implorait le monde de ne pas abandonner la liberté. « Nous n’avons qu’une seule possibilité » disait-il « c’est de rester unis jusqu’à ce que cette bataille soit gagnée… Le peuple de Berlin a parlé. Nous avons fait notre devoir et nous allons continuer de le faire. Peuples du monde : maintenant faites votre devoir… Peuples du monde, regardez Berlin ! »

Peuples du monde, regardez Berlin ! Regardez Berlin où les Allemands et les Américains ont appris à travailler ensemble et à se faire confiance, moins de trois ans après s’être affrontés sur le champ de bataille. Regardez Berlin où la détermination d’un peuple a rencontré la générosité du Plan Marshall et a créé le miracle allemand ; où la victoire sur la tyrannie a donné naissance à l’OTAN, la plus grande alliance jamais formée pour assurer notre sécurité commune. Regardez Berlin où les impacts de balles dans les immeubles, où les pierres sombres et les piliers près de la Porte de Brandebourg insistent pour que nous n’oubliions jamais notre humanité commune. Peuples du monde, regardez Berlin où un mur est tombé, où un continent s’est rassemblé, et où l’histoire a prouvé qu’il n’est pas de défi trop grand pour un monde qui reste uni.

60 ans après le pont aérien on nous appelle à nouveau. L’histoire nous a conduits à une nouvelle croisée des chemins, avec de nouvelles promesses et de nouveaux périls. Quand vous, Peuple de Berlin, avez fait tomber le mur – un mur qui divisait l’Est et l’Ouest ; la liberté et la tyrannie ; la crainte et l’espoir – d’autres murs se sont effondrés tout autour du monde. De Kiev à Cape Town, des camps de prisonniers ont été fermés et les portes de la démocratie se sont ouvertes. Les marchés se sont ouverts aussi, et la diffusion de l’information et de la technologie ont réduit les obstacles à de meilleures chances et à la prospérité.

Alors que le XXe siècle nous a appris que nous partageons un destin commun, le XXIe a révélé un monde plus interdépendant qu’à n’importe quelle époque de l’histoire. La chute du mur de Berlin a amené de nouveaux espoirs. Mais cette proximité a fait naitre de nouveaux dangers – des dangers qu’on ne peut pas contenir derrière la frontière d’un pays ou la distance d’un océan.

Les terroristes du 11 septembre ont comploté à Hambourg, se sont entraînés à Kandahar et Karachi avant de tuer des milliers de gens, qui provenaient du monde entier, sur le sol américain. Tandis que nous parlons, des voitures à Boston et des usines en Chine font fondre la calotte glaciaire dans l’Arctique, réduisent le littoral sur l’Atlantique et amènent la sécheresse dans les fermes, du Kansas au Kenya.

Du matériel nucléaire mal gardé dans l’ancienne Union Soviétique ou les secrets d’un scientifique au Pakistan peuvent aider à assembler une bombe qui explosera à Paris. Les pavots en Afghanistan deviennent de l’héroïne à Berlin. La pauvreté et la violence en Somalie nourrissent le terrorisme de demain. Le génocide au Darfour est une honte qui pèse sur notre conscience à tous.


Dans ce nouveau monde, des courants aussi dangereux se sont propagés plus vite que nos efforts pour les contenir. C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre d’être divisés. Aucune nation, aussi grande et aussi puissante soit-elle, ne peut gagner seule ces batailles. Aucun d’entre-nous ne peut nier ces menaces, ni échapper à la responsabilité de les affronter. Cependant, en l’absence des tanks soviétique et du terrible mur, il est devenu aisé d’oublier cette vérité. Et pourtant, si nous sommes honnêtes les uns avec les autres, nous savons que parfois, des deux côtés de l’Atlantique, nous nous sommes éloignés, oubliant notre destinée commune.

En Europe, l’idée que l’Amérique est responsable de ce qui va mal dans le monde, plutôt qu’une force pour le faire aller mieux, est devenue beaucoup trop répandue. En Amérique, il est des voix qui méprisent ou qui nient l’importance du rôle de l’Europe pour notre sécurité et notre avenir. Ces deux opinions passent à côté de la vérité : que les Européens aujourd’hui supportent de nouvelles charges et prennent plus de responsabilités dans les endroits critiques du monde ; alors que les bases américaines construites au siècle dernier aident toujours à assurer la sécurité du continent, notre pays fait toujours de grands sacrifices pour la liberté dans le monde. Oui, il y a eu des divergences entre l’Amérique et l’Europe. Certainement qu’il y aura des divergences dans l’avenir. Mais la charge d’une citoyenneté globale continue de nous réunir. Un changement de pouvoir à Washington ne fera pas disparaître ce fardeau. Au cours du siècle qui vient, les Américains et les Européens, ensemble, devront faire plus – pas moins.

L’association et la coopération entre les nations n’est pas un choix. C’est la voie, la seule voie, pour protéger notre sécurité commune et faire progresser notre humanité commune. C’est pourquoi le plus grand de tous les dangers serait de permettre à de nouveaux murs de nous diviser. Les murs entre de vieux alliés, de chaque côté de l’Atlantique, ne peuvent pas durer. Les murs entre les pays qui ont le plus et ceux qui ont le moins ne peuvent pas durer. Les murs entre les races et les tribus ; entre les autochtones et les immigrés ; entre les chrétiens, les musulmans et les juifs ne peuvent pas durer. Ce sont les murs qu’il nous faut maintenant faire tomber.

Nous savons qu’ils sont tombés par le passé. Après des siècles de conflits, les peuples européens ont fabriqué une union pour l’avenir et la prospérité. Ici, au pied d’une colonne élevée pour célébrer une victoire militaire, nous nous retrouvons au cœur d’une Europe en paix. Les murs ne sont pas seulement tombés à Berlin, mais ils sont tombés à Belfast où les protestants et les catholiques ont réussi à vivre ensemble ; dans les Balkans où notre alliance atlantique a fait cesser les guerres et traduit les criminels de guerre barbares devant la justice ; et en Afrique du Sud où la lutte d’un peuple courageux a vaincu l’Apartheid.

Donc l’histoire nous rappelle qu’on peut faire tomber les murs. Mais la tâche n’est jamais aisée. Une véritable association et un véritable progrès réclament un travail constant et des sacrifices soutenus. Ils réclament de partager le poids du développement et de la diplomatie ; du progrès et de la paix. Ils réclament des alliés disposés à s’écouter les uns les autres, à apprendre, les uns des autres, et, plus que tous, à se faire confiance, les uns aux autres C’est pourquoi l’Amérique ne peut pas se replier sur elle-même. C’est pourquoi l’Europe ne peut pas se replier sur elle-même. L’Amérique n’a pas de meilleur partenaire que l’Europe.

Maintenant, il est temps de construire de nouveaux ponts à travers le monde, aussi solides que celui qui nous a réunis à travers l’Atlantique. Maintenant, il est temps de se rejoindre, à travers une coopération constante, des institutions fortes, un sacrifice partagé et un engagement global vers le progrès, pour faire face aux défis du XXIe siècle. C’est cet esprit qui a fait que les avions du pont aérien sont apparus dans le ciel au dessus de nos têtes, et que les gens se sont rassemblés là où nous nous trouvons aujourd’hui. Et le moment est venu où nos nations – toutes les nations – doivent faire renaître cet esprit.

Le moment est venu où nous devons vaincre le terrorisme et assécher le puits de l’extrémisme qui l’alimente. Cette menace est réelle et nous ne pouvons échapper à notre devoir de la combattre. Si nous avons pu créer l’OTAN pour faire plier l’Union Soviétique, nous pouvons nous retrouver dans un partenariat nouveau et global pour démanteler les réseaux qui ont frappé à Madrid et à Amman ; à Londres et à Bali ; A Washington et à New York. Si nous avons pu gagner la bataille des idées contre les communistes, nous pouvons nous associer à la grande majorité des musulmans qui rejette l’extrémisme, porteur de haine et non d’espoir.

Le moment est venu de renouveler notre résolution pour défaire les terroristes qui menacent notre sécurité en Afghanistan et les trafiquants qui vendent de la drogue dans vos rues. Personne n’aime la guerre. Je reconnais qu’il y a d’énormes difficultés en Afghanistan. Mais mon pays, comme le votre, a intérêt à ce que la première mission de l’OTAN en dehors des frontières de l’Europe se solde par un succès. Pour le peuple afghan et pour notre sécurité commune, il faut faire le travail. L’Amérique ne peut pas le faire seule. Le peuple afghan a besoin de nos troupes et de vos troupes ; de notre soutien et de votre soutien pour vaincre les Talibans et Al Qaeda, pour développer leur économie et pour les aider à rebâtir leur nation. L’enjeu est trop grand pour qu’on rebrousse chemin maintenant.

Le moment est venu de renouveler l’objectif d’un monde sans armes nucléaires. Les deux superpuissances qui se sont affrontés de chaque côté du mur, dans cette ville, ont été trop proches, trop souvent, de détruire tout ce que nous avons bâti et tout ce que nous aimons. Maintenant que le mur est tombé, nous ne devons pas rester inertes et observer tranquillement la dispersion de l’atome mortel. Il est temps de sécuriser tout le matériel nucléaire ; de réduire les arsenaux d’un autre âge. Le moment est venu de commencer à travailler pour chercher la paix d’un monde sans armes nucléaires.

Le moment est venu où chaque nation d’Europe doit avoir la possibilité de choisir ses propres lendemains, libéré des ombres d’hier. Pour le siècle qui vient, nous avons besoin d’une Union Européenne forte qui assoie la sécurité et la prospérité de ce continent tout en tendant la main à l’extérieur. Pour le siècle qui vient – dans cette ville parmi toutes les villes – nous devons rejeter l’état d’esprit de la guerre froide qui appartient au passé et nous engager à travailler avec la Russie quand nous le pouvons, à défendre nos valeurs quand nous le devons et chercher un partenariat qui s’étende à l’ensemble du continent.


Le moment est venu de construire à partir des richesses créées par l’ouverture des marchés et répartir ses bénéfices plus équitablement. Le commerce a été la pierre angulaire de notre croissance et de notre développement global. Mais nous ne serons pas capables de maintenir cette croissance si elle ne profite qu’à la minorité, et non à la majorité. Ensemble, nous devons construire une économie qui récompense véritablement le travail qui crée de la richesse, avec des protections significatives pour nos peuples et notre planète. Le temps est venu d’une économie libre et juste pour tous.

Le moment est venu où nous devons aider à répondre à l’appel pour une aube nouvelle au Moyen Orient. Mon pays doit faire front avec le votre et avec l’Europe pour envoyer un message direct à l’Iran afin qu’il abandonne ses ambitions nucléaires. Nous devons soutenir les libanais qui ont marché et saigné pour la démocratie, et les Israéliens et les Palestiniens qui cherchent une paix sure et durable. Et, malgré les divergences du passé, le temps est venu où le monde doit soutenir les milliers d’Irakiens qui cherchent à reconstruire leurs vies, tandis même que nous transférons les responsabilités au gouvernement irakien et finalement, mettons un terme à cette guerre.

Le moment est venu de nous rassembler pour sauver cette planète. Prenons l’engagement que nous ne laisserons pas à nos enfants un monde où les océans montent, la famine s’étend et des tempêtes terribles dévastent nos terres. Prenons l’engagement que toutes les nations – y compris la mienne – agiront avec le même sérieux que la votre et réduiront leurs émissions de carbone dans l’atmosphère. Le moment est venu de rendre à nos enfants leur futur. Le moment est venu de s’unir.

Et le moment est venu de donner espoir à ceux que la mondialisation a laissés en chemin. Nous devons nous rappeler que la Guerre Froide, née dans cette ville, n’était pas une bataille pour un territoire ou un trésor. Il y a 60 ans, les avions qui survolaient Berlin ne lâchaient pas de bombes ; à la place, ils envoyaient de la nourriture, et du charbon, et des bonbons aux enfants reconnaissants. Et parce ces gestes de solidarité, les pilotes ont gagné plus qu’une victoire militaire. Ils ont gagné les cœurs et les esprits ; l’amour, la loyauté et la confiance – pas simplement des gens de cette ville, mais de tous ceux qui ont entendu l’histoire de ce qu’ils ont fait ici.

Maintenant, le monde va regarder et se rappeler ce que nous faisons ici – ce que nous faisons de ce moment. Allons-nous tendre la main aux gens qui vivent dans les recoins oubliés du monde, qui aspirent à une vie digne où ils ont une chance ; à la sécurité et à la justice ? Sauverons-nous l’enfant du Bangladesh de la pauvreté, abriterons-nous le réfugié au Tchad, éradiquerons nous le fléau du SIDA au cours de notre vie ?

Défendrons-nous les droits de l’homme du dissident en Birmanie, ceux du bloggeur en Iran ou de l’électeur au Zimbabwe ? Donnerons-nous un sens aux mots « jamais plus » au Darfour ?

Reconnaîtrons-nous qu’il n’y a pas d’exemple puis puissant que celui que chacune de nos nations projette au monde ? Rejetterons-nous la torture et resterons-nous dans les limites de la loi. Accueillerons-nous les immigrés d’horizons divers et éviterons-nous les discriminations envers ceux qui ne nous ressemblent pas, qui ne prient pas comme nous et tiendrons-nous la promesse de l’égalité des chances pour tous ? Peuple de Berlin – peuples du monde – le moment est venu, notre heure est venue.

Je sais que mon pays n’est pas parfait. Il nous arrive de batailler pour tenir la promesse de l’égalité pour tous. Nous avons commis notre lot d’erreurs et parfois, nos actions à travers le monde, n’ont pas été à la hauteur de nos meilleures intentions.

Mais je sais aussi combien j’aime l’Amérique. Je sais que depuis plus de deux siècles, nous avons lutté – par de grands efforts et de grands sacrifices – pour former une union plus parfaite ; pour chercher, avec d’autres nations, un monde plus prometteur. Nous n’avons jamais fait allégeance à une quelconque tribu ou un quelconque royaume – de fait, toutes les langues sont parlées dans notre pays ; chaque culture a laissé son empreinte sur la notre ; chaque point de vue est exprimé dans nos jardins publics. Ce qui nous a toujours unis – ce qui a toujours fait avancer notre peuple ; ce qui a conduit mon père sur les rivages de l’Amérique est un ensemble d’idéaux qui parlent aux aspirations partagées par tous : qu’on peut vivre à l’abri de la peur et à l’abri du besoin ; qu’on peut dire ce qu’on pense, se réunir avec qui on veut et prier comme on l’entend.

Ce sont ces aspirations qui ont réuni les destins de toutes les nations dans cette ville. Ces aspirations sont plus grandes que tout ce qui peut nous séparer. C’est à cause de ces aspirations que le pont aérien a débuté. C’est à cause de ces aspirations que tous les hommes libres – partout – sont devenus citoyens de Berlin. C’est à la poursuite de ces aspirations qu’une nouvelle génération – la notre – doit imprimer sa marque sur l’histoire.

Peuple de Berlin – et peuples du monde – ce défi est immense. La route à venir est longue. Mais je viens devant vous pour vous dire que nous sommes les héritiers d’une lutte pour la liberté. Nous sommes les enfants d’un espoir improbable. Construisons sur notre histoire commune, saisissons notre destin commun et, une fois encore, engageons nous dans cette noble lutte pour amener la justice et la paix dans notre monde.

http://www.rue89.com/campagnes-damerique/le-discours-dobama-a-berlin?page=0#commentaires

mercredi 9 juillet 2008

En réalité, Mandela était un terroriste... plouf plouf

07.07.08 Bernard Estrade

C’est officiel. Nelson Mandela n’est plus un terroriste : le président George W. Bush a signé la loi qui retire de la liste d’infamie du gouvernement américain le nom de l’homme qui a conduit la libération de l’Afrique du sud.

Il y figurait depuis presque trente ans.

"Les Etats-Unis ont enfin fait un pas pour effacer la honte et le déshonneur qu’ils se sont infligés en inscrivant le nom de ce grand dirigeant sur la liste des terroristes à surveiller", a commenté John Kerry, naguère candidat malheureux à la Maison Blanche.

Nelson Mandela s’était lui-même amusé de la présence de son nom sur cette liste : "Il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec vous et vous étiquettent +terroriste+ mais, une fois que vous avez réussi, ils vous traitent en chef d’Etat (…) la notion de terrorisme est relative", avait-il fait remarquer en novembre 2001, lors d’une visite au siège des Nations Unies à New York.

Certes. Un terroriste aux yeux des uns peut être un héros et un combattant de la liberté pour d’autres.

C’est une banalité mais il est nécessaire de la rappeler alors que la "menace terroriste" continue à être invoquée pour réduire des libertés individuelles.

Les Etats-Unis et l’Union Européenne sont ainsi sur le point de parvenir à un accord qui pourra mettre les données personnelles de tous les citoyens européens à la disposition des agences américaines impliquées dans la lutte contre le terrorisme.

Et il ne s’agit pas seulement des détails d’état civil mais aussi des relevés de cartes de crédit et de comptes bancaires, ainsi que l’historique des voyages et des activités sur internet.

Washington et Bruxelles restent discrets sur ces négociations dont The New York Times a révélé l'avancement fin Juin.

Les derniers points en suspens portent sur la manière dont seront rectifiées d’éventuelles erreurs de l’administration américaine et les recours des personnes dont les données privées se retrouveraient dans de mauvaises mains.

La menace n’est pas théorique : régulièrement les agences américaines perdent ou se laissent voler des donnés informatiques confidentielles.

L’Union Européenne voudrait que les agences soient légalement responsables.

Elle souhaite aussi la mise en place d’une procédure judiciaire permettant aux citoyens de contester et de faire rectifier des décisions prises à tort.

Les Etats-Unis refusent tout encadrement légal et affirme qu’un recours auprès de l’administration américaine suffit.

Ce n’est pas convaincant : le sénateur Ted Kennedy a été ainsi lui-même empêché d’embarquer à bord d’un avion car son nom figurait sur une liste de personnes dangereuses.

Plusieurs démarches lui ont été nécessaires pour le faire rayer de cette liste diffusée notamment auprès des compagnies aériennes. Et il n’a jamais pu savoir à la suite de quelle erreur il y avait été inscrit.

Pour les dizaines de personnes moins célèbres qui se sont également trouvées à tort sur de telles listes, la mésaventure ne s’arrange pas aussi facilement et peut tourner à la tragédie.

Le cauchemar d’un ressortissant canadien d’origine syrienne, sans doute victime d’une homonymie, est exemplaire.

Maher Arar rentrait de Suisse au Canada via les Etats-Unis.

En transit à l’aéroport de New York, il a été intercepté par les services américains qui l’ont envoyé en Syrie où il a été détenu et, affirme-t-il torturé, pendant près d’un an avant que l’erreur soit reconnue et qu’il soit libéré.

Le Canada a fait amende honorable mais les Etats-Unis refusent toujours de reconnaître qu’ils se sont trompés.

Une Cour d’appel fédérale a ainsi rejeté la plainte fin juin de Arar au motif qu’en transit à l’aéroport il n’était pas techniquement sur le territoire américain. Et son nom figure toujours sur les listes des suspects.

Le cas de Nelson Mandela illustre le ridicule de la position de l’administration américaine.

Il doit aider à prendre conscience du pouvoir exorbitant que Washington veut s’arroger et de ses lourdes conséquences dont personne n’est à l’abri.

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