dimanche 22 avril 2007

Armée et Elections en Afrique: cas du Togo








Compte rendu de la conférence

Armée et élections en Afrique : cas du Togo. C’est le thème d’une conférence débat organisée ce samedi 21 avril 2007 à 14 heures 30, au CESAL de Tokoin Séminaire, par l’association Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A). C’était pour la J.U.D.A, le lancement d’une semaine d’activités en mémoire des victimes (disparus, blessés, exilés...), des violences du avril 2005, que l’association appelle « Semaine des patriotes ».


Au cours de la conférence, les responsables de la J.U.D.A ont déclaré qu’ils changent de méthode de communication en expérimentant « l’Ecole de la démocratie où tout les participants sont conviés à prendre la parole sur le thème. »

Dans ses mots de bienvenue, Benjamin NALIALI, Président de la J.U.D.A, a brièvement précisé que l’objectif de son organisation en parlant de ce thème n’est de vilipender l’armée mais de voir justement quel est son rôle en matière électorale. Prenant à son tour la parole, le Secrétaire Général, Rodrigue KPOGLI a déclaré dans une introduction liminaire, que les élections constituent une procédure permettant à une population de choisir ses dirigeants. Après avoir fait la distinction entre l’armée et la police, M. KPOGLI a ajouté que dans la procédure conduisant au choix des dirigeants, l’armée n’a d’autres rôles à jouer que de sécuriser le processus électoral en veillant à l’intégrité des frontières nationales. Mais « curieusement, dans beaucoup de pays africains et particulièrement au Togo, ce sont les armes qui ont remplacé le peuple dans la dévolution du pouvoir. Cet état de choses, est une entorse hautement grave à la démocratie et à l’évolution de la société togolaise. » En exemple, il a cité le rôle de l’armée lors des élections présidentielles de 1993, de 1998 au cours de laquelle la Commission Nationale Electorale a été dissoute, de 2003 et surtout en 2005 avec le vol des urnes et le massacre des populations togolaises.

Pour Rodrigue KPOGLI, l’armée doit laisser le jeu démocratique se faire par le peuple. « La mission de l’armée n’est de choisir les dirigeants d’un pays » a-t-il martelé. « Au moment où les élections législatives s’annoncent au Togo, il nous paraît fondamental de rappeler ceci aux forces de défense et de sécurité. » précisait-il.

Dans les échanges avec les participants, il est à noter que beaucoup ont montré leur intérêt pour les activités de la J.U.D.A et salué le thème qui sert de lancement de la Semaine des Patriotes.
Sur la question proprement dite, les intervenants ont unanimement désapprouvé l’implication de l’armée dans le choix des dirigeants. Ils ont établi en de termes variés mais clairs que si le processus démocratique marque le pas au Togo c’est bien parce que l’armée ne veut pas laisser le peuple désigner ses guides. Tous ont souhaité que ces agissements cessent pour le bien du Togo. Ils ont aussi insisté sur le renforcement des relations civilo-militaires, la formation civique et la fin de l’impunité... pour qu’un Togo nouveau émerge.

Les débats ont été d’autant plus riches que les organisateurs avaient donné l’opportunité aux participants de dire ce qu’ils pensent et n’ont eu finalement qu’à jouer la modération lors des échanges entre participants. C’était véritablement un bel exemple d’école de démocratie !

Concluant les travaux, M. KPOGLI a déclaré qu’il est impératif que l’armée togolaise cesse de se substituer au peuple dans la désignation de ses dirigeants. Il a asséné : « en réalité c’est l’armée togolaise qui, par ses multiples répressions, a poussé l’Union Européenne et les autres bailleurs de fonds, à suspendre leur coopération avec le Togo. Il est temps qu’elle le comprenne et qu’elle fasse des efforts pour faire évoluer les choses. » Le Secrétaire Général a proposé entre autres mesures : la fin de l’impunité au Togo, la suppression du vote des forces de défense et de sécurité 72 heures avant les autres citoyens pour qu’elles votent le même jour que les autres ou leur transformation en une composante neutre qui ne vote pas du tout, la soumission de l’armée au pouvoir civil démocratiquement élu ; pour que l’armée togolaise sorte des processus électoraux.
Notons que Claude Améganvi, du Parti des Travailleurs a fait une intervention très riche lors des échanges. Il parlé notamment de la dissolution de l’armée togolaise qui fait partie du programme de sa formation politique dans son point 2.

D’autres séances de discussions, de rencontres (notamment la célébration du 27 avril 2007 à 10 heures au CESAL avec une projection de film sur l’indépendance du Togo suivi de débats avec d’éminentes personnalités...), devront meubler la Semaine des Patriotes qui prend fin le dimanche 29 avril prochain avec des cérémonies religieuses en mémoire des « Patriotes Martyrs ».

vendredi 20 avril 2007

Violation des droits de l’homme au Togo: cas KEKEY Yaovi


COMMUNIQUE

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) vient d’être saisie d’un cas de violation flagrante de droits de l’Homme, qui en réalité est un acte attentatoire à l’intégrité physique exercé sur la personne de Monsieur KEKEY Yaovi, âgé de 27 ans, Technicien Supérieur en Génie Civil.

LES FAITS

Le sieur KEKEY, à la date du mercredi 18 avril 2007, dans l’exercice de sa profession, se rendait à moto autour de 13 heures GMT au quartier Kégué. Arrivé, à un carrefour débouchant sur le Boulevard du 13 janvier qu’il voulait emprunter, Monsieur KEKEY constate que le cortège du Ministre de la défense, Kpatcha GNASSINGBE, fils du feu président Eyadema Gnassingbé et frère de Faure Gnassingbé, arrivait à vive allure alors qu’il s’était déjà engagé. C’est alors qu’il décida de céder la voie au cortège en poussant la moto qu’il pilotait, en arrière.


Le cortège passa sans difficultés. C’est alors que les ennuis vont commencer pour le jeune KEKEY. Deux hommes armés mais en tenue civile, à bords d’une moto trail se sont approchés du jeune homme, lui demandant de descendre de sa moto pour monter sur le trail. Il obtempéra sous menaces. Sur le trail, le Monsieur qui a remorqué KEKEY, armé de deux pistolets et d’une mitraillette en bandoulière, l’avertit : « si tu touches à une des armes que je porte, tu es mort ». Le second initialement remorqué sur le trail, prit la moto de KEKEY, direction : domicile de Kpatcha GNASSINGBE. A la devanture de la maison, un officier en treillis sort pour demander aux soldats sur les lieux, s’ils avaient vu ce que Monsieur KEKEY avait fait lors de leur passage. Unanimement, ils ont répondu qu’ils « n’ont rien vu ». L’officier demanda alors à KEKEY de raconter ce qui s’est passé. Ne sachant concrètement ce qu’il doit raconter -puisque rien ne s’est passé- le jeune homme déclara qu’en cours de route, il a vu passer un cortège auquel il a cédé le passage. L’officier riposta en traitant le jeune de « menteur ». Les autres hommes en treillis jubilèrent en ces termes « on a de l’os à croquer », et demandaient « où sont les cordelettes ? ».

Pendant ce temps, le téléphone mobile de Monsieur sonna. Alors qu’il voulait recevoir l’appel, l’officier lui retira le téléphone et lui lança « tu veux encore téléphoner ? ». Puis, Monsieur KEKEY fut conduit sur un lot vide clôturé et plein de hautes herbes et d’arbustes, contigu à la maison du ministre. Là, deux hommes l’ont déshabillé et lui ont demandé de s’appuyer sur ses deux bras et lui ont dit « si tu cries, on va te déplacer et ce sera plus grave pour toi ». Les deux hommes ont battu et fait saigner Monsieur KEKEY à coups de « Rangers » et de cordelettes, dans une allégresse inexplicable, selon les termes de la victime.

Après ce passage à tabac, ordre a été intimé à la victime de se relever et se nettoyer le corps : « si on voit une goutte de larmes dans tes yeux, tu vas voir » lui disaient- ils. Avant de laisser partir Monsieur KEKEY, sa carte d’identité nationale, la carte grise de sa moto et la moto ont été retirées et gardées par l’officier qui a dit à la victime de revenir les chercher à 18 heures GMT avant d’ajouter « si on apprend ce qui s’est passé ici quelque part ou sur les médias, tu es mort. D’ailleurs on sait où tu habites et on connaît ton numéro de téléphone ».

Plus tard, Monsieur KEKEY a pu retirer ses pièces et sa moto grâce à l’intervention de certaines personnes.


POSITION ET RECOMMANDATIONS DE LA J.U.D.A


La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) condamne énergiquement ces traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à un citoyen, pour des motifs totalement absurdes voire inexistants. La gratuité de ces sévices est d’autant plus manifeste que les auteurs ont manqué d’arguments sérieux justifiant leur acte et ont voulu imposer à la victime la loi du silence.


Ces agissements sont légions au Togo où certains individus pensent disposer du droit de vie et de mort sur leurs concitoyens. Ces outrages à la dignité de paisibles Togolaises et Togolais sont le fruit de l’impunité absolue dont leurs auteurs ont bénéficié et continuent de bénéficier.

En cette période pré-électorale, la résurgence de ces agressions sauvages à l’endroit de paisibles citoyens togolais, suscite des inquiétudes quant à l’avenir. La J.U.D.A, par conséquent, appelle tout le peuple togolais à la vigilance et à la mobilisation contre les violations des droits humains et contre l’impunité.


La J.U.D.A demande à toutes les institutions internationales et autres bonnes volontés qui accompagnent le Togo actuellement d’interpeller les autorités, à commencer par Monsieur Faure Gnassingbé, sur ces actes qui ne sont pas de nature à restaurer la quiétude au sein de société togolaise.

Elle exige des forces de défense et de sécurité, qu’elles soient en tenue civile ou militaire, le strict respect des normes républicaines et de l’intégrité de tout Togolais en cette période pré-électorale ; ceci pour que leur image tant écornée, soit progressivement améliorée.

Elle appelle le gouvernement Agboyibo à :
  • condamner cet acte, qui n’est pas un fait isolé,

  • ouvrir une enquête indépendante pour identifier les auteurs de cet acte inacceptable et les punir conformément aux lois nationales et internationales en la matière,

  • rassurer l’ensemble du peuple togolais à travers une prise de position claire contre ces pratiques précambriennes.

  • travailler avec ardeur pour le respect de droits et libertés du peuple togolais dans son ensemble.

Fait à Lomé, le 20 avril 2007
Pour la J.U.D.A,

Le Secrétaire Général,
Rodrigue KPOGLI

lundi 9 avril 2007

Compte rendu de la semaine des Patriotes

  • Communiqué

    Le 24 avril 2005, le peuple togolais est conduit, dans la précipitation et dans une ambiance ensanglantée, à une élection présidentielle visiblement jouée d’avance.

    Quelques heures après l’ouverture des bureaux de vote, le régime coupe les câbles téléphoniques et la connexion internet. Puis le duo Faure GNASSINGBE- Abass BONFOH et leurs alliés déclenchèrent par le biais des FAT (Forces Armées Togolaises) accompagnées par les milices, une opération de terreur en réponse au rejet populaire constaté lors du vote. Du 24 avril jusqu’au début mai 2005, environ 1000 patriotes togolais sont tombés sous les balles aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays. A ce jour, les auteurs et commanditaires de ces crimes baignent dans une impunité révoltante malgré les appels incessants d’organisations nationales et internationales de promotion de la démocratie et de défense des droits humains.

    La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A), à l’occasion du deuxième anniversaire de ces douloureux évènements, élève ces morts et blessés au rang de Patriotes Martyrs et érige en leur mémoire une semaine d’actions dénommée, la « Semaine des PATRIOTES ».

    Le programme :
  • samedi 21 avril 2007 à 14h 30 : conférence débat Thème : Armée et élections en Afrique : cas du Togo. Lieu : CESAL de Tokoin Séminaire.
  • mardi 24 avril 2007 à 8h 00 : marche pacifique contre l’impunité au Togo.

    Point de départ : Château de Bè.
    Point de chute : Haut commissariat de l’ONU.
  • vendredi 27 avril 2007 à 10 h 00 : retrouvailles et recueillement suivis d’échanges autour des sujets :
    1) Indépendance du Togo : fiction ou réalité ?
    2) Jeunesse critique et engagée. Quel bilan ?
    Lieu : CESAL, Tokoin Séminaire.
  • dimanche 29 avril 2007 : célébration religieuse en mémoire des Patriotes.

    Tous les démocrates et militants ainsi que les organisations travaillant pour la liberté et les droits humains sont cordialement invités à participer ce programme citoyen.

    Fait à Lomé, le 9 avril 2007

    Contactez : lajuda2000@hotmail.com


    Lire le compte rendu ici

jeudi 8 mars 2007

Drame à Agamé: les réfugiés togolais meurent

Communiqué de la J.U.D.A

Deux enfants périssent dans un incendie au camp de réfugiés togolais d'Agamé au Bénin

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique a appris avec effroi que la communauté togolaise des réfugiés et demandeurs d'asile a enregistré dans la nuit du 05 Mars 2007, un terrible drame au Bénin. Deux enfants ont perdu la vie dans le camp d'Agamè situé à une dizaine de kilomètre de Lokossa, la capitale des départements Mono-Couffo.


En effet, des premiers témoignages des habitants de ce camp, il ressort que les parents des deux disparus ont utilisé le feu de bois pour la cuisine. Après la cuisine, les bois ont mal éteint et cela a occasionné l'incendie de la tente d'habitation. AMEHOU AKOSSIWA, une fille de 08 ans et son frère AMEHOU Claude, 07 ans qui se trouvaient certainement endormis dans la tente sont morts calcinés.

Selon les rapports reçus par la J.U.D.A, la délégation régionale du HCR et ses partenaires dans la gestion humanitaire au Bénin feraient une gestion mafieuse de la communauté des réfugiés togolais en faisant croire qu'ils donnent du charbon de bois aux réfugiés pour la cuisine, mais la réalité serait toute autre sur le terrain. Selon les mêmes sources, certains responsables se rempliraient les poches pendant que les réfugiés sont laissés à leur propre sort.

La J.U.D.A dénonce vivement cette situation inacceptable qui vient de tuer deux innocentes personnes (AMEHOU AKOSSIWA ET AMEHOU CLAUDE) et exige que la gestion humanitaire soit repensée d’urgence par des institutions qui en ont la charge au Bénin. Tout en demandant des clarifications au HCR, la J.U.D.A interpelle les autorités togolaises à faire tout pour mettre fin à la vie pénible d’exilés, teintée de scènes dramatiques, que mènent nos compatriotes au Bénin et au Ghana. Il est temps de prendre la mesure exacte de la situation au lieu de jouer à la démagogie permanente.

Actions recommandées
Veuillez envoyé des lettres de protestation en direction de la délégation régionale du HCR au Bénin et lui demander d'humaniser la gestion des réfugiés togolais au Bénin.
Le Représentant : saidira@unhcr.org ,
Ses collaborateurs en charge de la protection: apala@unhcr.org, gangnon@unhcr.org,
Responsable du Bureau : casteele@unhcr.org

Fait à Lomé, le 08 mars 2007

La J.U.D.A

Le Secrétaire Général,
Rodrigue KPOGLI

dimanche 18 février 2007

La marche du Togo vers la démocratie: bilan et perspectives








Compte rendu de la conférence publique de la J.U.D.A


La marche du Togo vers la démocratie : bilan et perspectives. C’est sur ce thème que l’organisation Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) a animé le samedi 17 février 2007 au CESAL de Tokoin Séminaire à Lomé, en collaboration avec le Mouvement Citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe (MDTE), une rencontre publique. Cette conférence selon les responsables de la J.U.D.A, se veut une tribune pour le peuple et surtout la jeunesse de débattre du processus démocratique enclenché depuis 1990 au Togo.

Après les mots de bienvenue du président de la J.U.D.A, M. Benjamin NALIALI, précédés de l’hymne national chanté avec ferveur par toute l’assistance, une contribution écrite du MDTE a été lue, par M. Kossi APLA, un militant actif de la J.U.D.A. Suivra, l’exposé du thème de la rencontre par le Secrétaire Général M. Rodrigue KPOGLI, qui a conclu que le bilan est négatif en ce qui est de la marche du Togo vers la démocratie. Les débats qui ont suivi l’exposé, ont été comme d’habitude animés. M. Rodrigue KPOGLI, avec sa franchise traditionnelle n’a rien laissé passer. A toutes les questions et autres commentaires, le communicateur a apporté des réponses qui ne laissent transparaître aucune zone d’ombre, confirmant ainsi qu’à la J.U.D.A, un chat est un chat. Les participants ont, à la fin des travaux, unanimement souhaité que l’organisation tiennent plus régulièrement les rencontres de ce genre pour permettre aux citoyens togolais de comprendre certaines choses et leur donner par là même, l’occasion de s’exprimer.

Pour permettre à chacun de se faire une opinion sur cette rencontre, une nième de la J.U.D.A, voici en intégralité l’exposé de M. Rodrigue KPOGLI et la contribution du MDTE lue lors des travaux.


Communication de M. Rodrigue KPOGLI, Secrétaire Général de la J.U.D.A

Mesdames, Messieurs les membres de la J.U.D.A et du MDTE
Mesdames, Messieurs représentant la presse nationale et internationale
Distingué(e)s invité(e)s

Une fois encore, vous avez accepté braver des difficultés pour répondre à l’invitation de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique. Cette obstination qui est la vôtre, est le témoignage irréfutable de votre volonté et de votre engagement à œuvrer individuellement puis collectivement à l’édification d’un Togo nouveau fondé sur les valeurs républicaines, elles-mêmes bâties sur la paix, la justice et le respect de la dignité humaine.
Nous nous devons, avant tout, d’adresser les félicitations de l’association à tous les nôtres qui se battent, comme des lions, et souvent dans l’anonymat, pour tenter d’ouvrir les yeux, les oreilles, le cœur et la raison de leurs compatriotes majoritairement encore inaccessibles aux notions de démocratie, et de citoyenneté. A tous ces militants sincères, convaincus et combatifs, nous disons : courage, confiance et fierté.
La presse ici, représentée, mérite respect et encouragement. Son travail, ces dernières années, a été très précieux dans la compréhension du système politique togolais.

Le Mouvement citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe (MDTE) qui a bien voulu être à nos côtés en ces moments, est à féliciter et à saluer. La J.U.D.A rend hommage à cette organisation qui, par ce geste, mieux ce devoir patriotique d’amitié, montre que le message de la J.U.D.A délivré à l’endroit de la diaspora en juin 2006 lors d’une conférence dont le thème est : quelle jeunesse pour le Togo ? n’est pas tombé dans les oreilles de sourd. Son message lu depuis cette tribune, en est la certitude. Chacun des membres de cette structure et particulièrement l’Administrateur délégué montrent à suffisance à travers leur engagement que combattre pour un Togo démocratique requiert l’implication positive des Togolais de l’étranger qui, ne doivent pas voir leur éloignement géographique du pays comme une bouée de sauvetage de l’enfer togolais mais plutôt une mission sacrée pour apporter les dividendes de leurs expériences acquises à leurs compatriotes engagés qui sont restés sur le terrain.

Le sujet (La marche du Togo vers la démocratie au Togo) qui nous réunit ici, cet après-midi devrait être la préoccupation de tous. Mais certains compatriotes notamment jeunes, bien qu’étant informés et disposant de moyens pour faire le déplacement, ont choisi, soit par ignorance, soit par mépris de rester dans leur case ou de s’occuper par des activités totalement futiles voire rétrogrades. En procédant ainsi, ils ont agi comme des nourrissons, dormant tranquillement au moment même où la case est en feu.

La marche du Togo vers la démocratie au Togo n’a pas été une marche rectilinéaire. Elle est sinusoïdale et sinueuse. Pleine d’embûches et d’écueils. Cette marche enclenchée véritablement en 1990, le peuple togolais l’avait rêvée. Aujourd’hui ce rêve est devenu un cauchemar en pleine journée.

Dans la démonstration qui va suivre, nous essayerons d’établir le bilan du processus démocratique au Togo et formuler les perspectives qui aux yeux de la Jeunesse unie, doivent guider l’action de chacun de nous dans le présent et le futur.

I-le bilan de la marche du Togo vers la démocratie

Pour parler du bilan de la marche du Togo vers la démocratie, une définition du concept de la démocratie s’impose.

A/ Qu’est-ce que la démocratie ?

La démocratie est le type de régime politique dans lequel le peuple est maître du jeu dans tous les sens. Fort de cela, on admet volontiers que la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Pouvoir du peuple : l’autorité politique appartient au peuple qui désigne librement ses dirigeants, accorde confiance et donne mandat, généralement au moyen des élections.

Pouvoir pour le peuple : les personnes qui ont reçu ce mandat doivent exercer le pouvoir au profit du peuple, dans son intérêt, et non pour les privilèges, les honneurs et l'enrichissement personnel.

Pouvoir par le peuple : l'exercice du pouvoir par les membres de la société, capables de poser des actes politiques bénéfiques au peuple, sinon à la majorité, activement en faisant la politique, en étant au pouvoir ou dans l'opposition ; passivement sans faire la politique, en exprimant leurs opinions de manière ouverte et pacifique, au moment opportun, y compris par les élections.

Cette confiance issue du peuple se définit par sa souveraineté qui lui permet d'investir ses représentants désignés au cours d'élections libres. Se réclamer d’un soutien populaire peut paraître une étiquette démocratique. Liberté et démocratie sont des mots que l'on utilise souvent de façon interchangeable, mais ils ne sont pas synonymes.

La démocratie évoque effectivement une série d'idées et de principes sur la liberté et la modalité de gestion de la chose publique consistant en une série de pratiques et de procédures élaborées au regard des expériences souvent ardues, controversées et tortueuses. Cependant, elle est l'institutionnalisation de la liberté.
Certains élément; ont résisté à l'épreuve du temps pour caractériser la démocratie à savoir : les fondements du gouvernement constitutionnel, les droits de l'homme et I'égalité devant la loi.

La marche vers la démocratie est le cheminement pouvant permettre à un pays d’arriver à un gouvernement où le peuple est en amont et en aval du pouvoir. C’est le processus démocratique ou encore la démocratisation.

Ce système de gouvernement, le peuple togolais le désire depuis 1990 avec le soulèvement populaire du 05 octobre. Près de 20 ans de marche, il convient de faire le bilan.

B/ Le bilan proprement dit.

Le peuple togolais, aux lendemains immédiats de l’accession du Togo à la souveraineté internationale, avait été sevré précocement par un coup d’état sanglant aboutissant à la mort tragique de M. Sylvanus OLYMPIO, triomphalement porté au sommet de l’Etat togolais lors du scrutin de 1958. Cette victoire des Nationalistes, malgré les fraudes de tous genres, est le premier signe annonçant la volonté du peuple togolais de bâtir un Etat répondant à la trilogie : gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

De l’assassinat de M. OLYMPIO en 1963 jusqu’en 1990, le Togo a connu trois dirigeants, tous venus au pouvoir à l’insu du peuple qui en est l’unique détenteur.

Sous le régime Eyadéma GNASSINGBE, le Togo avait connu une paix imposée par les baïonnettes jusqu’en 1990 où les Togolais étranglés par les injustices et les brimades, avaient courageusement pris la résolution de ne plus faire ménage avec ce régime sanguinaire à la façade humaniste.

De octobre 1990 à février 2005 (du soulèvement populaire à la mort de Gnassingbé)

Cette période a été très mouvementée. On a connu :

- les répressions des manifestations pacifiques,
- les assassinats politiques,
- les emprisonnements,
- la chasse aux patriotes,
- les attentats,
- des milliers de Togolais forcés à s’exiler pour avoir la vie sauve. Parmi eux, certains seront poursuivis jusque dans leur dernier retranchement puis lâchement tuer. D’autres mourront en exil.
- les marches de soutien au régime en place à l’issue desquelles sont lues des déclarations ou motions injurieuses et calomnieuses à l’endroit des partis de l’opposition et de tous ceux qui prônent le changement. L’église n’est pas épargnée.
- les arrestations abusives accompagnées de brutalités insoutenables notamment de journalistes.

-Nous avons encore en mémoire les plus récentes : Lucien Messan, Dimas Dzikodo, Colombo Kpakpabia, Phillipe Evégnon… et j’en passe. Plusieurs journaux ont dû cesser leur parution pour éviter que la plume ne creuse la tombe de ses tenants. D’autres ont changé tout simplement de ligne éditoriale.

- la conférence nationale souveraine (CNS) qui a abouti au rétablissement de l’hymne « Terre de nos aïeux », à la mise en place du HCR comme institution législative provisoire, d’un gouvernement de transition avec un premier ministre. La CNS a d’autre part, limité les prérogatives du président de la République, suspendu l’ancienne de 9 janvier 1980 et procédé à l’écriture d’une nouvelle constitution adoptée en 1992 conduisant à l’organisation de la première élection présidentielle pluraliste de 1993. Suivront celles de 1998, de 2003. Toutes ces consultations électorales ont été entachées de fraudes et de massacres des populations par l’armée.

- La férocité de la répression a conduit le peuple à s’inscrire dans une grève pacifique illimitée qui dura 9 mois. La dictature demeurera ferme telle une dent cariée.

- Les législatives de 1994 sont les seules élections dans l’histoire du Togo à être proche de la réalité des urnes. Mais là aussi, la dictature a joué le jeu de la division pour vider les résultats de leur substance. Et l’opposition y a contribué.
- Tous ces actes de violences et de violations des libertés démocratiques ont été menés de main ferme par une armée nourrie, habillée et équipée par ce même peuple qu’elle tue. Les milices ont, elles aussi joué leur partition.

Le Togo avait connu aussi des dialogues et des accords : Ouaga I, II et III, Colmar, un Accord Cadre. 22 engagements ont aussi été pris devant l’Union Européenne. Mais toutes ces démarches n’ont strictement rien donné en terme d’évolution du Togo vers un régime démocratique.

Bref à cette époque où le pouvoir en place soutenu et conseillé par certains pays occidentaux à la morale douteuse, révélait au grand jour son vrai visage, l’opposition n’a rien trouver de mieux à offrir au peuple qui lui est totalement acquis, qu’un jeu de marquage et de positionnement vide de sens, symbolisé par les détestations, les divisions internes et les peaux de banane glissées cyniquement sous les pieds des uns par les autres. L’opposition s’est vraiment battue ! Ignorant que la compétition n’est pas ouverte du tout. Les différentes coalitions ou tentatives de rassemblement de l’opposition pour des actions concertées ayant beaucoup plus d’impact n’ont jamais survécu. Ces coalitions disparaissent à la minute qu’elles naissent.

Affaibli dans un premier temps par l’extériorisation du mécontentement populaire, le président Gnassingbé a retrouvé les rênes de son pouvoir par le biais de l’armée. Il a aussi accusé à tort ou à raison l’opposition qui par ses agissements n’a pas montré de réelles aptitudes à exercer le pouvoir autrement. Une campagne de dénigrement a ainsi commencé avec en toile de fond l’ethnisation du débat politique, le tracé du clivage Nord –Sud… Malheureusement, aux différentes élections, les vrais résultats jamais proclamés, montrent que le peuple togolais n’est pas totalement tombé dans ce traquenard. Cependant l’opposition n’a jamais été capable de relever le défi de la période post-électorale. Elle a toujours laissé ces masses qui l’ont toujours soutenue et accompagnée à la merci de la répression. Elle n’a jamais montré qu’elle disposait de réelles stratégies de conquête du pouvoir. Ainsi, le peuple togolais a eu à supporter dans la douleur et le silence imposé Gnassingbé durant les 15 années premières années suivant le soulèvement de 1990.

De février 2005 à ce jour (de la mort de Gnassingbé à la présidence de Gnassingbé).

Le 05 février 2005, la nouvelle de la disparition de Eyadéma Gnassingbé est tombée officiellement au journal télévisé de 20 heures. Au lieu de voir jubiler le peuple, la nouvelle fut accueillie avec réserve et scepticisme. La suite des évènements a donné raison à cette réaction. Quelques minutes plus tard, sur les écrans de la même télévision, un quarteron d’officiers supérieurs des Forces Armées Togolaises (FAT) ont révélé au grand jour leur mainmise sur le pouvoir. En émasculant le schéma républicain que le père Gnassingbé a trituré préalablement pour baliser le chemin à son fils, les putschistes ont violé les textes fondamentaux de la République togolaise. Ils se sont substitués à la Cour constitutionnelle qui est l’unique institution à prononcer la vacance du pouvoir.

L’armée a constaté la vacance du pouvoir et décidé de nommer Faure Gnassingbé à la présidence de la République. Soucieux de donner un vernis légal à cette forfaiture, la bande armée a massacré la constitution togolaise en la réécrivant en l’espace d’une journée avec la complicité de l’Assemblée Nationale en violation absolue de l’article 144 de ladite constitution, qui interdit les modifications constitutionnelles en période d’intérim. En l’espace de quelques heures, Faure Gnassingbé, ministre à la mort de Eyadéma Gnassingbé, a fait un parcours rocambolesque et connu une ascension qui ne peut qu’être vertigineuse pour une personne ayant toujours vécue dans des plaines.

Plus tard, sous pression, les putschistes ont, avec l’assistance de juristes français, des conseillers de l’Elysée et du Quai d’Orsay, fait semblant de rebrousser chemin non sans tuer de dizaines de Togolais exigeant le retour à l’ordre constitutionnel dans les rues.

Dans cette ambiance ensanglantée, le scrutin présidentiel, précédé d’une campagne très mouvementée, a eu lieu le 24 avril 2005 suite à une interprétation biaisée de la constitution notamment l’article 65. Le 26 avril 2005, Faure Gnassingbé est proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle. Le peuple se soulève. Il est accueilli par les coups de canon. Le nombre de mort est estimé à un millier. Les blessés ont atteint au moins 8000 personnes. Déjà, à la veille de l’élection, des milliers de Togolais ont fui le pays pour échapper aux violences entretenues. Au lendemain du scrutin, le nombre des réfugiés a atteint 40.000 au Ghana et au Bénin sans compter les réfugiés en interne, c'est-à-dire ceux-là qui se sont déplacés à l’intérieur du pays. Rappelons que la population togolaise est estimée à environ 6.000.000. C’est comme un homme voulant accéder à l’Elysée en France dont la population est d’environ 60.000 000, tue 6.000 personnes, blesse 80.000 autres et envoie 400.000 français en Allemagne et en Espagne et tout ceci se passe en 2005.

La peur s’est installée. Les forces de résistance démocratique ont dû plier l’échine sous le poids des armes, des coups de matraque et de gourdins cloutés. Elles ont fini par laisser la succession héréditaire se réaliser au sommet de la république.

En bon pupille des réseaux françafricains, Faure Gnassingbé obéit à la tradition des dictatures en quête de légitimité. Il respectera scrupuleusement chacune des phases du système : gagner frauduleusement la présidentielle, réprimer très sévèrement la contestation, appeler l’opposition et la société civile à dialoguer pour la formation d’un gouvernement d’union nationale ou de large ouverture, puis appeler à l’organisation des législatives. Toutes ces étapes ont été franchies avec brio par le clan au pouvoir grâce notamment à la France, à la complicité de l’opposition et de la société civile.

Le dialogue annoncé a connu deux phases. D’abord à Lomé puis à Ouagadougou sous la houlette du président Blaise Compaoré. Un accord politique dit global est signé le 20 août 2006 à Lomé par toutes les parties au dialogue.

A l’analyse, cet accord n’est qu’un arrangement électoral sur fond de légitimation à vil prix d’un pouvoir assis sur des ossements humains. L’opposition togolaise, lors du dialogue a presque réduit les pourparlers à une compétition au poste de premier ministre. Les stratèges du régime ayant compris que les leaders se donnaient des coups pour cela, ont monté les enchères en déclarant qu’ils proposeront la suppression de la primature lors des discussions. C’est la consternation dans les rangs des prétendants au poste

Une preuve supplémentaire que les discussions ont visé d’autres choses que la démocratisation du Togo est que les forces de changement (partis d’opposition et société civile) n’ont pas pu demander la suppression de la fête du 13 janvier dans le sens de la réconciliation. Lorsqu’il s’est agit de la célébration du 13 janvier 2007, cyniquement et certainement prenant le peuple pour une bande d’idiots, les partis d’opposition au gouvernement d’union nationale, au pouvoir donc, ont choisi de séduire l’opinion en séchant les festivités. Le premier ministre ainsi que tous les ministres du CAR et de la CDPA ont été absents de la parade militaire. Le lendemain, la presse a unanimement salué « la ligne de démarcation tracée par ces responsables ». Non ! Nous autres à la J.U.D.A, nous avons une lecture plus profonde que celle-là. L’absence des ministres de l’opposition est une victoire sans trophée. Elle n’a pas empêché le RPT et ses acolytes d’inviter leurs amis fêtards de divers horizons pour sabler le champagne sur le dos du contribuable togolais. L’opposition aurait tracé la ligne de démarcation en demandant et en obtenant noir sur blanc la suppression pure et simple de cette date qui replongea le Togo dans les arcanes du néocolonialisme.

Aujourd’hui au gouvernement, il apparaît évident que deux camps s’affrontent. Une partie des ministres est sous l’autorité du premier ministre à quelques exceptions près. Une autre partie n’a de compte à rendre qu’au chef de l’Etat.

Le régime actuel fait circuler l’argent comme l’a fait le précédent. Tout est question d’héritage alors ! Mais cette fois-ci, l’argent a des cibles précises. Il s’agit des responsables de presse, des leaders syndicaux, des responsables d’organisations associatives voire politiques répondant au dénominateur commun de critiques envers le régime.

Comme conclusion, on peut dire que sous le fils comme sous le père, les principes démocratiques sont bafoués. Il n’y a pas de compte rendu sur la gestion du pays. La volonté de mieux faire reste absente. Toujours et toujours procéder par saupoudrage. Les institutions sont restées de façade. Elles sont toutes au service du clan. Au Togo, la priorité est accordée à la démocratie-procédure au détriment de démocratie-culture. On va aux élections sans changement. Le Togo, depuis 1990 a acquis une culture de la démocratie-procédure et enregistré 4 scrutins présidentiels et 3 législatives. Toutes ces élections n’ont pas fait émerger la volonté du peuple, fondement d’un régime démocratique. Toutes les fois, ce sont les armes qui ont fait le jeu en se substituant au peuple souverain.

La porte des médias publics n’est que partiellement ouverte aux opinions contraires à celles du régime en place.

La loi fondamentale est modifiée à plusieurs reprises, pas dans le sens de la performer pour la rendre plus fonctionnelle. Elle l’a été pour régresser vers un régime plutôt familial et liberticide.


II- Les perspectives

Les bases d’une véritable démocratie étant faussées, il nous faut repartir des valeurs qui n’ont rien de commun avec l’illusion démocratique dans laquelle se trouve actuellement le Togo avec 77 partis politiques (si la tendance est maintenue, à l’horizon 2050, chaque famille aura son parti politique. Quelle honte !) Fort de cela, nous percevons les perspectives en terme de défis à relever.

- mobilisation pour les prochaines législatives, si tant est qu’elles pourraient servir d’occasion pour les forces alternatives de renouer le lien avec les populations, aujourd’hui échaudées par les violences politiques,
- réalisation de l’alternance politique au plus tard en 2010,
- émergence d’une société civile responsable qui ne transforme pas le monde associatif en un champ de bataille pour la captation des sources de financements extérieurs,
- édification d’une citoyenneté responsable, qui dans son exercice ne fait pas des casquettes, des T-shirts, d’un kilo de riz ou de quelques billets de CFA le prix de l’engagement,
- reforme des institutions républicaines pour qu’elles soient au service de tous et non du clan au pouvoir,
- construction d’un Etat de droit pour que l’égalité devant la loi dans les principes ne se concrétise par une justice à double vitesse dans les faits,
- culture démocratique se traduisant par la transcendance des clivages ethnique, régionaliste voire sectaire. La manifestation dans la vie de chaque fils de ce pays des valeurs de tolérance, de respect du bien public et d’autrui, l’altruisme…
- répudiation de la gestion sultanesque des ressources du pays,
fin de l’impunité révoltante dont bénéficient les auteurs de violations des Droits de l’Hommes et autres crimes économiques. Si les gens savent que l’alternance est une certitude, beaucoup hésiteront à commettre certains actes
- réconciliation des togolais, et en ce sens, le combat contre l’impunité n’est pas à négliger.
- fondation d’une armée républicaine (a ce niveau, les seuls statuts ne suffisent pas. Il faut une vraie pédagogie démocratique aux hommes en armes. Il faut « toiletter » leur mentalité
- conscientisation de la jeunesse pour le retour aux valeurs traditionnelles positives. Mettre fin à la tendance de mimétisme béat en cours faisant du jeune togolais une copie pâle du jeune européen ou asiatique
- défi d’informer les populations rurales sur la situation du pays.
- mise en place de la cour des comptes et du conseil économique et social pour compléter les institutions. Une démocratie a besoin de compte rendu de la gestion des ressources financières.

Il faut vaille que vaille arriver à bâtir des îlots d’intégrité et de résistance à toute épreuve pouvant guider les actions du peuple vers une véritable démocratie.

Mais, Honorables invités, si tout ceci ne peut pas marcher, alors, il ne nous reste qu’à dire à ceux qui, aujourd’hui manifestement disposent d’un titre foncier sur le Togo, de diviser les 56. 600 Km2 du Togo aux 6.000.000 de ses habitants. Chacun certainement pourrait avoir un lot ou un demi lot qu’il pourra vendre. L’argent ainsi gagné pourra servir aux uns de s’installer ailleurs et aux autres de décider de ce qu’ils désirent faire de leur existence.

Je vous remercie.


Contribution du MDTE à la conférence publique de J.U.D.A

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, les Responsables de la J.U.D.A,
Chers combattants de la Liberté,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Le Mouvement Citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe, tient tout d’abord à vous remercier pour votre initiative qui, au-delà de faire le bilan de notre pays dans sa difficile marche pour une démocratie authentique, servira de cadre pour qu’ensemble les bases d’une démocratie saine durable puissent être posées sur la terre de nos aïeux.

C’est un plaisir et un grand honneur qui nous est fait, nous, vos sœurs et frères qui vivons en Europe et dont certains, regroupés au sein du MDTE, ont résolument choisi de s’engager aux côtés du peuple togolais.

Longtemps, les sœurs et frères restés au TOGO se sont demandés si notre diaspora togolaise est au courant des réalités locales et quotidiennes du peuple togolais; et quel rôle cette diaspora joue ou veut jouer dans cette marche pour la démocratie au TOGO.

Vous devez savoir, et nous vous devons cette franchise, que l’implication collectivement organisée de la diaspora n’a pas été jusqu’alors à la hauteur des attentes légitimes qu’elle génère aujourd’hui. Au sein du MDTE, nous voulons que cela change pas seulement dans les discours, mais en étant réellement à vos côtés, à travers des actions concrètes directes, et aussi à travers des relais associatifs que nous mettrons en place avec le concours de toutes les bonnes volontés.

Le thème que vous avez choisi de développer dans le cadre de cette conférence-débat est « La marche du Togo vers la démocratie : bilan et perspectives ». Nous vous en félicitons, car cette démarche que vous initiez en ce début d’année est à nos yeux, le passage obligé de toute organisation militante engagée dans un long processus de démocratisation pour l’avenir de notre pays. C’est un sujet qui nous préoccupe au M D T E.
La situation générale de notre pays, nous en convenons tous, reste encore aujourd’hui très difficile. Les conditions d’organisation et de déroulement du dernier scrutin présidentiel, témoignent encore une fois du refus de dialogue toujours manifesté par le système en place et sa volonté de verrouiller, quoiqu’il en coûte, le paysage politique national.

Cet aveuglement qui a entraîné, comme le monde entier le sait, la mort de plus de 500 de nos compatriotes et jeté sur la route de l’exil plus de 40.000 autres, vise à maintenir le peuple togolais dans un état d’asservissement permanent dont les conséquences sont hélas, dramatiques dans tous les domaines. C’est ainsi que :

Sur le plan éducatif et social, la constante dégradation des conditions de vie dans nos familles, couplée à l’absence totale de plans de formation de jeunes, privés de toute perspective sérieuse d’insertion sociale et professionnelle, une génération montante qu’elle conduit au contraire dans une impasse régie par la misère.

Sur le plan sanitaire, le délabrement des structures hospitalières publiques et la pénurie organisée des médicaments, n’offrent pour garantie à nos parents qu’un accès difficile et sélectif aux soins de premières nécessités.

Sur le plan économique, le marasme est de règle dans tous les secteurs d’activité. Les mieux lotis tournent au ralenti. Les étals des commerçants et des petits revendeurs sont vides. Dans les villages, les jours de marché ne reflètent plus l’abondance mais l’incertitude du lendemain.

Sur le plan des libertés individuelles, l’insécurité demeure le lot commun de tous les Togolais. Nos compatriotes déplacés, vivant en exil dans des conditions inhumaines dans les pays voisins, craignent toujours pour leur retour au pays. Les journalistes indépendants sont brutalisés voire arrêtés.

Sur le plan de la fonction publique, les services de l’Etat offrent le même constat de pénurie de moyens, que nos écoles, nos hôpitaux, nos administrations. Notre système judiciaire est plus que jamais, un paradoxe de justice organisé autour d’une sacro-sainte impunité. Enfin, notre souveraineté nationale n’est plus qu’une coquille vide dont le contenu est bradé aux Etats étrangers.

Nous sommes convaincus au MDTE, que la grave crise togolaise ne peut se résoudre que par deux voies parallèles. Des initiatives hardies et volontaristes doivent œuvrer pour la création des conditions d’une véritable réconciliation nationale. En même temps, elles doivent promouvoir des outils juridiques et constitutionnels fiables, destinés non seulement à faire triompher cette volonté populaire, mais aussi et surtout à la sauvegarder.

Nous considérons au MDTE que, l’Accord Politique Global (APG), présente des insuffisances notoires qui transparaissaient dans les questions fondamentales. Malgré cela et faute de mieux, ce compromis doit être perçu comme une médication d’urgence permettant de mettre sous perfusion, l’espoir du peuple togolais, annonciateur de la fin de son martyr. Cet accord hélas, donne déjà l’impression d’une duperie de plus du peuple togolais et semble conduire le pays dans une impasse.

Se voulant force de propositions dans l’application et la mise en œuvre fidèle de l’APG, le MDTE, par cette analyse, décide d’assumer son rôle de veille auprès des responsables chargés de l’application de cet accord en leur demandant :
- de favoriser un réel recensement de la population, sur la base d’une méthode ayant obtenu l’adhésion de la majorité ;
- l’établissement des cartes infalsifiables d’électeurs ;
- la mise en place des conditions nécessaires pour réaliser le recensement des Togolais de l’extérieur afin d’organiser leur vote dans les mêmes conditions qu’au pays.

Le droit d’espérer

Pour le peuple togolais aussi, la fin de cette longue quête de liberté doit maintenant arriver et au plus vite ! C’est pourquoi le MDTE a toujours appelé tous les Togolais de la diaspora, où qu’ils se trouvent, quelles que soient leurs situations, à œuvrer inlassablement pour la conquête de la dignité humaine en général, l’instauration d’un Etat de droit et la promotion du progrès social au Togo.

A vous, Togolaises et Togolais vivant sur la terre de nos aïeux, otages involontaires du système politique au Togo, ne perdez pas courage dans votre combat pour l’amélioration de votre condition de vie, et contre les pratiques claniques et mafieuses qui espèrent vous maintenir dans la dictature de la misère. Vous avez raison d’espérer le soutien, l’aide et l’assistance de vos frères et sœurs de la diaspora à travers le monde.

A nous, Togolaises et Togolais de la diaspora, exilés volontaires ou de force à travers le monde, puissions-nous prendre conscience de l’exigence et de l’urgence de notre devoir de soutenir nos frères et soeurs, gardiens de fait de notre patrimoine commun, afin de conforter leur capacité à résister à toute forme d’arbitraire, d’injustice et d’oppression.

Togolais de l’intérieur, Togolais de l’extérieur, nous avons le même combat pour notre Togo, ne faisons pas le jeu de ceux qui ont voulu toujours nous opposer pour maintenir leurs privilèges et leurs biens.

C’est pour cette raison et au nom de l’intérêt supérieur de la nation que le MDTE lance un appel à toutes les Togolaises et Tous les togolais qui le peuvent et qui le veulent, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora, à mettre en synergie leur force, leurs énergies, leurs talents, leurs savoir-faire, leurs compétences, pour faire du Togo, un Etat de droit, respectueux de la Dignité de l’Homme et promoteur du Progrès social pour tous.

A la Jeunesse :

A vous, militants de la J.U.D.A !
A tous les jeunes du TOGO comme, à ceux de toute l’Afrique !
Conscient qu’un pays qui sacrifie sa jeunesse, hypothèque lourdement l’avenir de sa population, le MDTE souhaite continuer à se battre à vos côtés car votre lutte exemplaire pour votre avenir est également, à plusieurs égards, une lutte pour l’avenir de chacun de nos pays.
Plein succès à vos travaux de cette journée du 10 février 2007

Fait à Lille, le 05 février 2007
Pour le Mouvement Citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe,
L’ Administrateur Délégué,
Dr Martin AMOUZOU

lundi 15 janvier 2007

Appel à la réouverture immédiate et sans condition de la Radio Victoire.

COMMUNIQUE

Par sa décision N° 001/HAAC/07/P du 09 janvier 2007, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication a porté à la connaissance de la Radio Victoire la suspension de son autorisation d’installation et d’exploitation pour une période de 15 jours.

LES FAITS

Au motif de sa décision, la HAAC reproche à la Radio Victoire son « attitude récidiviste après plusieurs recommandations et avertissements portant sur des manquements professionnels relevés dans la diffusion de l’émission Fou de Foot ».

En effet, suite à un numéro de l’émission « Fou de Foot » co-animée par l’équipe sportive de la rédaction de la radio avec le journaliste franco-camerounais, Jacques Roux, la HAAC a verbalement intimé l’ordre à la direction de ne plus faire intervenir ce dernier sur les antennes de la Radio Victoire.

La Radio, par courrier datée du 22 décembre 2006, demanda à la HAAC la notification par écrit de cette interdiction verbale et les motifs de ladite mesure. Aucune suite n’a été donnée à la requête de Victoire FM lorsque le 27 décembre 2006, par un courrier de la même date, la HAAC lui adressa un « ultime avertissement ». Victoire FM prend alors des dispositions pour interdire à Monsieur Roux son passage sur ses antennes en studio.

Le 08 janvier 2007, dans un numéro interactif de l’émission « Fou de Foot », Jacques Roux, comme tout intervenant, participa à l’émission par voie téléphonique.
Le lendemain 09 janvier 2007, la HAAC suspend la Radio Victoire pour 15 jours. Un silence total de 15 jours donc à la radio.

LA POSITION DE LA J.U.D.A

Au regard de tout ce qui précède, la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) dénonce avec la dernière énergie, la décision de la HAAC.

Cette décision donc est manifestement injuste, injustifiée et surtout disproportionnée vu les faits reprochés à la Radio Victoire. La HAAC aurait pu suspendre l’émission incriminée « Fou de Foot » au lieu de suspendre son autorisation d’installation et d’exploitation pour une période de 15 jours. C’est pour cette raison que la J.U.D.A estime que la décision de la HAAC est plutôt une opération de musellement de cette radio et par conséquent de l’ensemble de la presse au Togo.

La HAAC a pris un acte inacceptable à tout point de vue. En conséquence, la J.U.D.A demande à la HAAC, le retrait immédiat et sans condition de sa décision N°001/HAAC/07/P du 09 janvier 2007, portant suspension de l’autorisation d’installation et d’exploitation de la radio Victoire pour permettre à la radio de reprendre ses programmes.

Elle appelle la HAAC et son président, Monsieur Philippe EVEGNON, un journaliste ayant payé un lourd tribut pour la liberté d’expression et d’opinion au Togo, à se ressaisir et dire NON à des individus qui auraient l’intention de se servir d’eux comme instruments de répression et de musellement de la presse.

Enfin la J.U.D.A rappelle aux autorités togolaises que la presse libre est une richesse et s’activer à l’empêcher de diffuser toute opinion critique, c’est faire entorse à l’émergence même d’un Etat démocratique au Togo.

ACTIONS RECOMMANDEES

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) demande à tous les militants et organisations de défense des droits humains et des valeurs démocratiques de se mobiliser pour obtenir le retrait de la décision de la HAAC précitée.

Veuillez envoyer vos appels et textes à l’adresse mentionnée ci-dessous,

- protestant contre la fermeture de radio Victoire qui constitue une restriction inacceptable et disproportionnée à la liberté d’expression garantie notamment par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples ;

- demandant la réouverture immédiate et sans condition de Victoire FM ;

- demandant à la HAAC de laisser la presse jouer son rôle librement pour que la démocratie tant souhaitée par le peuple, se construise au Togo.

Adresse de la HAAC
BP : 8697, Lomé
Tél/Fax : +228 250 16 78
Cel : +228 903 45 90

Fait à Lomé, le 15 janvier 2007

Pour la J.U.D.A

Le Secrétaire Général,
Rodrigue KPOGLI